G.H.C. Bulletin 79 : Février 1996 Page 1548

Les CELLON, d'Embrun (Hautes-Alpes) à la Guadeloupe :
les médecins, le héros et le bigame

                          Notes

(1) Ce n'est pas en 1754 mais  en  1759  que  les  Anglais
attaquèrent la Guadeloupe. Joseph Cellon  avait  alors  24
ans. Et l'ensemble  des  forces  de  la  Guadeloupe  était
estimée à 4.000 hommes dont 2.000 hommes  des  troupes  de
marine et 2.000 des habitants et de leurs esclaves (Lacour 
I p. 259-260). Donc si Cellon commandait  300  hommes  (et
non 3.000), c'est bien le maximum. Nous signalons que nous 
n'avons trouvé aucune mention de CELLON dans l'histoire de 
la Guadeloupe (et de la Désirade)  à  cette  époque,  mais
peut-être n'avons-nous pas suffisamment cherché. La Guade- 
loupe fut rendue à la France par le traité  de  Paris,  en
1763, quatre ans plus tard. On remarquera que, lors de son 
mariage à Grand-Bourg  en  1768,  Joseph  Cellon  est  dit
"capitaine de milice à la Martinique".
On peut se demander (mais ce  n'est  qu'une  hypothèse,  à
vérifier) si Joseph Cellon  n'a  pas  pris  à  son  compte
l'action éventuelle du beau-père de son frère cadet  Jean,
Noël Mercier, qui était capitaine d'artillerie  de  milice
et commandant du quartier... de Vieux-Fort ! 
Cependant il est à remarquer qu'en  1767,  au  mariage  de
Marie Thérèse Cellon, fille de Jean François le chirurgien 
de St-François, les témoins  sont  Joseph  Cellon,  cousin
germain de l'épouse, capitaine de milice à la  Martinique,
et  Toussaint  Boivin,  capitaine  de  milice  :  l'ancien
compagnon d'armes qui  chantait  les  louanges  de  Joseph
Cellon à St-François ?  Ce  Toussaint  Boivin,  né  à  St-
François en janvier 1726, avait près de dix  ans  de  plus
que  Joseph  Cellon;  en  1749,  il  avait  épousé   Marie
Catherine  Gaignard,  soeur  d'Elisabeth   Constance   qui
devait, en 1774, épouser Jacques  Cellon,  le  docteur  en
médecine frère de Joseph !

(2) Joseph Louis CELLON "du SERRE" a dû tirer son  nom  de
la toponymie des Hautes-Alpes (l'actuel lac de barrage  de
Serre-Ponçon commence à  Embrun).  Nous  sommes  perplexes
devant ce curé de Vieux-Fort,  prêtre  séculier  dans  une
lignée de carmes, qui n'a exercé  qu'un  an  et  disparaît
comme son frère après l'avoir (bien) marié...

(3) Qu'est devenu Jean CELLON "de BEAUVILLARD" (ce nom est 
celui d'un village à cinq km au sud d'Embrun) pendant  son
"absence" de près de vingt ans, entre son  mariage  guade-
loupéen et son mariage saint-germanois ? Ce second mariage 
a été facilité par le fait que  la  Guadeloupe  de  Victor
HUGUES était alors coupée de la métropole; en  outre,  une
bonne partie de la famille MERCIER de  Vieux-Fort,  frères
et soeurs de la première (et seule "légitime")  épouse  de
Jean Cellon était en émigration, peut-être à la Dominique, 
même si elle-même ne figure pas sur les listes d'émigrés.

EN FEUILLETANT BULLETINS ET REVUES

     France Iles n° 22, septembre-novembre 1995, 12F
      en kiosque ou 3 ter bd de Charonne 75011 Paris
- "Fort de France, ville tropicale" 
- "Le roman de Cacao" (les Hmongs de Guyane)
- "Une grande dame de la musique, Moune de RIVEL.

Les colons et les secours extraordinaires
Michel A. Rateau

     Aux archives  départementales  des  Alpes  Maritimes,
dans la série M, se trouvent deux documents inhérents à la 
situation d'une famille de  colons  à  la  suite  de  leur
retour en France et ici, plus précisément, à Nice.

     Le  premier  document  est  une  demande  de  rensei-
gnements, émanant de la  préfecture  des  Alpes-Maritimes,
2ème division, adressée au commissaire central à Nice,  le
priant de "retourner, courrier par courrier,  la  présente
feuille, après l'avoir remplie en ce qui le  concerne"  en
donnant les "renseignements demandés le 25 novembre sur le 
sr VERCHèRE (Louis) et la dame CAPRA (Emilie), demeurant à 
Nice". Cette demande, taxée de la  mention  "Urgent",  est
datée du 15 Xbre (= décembre) 1876. 
     La  réponse,  manuscrite,  sur  le  même  formulaire,
imprimé, court comme suit :
"Le Sr Verchère, Louis, âgé de 35 ans, est  marié,  et  sa
femme a 32 ans. Il a 3 enfants dont l'aîné  a  atteint  sa
onzième année. La femme Verchère est encore enceinte en ce 
moment. Il exerce la profession de teneur de livres et n'a 
pas d'autres moyens d'existence  que  le  produit  de  son
travail. Il a deux tantes qui habitent St Laurent  du  Var
et qui se trouvent dans  une  position  peu  aisée.  L'une
d'elles aide cependant aux époux  Verchère  à  payer  leur
loyer.
On dit qu'il a un oncle qui  est  colonel  d'artillerie  à
Tarbes, mais il n'a aucune relation avec lui.
La née (= nommée) Capra,  Emilie,  a  quitté  le  logement
qu'elle occupait rue Delille 18, au 2e,  il  y  a  environ
trois mois et toutes les recherches faites par  la  police
pour retrouver ses traces sont demeurées  jusqu'à  présent
infructueuses."

     Le  second  document,  une  "Liste  des  colons   qui
reçoivent seulement des secours extraordinaires", en "Exé- 
cution de la  circulaire  du  21  novembre  1876",  a  été
certifié à Nice le 19 décembre 1876. Il est présenté  sous
la  forme  d'un  tableau  rassemblant   les   informations
suivantes :
1 Verchère (Louis), à Nice (la suite reprend mot pour  mot
les renseignements ci-dessus)
2 Capra (Emilie), à Nice (même remarque)
3 Verchère (Anne), à St Laurent du Var
4 Verchère (Hortense), id  
     Pour ces deux dernières, il est écrit  :  "Elles  ont
vécu  jusqu'à  présent  du  produit  de  leur  travail  en
tricotant des bas mais leur vue s'est affaiblie  et  elles
ne peuvent plus rien faire.  Elles  possèdent  une  petite
terre grevée  d'hypothèques  dont  le  produit  est  insi-
gnifiant. Elles sont par conséquent dans une grande gêne."

NDLR Sur les secours aux colons, on lira le bulletin 33-34 
de la Société d'histoire  de  la  Guadeloupe  (1977)  "Les
réfugiés et les déportés des Antilles  à  Nantes  sous  la
Révolution" de Marcel Grandière ainsi que la conférence de 
Bernadette Rossignol dans les  Actes  du  12e  Congrès  de
généalogie à Vichy (1993) "Les réfugiés  des  Antilles  en
France". 
Ce qui est intéressant dans ces pièces trouvées par Michel 
Rateau, c'est la date extrêmement tardive : qui connaît la 
"circulaire du 21 novembre 1876" ? 


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Révision 28/12/2004