G.H.C. Bulletin 80 : Mars 1996 Page 1567
L'amiral DU CASSE, l'élévation d'un Gascon sous Louis XIV
Philippe Hrodej
(cf GHC p. 1495)
Ce titre peut surprendre, le terme d'élévation
paraître exagéré, exubérant même si l'on ajoute que ce
personnage a été l'un des plus grands marins du Roi Soleil
(peut-être le plus grand !). En effet, notre siècle a
gravement méconnu DU CASSE. A ne voir figurer son nom dans
aucune des grandes batailles navales de la fin du XVIIème
siècle, qui sont d'ailleurs autant de défaites ou de
victoires en trompe-l'oeil, l'on s'est contenté de l'éti-
queter comme chef de flibustiers en appoint des marins
français du baron de POINTIS lors de la prise de
Carthagène des Indes (1697) ou encore comme convoyeur de
fonds durant la guerre de Succession d'Espagne. Le proto-
cole est réducteur et se démarque singulièrement du
souvenir laissé par l'amiral parmi ses contemporains; ce
Béarnais, né probablement à Pau vers... 1650, est, dès
l'origine, victime d'un malentendu volontairement déposé
par son biographe et parent, le prétendu baron DUCASSE,
sous la forme d'un acte de naissance selon lequel il
aurait vu le jour à Saubusse en 1646, aurait été baptisé
selon la vraie Religion et non la Prétendue Réformée.
L'objet n'est pas de retracer les grandes lignes de
ce destin atypique mais de souligner l'extrême variété des
fonctions et des talents de ce personnage dont le
parcours, comme le rappelait monsieur André Lespagnol, a
été un sans-faute presque parfait. Sa seule erreur, qu'on
ne peut d'évidence lui imputer, aura été de mourir trop
tôt.
DU CASSE est avant tout un excellent navigateur, l'un
des rares officiers généraux de son époque à maîtriser les
sciences nautiques. Son expérience s'étend sur l'ensemble
du théâtre atlantique, c'est à dire qu'en plus des
bordures européennes, ses connaissances des côtes afri-
caines et américaines lui permettent de trancher en
maître. Chaque traversée augmente le crédit dont il
dispose de la part du Roi Soleil qui se borne à lui
laisser carte blanche. DU CASSE trace la route des
galions; lui-même échappe à huit escadres anglaises.
Marin, DU CASSE est aussi un chef de guerre et le
montre au Sénégal (1678), à Saint-Christophe et Saint-
Martin (1690), à la Guadeloupe (1691), à la Jamaïque
(1694), à Carthagène (1697), lors de la bataille de
SAINTE-MARTHE (1702), où il tient en échec une escadre
anglaise commandée par l'amiral BENBOW, supérieure en
nombre, et enfin lors de Velez Malaga (1704) où son
vaisseau, l'Intrépide, donne l'exemple du feu le plus
nourri dans ce classique combat en ligne de file.
Le Béarnais se montre habile tacticien. Par deux
fois, il ramène en Espagne un convoi d'argent qui permet
aux Bourbon de se maintenir sur le trône madrilène, de
conserver leur empire américain et de continuer la guerre.
Les différentes missions dont il s'est chargé outre-
Pyrénées - la signature de l'Asiento n'est que la plus
connue des affaires négociées - en font un diplomate de
premier ordre qui a gagné la confiance de leurs Majestés
Catholiques. Philippe V saura montrer sa reconnaissance en
décorant son capitaine général de la Toison d'Or, insigne
honneur que peu d'Espagnols songeront à lui contester.
Il est, dans le cadre d'une société de généalogie
antillaise, intéressant de revenir à l'aspect colonial de
la carrière de l'amiral : longue parenthèse de dix années
(1691-1700). Son gouvernement à Saint-Domingue se révèle
déterminant dans l'histoire de la Partie française. Après
OGERON, c'est DU CASSE qui place la colonie sur les rails
de la prospérité du siècle suivant. A son arrivée, il la
trouve moribonde, dépeuplée notamment de ses forces vives,
les flibustiers, en proie à des dissensions qui menacent
de tourner à la révolte. Les Espagnols viennent de ravager
les quartiers du Nord, se promettent de revenir achever la
tâche: les Anglais, depuis la Jamaïque, désirent
s'attaquer aux quartiers de l'Ouest et s'y établir.
DU CASSE va utiliser la guerre, quand même Versailles
cultiverait la parcimonie. Autoritaire mais juste, ses
vues politiques sont ambitieuses mais réalistes.
Comprenant qu'il ne peut pousser la conquête au reste de
l'île, il poursuit avec ténacité son action dans deux
domaines : le commerce interdit avec l'Amérique espagnole,
la mise en place de la culture de la canne à sucre. Les
Frères de la Côte sont l'instrument de son calcul. Ils
ouvrent à nouveau les voies de l'interlope, raflent à la
Jamaïque ou troquent à Saint-Thomas la main d'oeuvre
servile. L'expédition réalisée contre la "Petite Guinée"
anglaise a pour but de ramener à Saint-Domingue le
matériel de sucrerie; Carthagène fournira les fonds; les
colons de St-Christophe et de Ste-Croix, l'expérience.
Il faudrait, en définitive, rappeler que DU CASSE a
su allier à sa carrière maritime une réussite extraor-
dinaire sur le plan financier et social, sanctionnée par
une alliance avec les ROYE de LA ROCHEFOUCAULD et donc
avec la famille ministérielle des PONTCHARTRAIN. Ce
destin, hors des sentiers battus, est unique sous l'Ancien
Régime; malgré l'éparpillement des archives, la tâche du
biographe ne pouvait qu'être passionnante.
COOPÉRATION
de Pierre Jourdan : Les CELLON (p. 1543 : MACAREL)
Je relève le nom d'Anne MACAREL, épouse de Vincent
NORMANDIE. J'ai déjà rencontré ce patronyme en Normandie,
à Rouen (St-Sever), au début du XVIIIe siècle.
NDLR Pierre Jourdan nous envoie une généalogie MACAREL de
Rouen, que nous tenons à la disposition des personnes
intéressées. Les MACAREL de Guadeloupe sont issus de
Gilles, de Caen en Normandie, et Agnès DUBOIS, d'Abbeville
en Picardie, établis au Gosier.
de Pierre Jourdan : FOACHE (p. 1552, 69 AQ)
Je rappelle que Maisonneuve (maison d'édition qui existe
toujours, rue Victor Cousin, 75005 Paris) a édité il y a
45 ans un ouvrage en 2 volumes (épuisé, que je possède)
d'après les lettres de FOACHE.
NDLR Voir GHC p. 1390 "Délocalisation" : le fonds de la
Maison de commerce Foache a été transféré à Roubaix et non
à Aix !
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