G.H.C. Bulletin 79 : Février 1996 Page 1546
Les CELLON, d'Embrun (Hautes-Alpes) à la Guadeloupe :
les médecins, le héros et le bigame
(C) "Il est un trait dont n'a pas parlé Mr DONGEOIS, c'est
celui d'avoir désarmé une compagnie d'artillerie qui
voulait faire une révolte à Embrun. Les armes étaient déjà
levés sur M. Cellon et, sans se décourager, il ordonna à
la gendarmerie de fondre sur la troupe et de saisir les
mutins, ce qui s'exécuta sans effusion de sang. Ces
derniers furent mis en prison et la compagnie entière fut
obligée d'aller chercher logement ailleurs. On ne se
rappelle pas de l'époque de ce fait; il paraît qu'il a eu
lieu pendant les orages de la Révolution et surtout dans
les commencements."
(A) "Le fils aîné, fruit de cette union, était la prin-
cipale consolation du père : il le faisait élever avec
soin auprès de lui. mais, à peine âgé de vingt ans, au
moment où les puissances de l'Europe se liguaient contre
la France, il se fit un devoir de voler à la défense de la
patrie. Il part et les larmes d'un père sensible se mêlent
à celles du citoyen vertueux dont le civisme applaudit en
tout à ce noble enthousiasme. Une mort glorieuse termina
dans les combats la vie de cet enfant chéri. Le père
trouve sa consolation dans ceux qui lui restent; il
emploie ses soins et sa fortune à leur procurer une édu-
cation et un établissement."
(B) "Il eut plusieurs enfants de son mariage, dont un seul
a survécu et ce malheureux jeune homme, l'espoir et
l'amour de son père, a péri sur le Rhin en défendant la
patrie contre l'invasion des ennemis de la France. M.
Cellon, alors, d'après les lois, adopta trois autres
enfants qui restaient à Embrun sans fortune; il les fit
élever. Il a marié la fille aînée; le fils, à l'âge de
vingt ans en l'an douze, tomba à la circonscription (sic,
pour conscription); son père adoptif lui acheta un homme
pour le remplacer, nommé Charles JULIEN, de Chorges,
lequel sert dans le 22e des dragons. Peu de temps après,
M. Cellon fit entrer son fils adoptif nommé COMMISSEAU
CELLON, dans les vélites de la garde où le jeune homme,
par sa bonne conduite, a été nommé caporal. Il a fait le
voyage de Naples et la campagne d'Austerlitz. C'est pour
ce jeune homme et pour une soeur qui lui reste non mariée
que l'on sollicite les bontés du gouvernement."
(A) "La voix publique l'appelait aux fonctions honorables
de maire; elles lui furent d'abord déférées par le voeu de
ses concitoyens et conservées ensuite par Monsieur le
préfet du département. Elles ne furent jamais remplies
avec plus de zèle, avec plus d'intégrité.
Observateur exact des lois, il prêchait par son exemple le
respect qui leur est dû. Généreux avec ses amis, prodigue
envers les pauvres, bon avec les malheureux, ferme et
austère avec les infracteurs de l'ordre et des lois mais
juste avec tous, il faisait respecter l'autorité en
commandant l'obéissance par la persuasion.
Un canal d'arrosage construit, une juste répartition des
charges, une économie rigide dans l'administration des
revenus de la ville, l'embellissement d'une des princi-
pales rues et de l'hôtel de ville, la police rétablie par
sa vigilance dans les marchés et dans tous les endroits
publics sont des monuments qui garantissent la pureté de
ses intentions et la preuve qu'il possédait à un degré
éminent les qualités d'un excellent administrateur.
Il a poussé peut-être trop loin, pour l'intérêt des
enfants qui lui survivent, la générosité, mais il est si
beau de pécher par un excès de bonté et de bienfaisance.
Il emporte au tombeau les regrets de tous ses concitoyens
et il laisse essentiellement après lui des exemples à
suivre et des vertus à imiter.
Embrun, le 6 juin 1806, le second de l'Empire
Dongois, maire
Je propose de mettre sur son tombeau l'inscription
suivante :
Hic jacet D. Joseph Cellon, politicus ebroduni
perfectus, obiit Die februarii 1806 anno imperii secundo,
optimum civis, lugite civium" (sic).
8.8 Jean (Joseph ou Louis) Auguste CELLON de BEAUVILLARD
Le 1O février 1777, à Vieux-Fort l'Olive, Jean
Auguste CELLON de BEAUVILLARD, âgé de 31 ans, officier au
régiment de Forest, natif d'Embrun en Dauphiné paroisse
St-Vincent, fils de feu Louis Cellon, docteur en médecine,
et de dame Catherine DESLAMBERT (sic), épouse Anne
Marguerite Désirée MERCIER, âgée de 21 ans, l'aînée des
neuf ou dix enfants de Noël MERCIER, capitaine d'artil-
lerie de milice et commandant du quartier de Vieux-Fort,
et de Marie Marguerite MICHAUX. Encore deux vieilles
familles de Guadeloupe. Noël Mercier était l'arrière-
petit-fils de l'arpenteur royal et Marie Marguerite la
petite-fille de Pierre MICHAUX, concierge des prisons
royales à Mont-Carmel à la fin du XVIIe siècle. Le curé
signe J.L CELLON du SERRE, prêtre et curé.
Le contrat de mariage est passé le même jour devant
Me Chuche, notaire à Basse-Terre, qui est venu chez la
dame veuve Mercier, aïeule de la future épouse, à Vieux-
Fort.
Les biens de la future s'élèvent à 3.640 livres, dont
2.640 en espèces d'or et d'argent et 1.000 en divers
bestiaux, "le tout lui appartenant comme lui provenant de
ses épargnes", plus sa dot de 3.3OO livres, en avancement
d'hoirie, payées en or, argent et monnaie, 600 livres en
or, don de sa tante, demoiselle Anne Mercier, 1.5OO livres
en argent don de son oncle (et parrain) Jean Baptiste
Mercier, 1.200 livres (payables dans le courant de
l'année), don de Jean Baptiste Lorger, beau-frère de son
père Noël Mercier, soit en tout 10.300 livres. Son futur
époux lui donne en douaire 4.000 livres.
Du côté de l'épouse, toute la famille est là, et elle
est nombreuse, parents, aïeule paternelle, oncles et
tantes, cousins germains et issus de germain.
Le témoin de l'époux est... Joseph Louis CELLON DU
SERRE, "chanoine aux honneurs de la cathédrale d'Embrun,
desservant la cure de Vieux-Fort, son frère" ! C'est le
septième enfant de l'apothicaire d'Embrun; encore un qui a
choisi "les isles" ! Sur le registre de Vieux-Fort, l'acte
qui suit le mariage du 10 février 1777 est du 30 mars,
plus d'un mois et demi après, et le nouveau curé est André
Cortin Dupont Prieur. J.L. CELLON du SERRE officiait comme
"prêtre et curé" à Vieux-Fort depuis le 18 mars 1776,
moins d'un an avant le mariage de son frère, succédant à
une longue série de religieux carmes (2).
Et puis... Jean Auguste CELLON de BEAUVILLARD part
pour la France et ne donne plus de nouvelles à son épouse.
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Révision 28/12/2004