G.H.C. Bulletin 81 : Avril 1996 Page 1582
Les Saintois au XVIIe siècle
Nous retrouvons des traces de ces attaques dans le recen-
sement de 1698. Les indigoteries et l'une des deux églises
ont été détruites et ne sont pas encore reconstruites.
L'année suivante l'île comprend deux églises et 3 des 5
indigoteries ont été rebâties (17).
Bien que les Saintois soient 6 fois plus nombreux en
cette fin de siècle qu'en 1671, la progression a été
différente pour les trois populations qu'il nous faut
étudier séparément.
La population blanche
Entre 1671 et 1682, le nombre d'adultes sera sensi-
blement le même. Le nombre d'hommes va doubler dans les
quatre ans qui suivent pour rester constant durant la fin
du siècle. Les femmes resteront deux fois moins nombreuses
que les hommes jusqu'en 1687. A partir de cette date leur
nombre va croître régulièrement pour être plus nombreuses
que les hommes en 1699. Ce "déficit" de femmes s'explique
par l'immigration surtout masculine, et il faudra attendre
la première génération d'enfants nés aux Antilles pour
arriver à un relatif équilibre entre les deux sexes.
L'augmentation démographique des trente dernières années
est consécutive à un véritable "baby boom", grâce à
l'installation dans l'archipel de jeunes couples qui
auront 11 enfants en 1671, 4 fois plus en 1686, et 11 fois
plus en 1697.
Les esclaves
Représentant un Saintois sur cinq en 1671, ils seront
un peu plus de un sur quatre en 1699, passant de 10 à 88.
Ils resteront toujours très minoritaires dans ces îles de
petites exploitations vivrières.
La population des gens de couleur libre
Ils sont très minoritaires avec un seul individu en
1671, atteignant un habitant sur 6 en 1697 avec 49
personnes qui quittèrent l'archipel progressivement pour
n'être plus que 24 en 1699.
Comme pour la population blanche, les enfants sont
fortement représentés étant deux fois plus nombreux que
leurs aînés en 1699. A travers les registres paroissiaux,
aucun élément ne nous permet de distinguer cette popu-
lation du reste des Saintois.
Origines de la population masculine (18)
Sur 58 hommes habitants aux Saintes dans le dernier
quart du siècle:
- 13 ont une origine inconnue.
- 12 sont d'origines métropolitaines sans autres préci-
sions.
- 17 ont une origine connue en France:
Saumur, Nantes, Fontenay le Comte, La Rochelle, Rennes,
Bordeaux, Calais, Paris , deux de Dieppe. Pour les 6
restants nous ne connaissons que la région : Normandie,
Provence, Picardie, Anjou, Bretagne et Lorraine.
- 3 ont une origine hollandaise dont un d'Amsterdam
- 1 vient d'Irlande
- 12 sont créoles: 2 de Saint Christophe
3 de la Guadeloupe sans lieu précis
1 de Marie Galante
2 de Vieux Fort
et 4 des Saintes
Seulement 12 hommes sur 46 sont créoles, l'immigration
européenne est importante et la colonisation est récente.
Les créoles sont encore des enfants, ils atteindront l'âge
de se marier à partir du début du siècle suivant, et leur
proportion s'inversera alors. Dans les 20 premières années
du XVIII° siècle, il y a eu 50 mariés à Terre de Bas dont
seulement 16 sont d'origine européenne et 24 sont des
créoles, presque tous des Saintes.
Origines de la population féminine
Sur les 48 saintoises:
- 12 ont une origine inconnue.
- 3 sont européennes: Flessingue, Beaugé en Anjou et
Honfleur
- 2 sont natives du Brésil
- 31 sont créoles: 11 des Saintes
5 aux Trois Rivières
5 de la Guadeloupe sans lieu précis
4 du Vieux Fort
1 du Baillif
1 de La Capesterre
1 de Basse Terre
et 3 de Saint Christophe
Contrairement aux hommes, la très large majorité d'entre
elles (31 sur 35) sont antillaises, deux sont brésiliennes
et seulementtrois sont métropolitaines.
L'économie saintoise au XVIIe
Avant la colonisation de l'archipel, d'après le R.P. du
Tertre, les Caraïbes cultivaient quelques "jardins à
coton" et les habitants de la Guadeloupe venaient aux
Saintes pour chasser la tortue et le tuërou (19).
Il faudra, encore une fois, attendre le recensement de
1671, 19 ans après l'arrivée des premiers colons, pour
connaître l'état de l'agriculture saintoise qui était des
plus déplorables. La terre y était alors fort ingrate.
Les habitants y faisaient quelques vivres tel que pois,
manioc, patates et un peu de pétun. Mais ces dernières
sont loin de suffire à satisfaire les besoins des colons
encore peu nombreux, puisqu'ils ne sont que 54. Un essai
de plantation de cannes à sucre avait été fait sur Terre
de Bas mais avait échoué "à cause des rats". L'élevage
n'est représenté que par "quelques cabrits en très petite
quantité". La pêche a déjà pris une place importante (5).
Trente ans plus tard, le Père Labat (20) nous fait une
description complètement opposée. Cette différence
s'explique par la mise en valeur de la terre par une
population six fois plus nombreuse et majoritairement
décidée à rester dans l'île contrairement à 1671.
"Les deux îles ont de bonnes terres dans les revers des
mornes et dans les fonds, les sommets quoique pierreux
sont couverts de bois". Les cultures sont toujours repré-
sentées par les vivres avec le manioc, les patates, les
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