G.H.C. Bulletin 78 : Janvier 1996 Page 1516

Topographie et toponymie Willy Alante-Lima

     Les Marie-Galantais disent généralement :  "Tous  les
Guadeloupéens sont de souche Marie-Galantaise" ("Racines", 
jadis, n'était pas à la mode...).
     Je crois bien que GHC leur donnerait raison  car,  au
fil des pages, je  relève  nombre  de  patronymes,  toutes
ethnies confondues, qui ont eu pour berceau cette île,  ou
des étrangers qui y ont fait souche pour essaimer vers  le
"continent" (la Guadeloupe) ou la Caraïbe en général.
    A cet égard, une simple  carte  de  Marie-Galante  est
édifiante.
     Les LACAZE, BONNEVAL,  de  RETZ,  LESPINE  (prononcer
Lessepine),   BASTARAUD,   BÉZARD,   SARAGOT    (prononcer
Saragote), BELMOND, LACAVÉ, DESRUISSEAU, CAILLE,  DESHAIE,
de CLOSMADEUC nous sont noms familiers.

     Illustrons  topographiquement  et  anecdotiquement  :
notre grand-père évoquait  souvent  un  dialogue  plaisant
entre un monsieur LACAZE et un  certain  LARNEY.  BONNEVAL
est un lieudit à deux ou trois kilomètres  de  Grand-Bourg
où se trouve encore la  tour  d'un  moulin  du  même  nom.
Décédée à Paris il y a quelques années,  Yvonne  de  RETZ,
fille d'Amédée de RETZ, le plus  grand  des  propriétaires
fonciers, a souhaité d'être ensevelie dans le cimetière de 
Grand-Bourg. LESPINE est, de nos jours encore,  un lieudit 
situé au sud de l'île. BASTARAUD  est  une  famille  noire
importante, originaire  de  Capesterre  de  Marie-Galante,
dont de nombreux représentants sont encore  vivants  (deux
frères, dont l'un  est  professeur  l'autre  chirurgien  à
l'hôpital général de Pointe-à-Pitre, ayant fait ses études 
à Tours).  BÉZARD,  nom  de  propriété,  a  appartenu,  je
crois bien, à la famille JACOTIN. SARAGOT est au  nord-est
et a donné son nom à un cap : Pointe Saragot.  BELMON  est
un nom qui a défrayé la chronique judiciaire au  début  du
siècle : l'un d'eux  a  été  mortellement  blessé  par  un
RAMEAU, descendant du citoyen RAMEAU, le chef d'expédition 
délégué par Victor HUGUES  pour  conquérir  Marie-Galante.
Décédé il y a peu d'années, LACAVÉ, originaire  de  Saint-
Louis,   fut   longtemps   pharmacien-maire,   d'obédience
communiste, de la  commune  de  Capesterre  de  Guadeloupe
qu'il a régénérée. DESRUISSEAU, autre  nom  de  propriété,
devenu lieudit, se situe à l'ouest.

     Il semblerait qu'il y ait eu  une  famille  CAILLE  à
Marie-Galante ou à  Pointe-à-Pitre.  A  propos  de  COGNET
(prononcer  Cognette),  j'ai  en  mémoire   une   répartie
concernant ce nom. Lorsque,  enfant,  notre  père  voulait
nous signifier son refus, il nous répondait :  "Il  n'y  a
rien chez Cognette". Ce COGNET était-il  un  avare  ou  un
homme dépourvu de tout  ?  L'explication  m'en  avait  été
donnée, mais je l'ai oubliée ! Je ne pouvais alors  penser
qu'un  jour  j'aurais  à  me  pencher  sur  une  revue  de
généalogie...
    J'ai connu un représentant de la famille de CLOSMADEUC 
(GHC p. 1.080) à Marie-Galante, mais étranger  à  l'île  :
Carlos de CLOSMADEUC. Était-ce son vrai prénom ? Car à  la
Guadeloupe, comme on  sait,  le  surnom  est  une  seconde
nature...
     DESHAIES (GHC 94-85) : un DESHAYES est au nombre  des
douze membres fondateurs de la République indépendante  de
Marie-Galante. Voici une note  donnée  par  Raphaël  Bogat
dans son essai "Marie-Galante, colonie  indépendante  sous
la Révolution", faisant allusion à  ce  "parlementaire"  :
"Descendant de ce Robert DESHAYES (ou d'ESHAYES ou  encore
DES HAYES), natif de Honfleur,  qui,  anobli  par  lettres
patentes de septembre 1774,  fut  envoyé  à  Londres  pour
défendre les  intérêts  de  la  Guadeloupe  au  moment  où
s'élaborait le traité de 1763 et demeura jusqu'à sa  mort,
survenue à Paris,  député  de  la  Colonie  au  Bureau  du
Commerce. Une commune de Guadeloupe porte son nom".

    Ne sont-ce pas ces glissements  orthographiques  patro-
nymiques qui induisent en erreur ?
    Soyons précis à présent, en apportant un renseignement 
qui peut être utile (GHC 91-150 p. 1021). Au cimetière  de
Grand-Bourg (Marie-Galante) il y aurait  trois  sépultures
des BOURJAC (J'en ai découvert deux en juin  dernier,  mon
guide m'ayant manqué pour la troisième). La première porte 
l'inscription BOURJAC, SAINTE-ROSE : deux familles,  proba-
blement. La seconde, aux grilles délabrées, est celle d'un 
enfant. On y lit l'épitaphe ci-après :  "Ici  repose  Rose
Marie BOURJAC, ange chéri monté au ciel le 14 avril 1886 à 
l'âge de 20 mois".
     Au début du siècle, la distillerie Bielle, presque au 
centre de l'île, aurait appartenu  à  un  BOURJAC  que  ma
mère,  enfant,  m'a dit avoir connu.  A  ce  qui  m'a  été
dit le fameux photographe guadeloupéen du début du  siècle
à Basse-Terre s'appellerait CATAN-BOURJAC, mais il signait 
CATAN.

     Après ce  petit  tour  d'horizon,  j'espère  que  les
lecteurs sérieux de la revue ne me taxeront pas  de généa-
logiste anecdotique.

P.S. Un béké martiniquais a dit à mon frère  que  beaucoup
de familles blanches martiniquaises sont d'origine  marie-
galantaise. A voir !...

COOPÉRATION

de Raymond Bruneau-Latouche : GRENON à St-Domingue 
(pp. 1256 et 1279)

     Jeanne DOYEN, veuve de Joseph GRENON de LA  MAHOTIèRE
(III 6), créole de Cavaillon, qu'elle avait épousé  le  12
décembre 1776, se  remaria  en  l'église  St-Christoly  de
Bordeaux, le  23  décembre  1783,  avec  Jacques  Philippe
(MERCIER) de GERCY, lequel  aurait  été  fils  naturel  de
Louis XV mais pourrait être un  fils  naturel  d'un  GERCY
receveur des fermes à Toulouse; il échappa  de  peu  à  la
guillotine.
      Jeanne Agnès  Gilberte  (ses  vrais  prénoms)  DOYEN
était fille de Louis Marcel, procureur en la cour  du  Cap
Français (+ 9 6 1759) et  d'Angélique  Madeleine  BAMEYRAC
(remariée avec Jean Pierre AUDEBART).   
     De son second mariage, Jeanne DOYEN  eut  une  fille,
Angélique  Madeleine  de  GERCY,  qui  épousa   Louis   de
GOBINEAU, d'où Arthur de GOBINEAU, l'écrivain, auteur  des
"Pléïades", lequel épousa Clémence MONNEROT, créole de  la
Martinique.

Source : "Jacques Philippe de Gercy, dernier directeur des 
fermes du Roi à Bordeaux   .  d'Anglade,  in  Revue  histo-
rique de Bordeaux n° 3, juillet-septembre 1954


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Révision 28/12/2004