G.H.C. Bulletin 75 : Octobre 1995 Page 1443
COOPÉRATION
de Léo Elisabeth : LEGRAIN de RICHEMONT (p. 1410-1413)
Je vous remercie pour cette généalogie car, jusqu'ici,
nous ne connaissions que RICHEMONT, dit parfois de
RICHEMONT. Les détails publiés m'ont permis de faire le
rapprochement, dans D/2c/72, avec Jacques François de
RICHMOND, né à Alençon, en Normandie, en 1749, gendarme du
roi le 2 juin 1769, etc.
L'important pour l'histoire de la Martinique, c'est
qu'il a été tué à Saint-Pierre, le jeudi 3 juin 1790,
après la procession de la Fête-Dieu, au cours des
massacres perpétrés par des révolutionnaires contre des
gens de couleur libres et les capitaines de milice qui
avaient osé soutenir leurs prétentions égalitaires.
Selon Pierre-François-Régis Dessalles, dans l'"Histo-
rique des troubles survenus à la Martinique pendant la
Révolution" (Soc. Hist. Mque, 1982), et l'intendant
FOULLON d'ECOTIER, dans sa correspondance, FOURNIER et
DUFAU auraient soutenu les mulâtres avec ardeur. RICHEMONT
aurait été plus discret mais, par malheur pour lui, sa
compagnie était de garde au fort ce jour-là. Pour le
gouverneur DAMAS, qui était au Fort-Royal, il aurait été
haché à coup de sabre en sortant de l'Hôtel de ville où il
venait de parler en faveur des mulâtres. Les affirmations
des révolutionnaires semblent plus sûres : après avoir
refusé d'ouvrir la porte du fort aux émeutiers, RICHEMONT
aurait réussi à s'enfuir. DESSALLES, qui a dirigé
l'enquête contre ceux qui avaient été massacrés ou arrêtés
pour un prétendu complot, le dit trouvé dans une maison
voisine et assassiné de trois coups de fusil. La municipa-
lité de Saint-Pierre le dit fusillé après avoir été trouvé
dans une futaille chez un mulâtre. FOULLON d'ECOTIER,
installé à St-Pierre, mentionne une barrique. Pour
l'historien Sidney DANEY, trouvé chez un marchand
graissier, il est sabré puis pendu. Or seul DUFAU aurait
été pendu.
Quoi qu'il en soit, puisqu'il a conservé son grade dans
la milice citoyenne, nous l'ajoutons à la liste des nobles
ralliés à la révolution, comme DESSALLES, THOMAZEAU (maire
de St-Pierre), CHATEAUGUÉ (commandant de la noblesse),
etc. RICHEMONT a été victime de ses amis révolutionnaires
pour avoir prématurément cru, ou laissé croire, que les
idéaux de la révolution pouvaient s'appliquer à ses
miliciens de couleur. Ce qui sera possible à la fin de
1792 n'était pas encore tolérable.
NDLR On comprend mieux que son fils Guillaume (seul des
cinq enfants arrivé à l'âge d'homme) se soit établi à la
Guadeloupe, même si c'est à St-Pierre qu'il avait épousé
une TITECA, qui faisait partie des Guadeloupéens roya-
listes réfugiés en Martinique pendant la Révolution et
dont les biens se trouvaient à Ste-Anne. C'est aussi sans
doute son installation à la Guadeloupe qui a fait que sa
tante religieuse à Alençon ait perdu sa trace à St-Pierre
après 1803. On peut supposer aussi que si, après son
mariage, ce fils est connu en Guadeloupe sous le nom de
CHAMPOMONT au lieu de RICHEMONT, c'est parce qu'il avait
appris le décès de son oncle René Jean François LEGRAIN de
CHAMPAUMONT, frère aîné de son père Jacques François
LEGRAIN de RICHEMONT, et qu'il avait relevé ce nom de
branche aînée. L'oncle passé à St-Domingue en 1781 y est
donc probablement mort avant 1804.
Cimetières d'habitation à Saint-Martin
Henri et Denise Parisis
Pour que chacun ait une pensée pour l'île de Saint-Martin,
martyrisée récemment par l'ouragan Luis, nous évoquerons
des cimetières de cette île. Existent-ils encore ?
Habitations "Morne Fortuné" et "Saint-Jean"
(cimetière à l'abandon)
- To the memory of Sebastian Chevalier de DURAT, born in
the province of Auvergne in France on the 14th of April
1757, died here on the 9th of May 1814, and Anne DESMONT,
his wife, who died 16 october 1841
(Sebastien de DURAT avait été commandant de Saint-
Martin depuis 1785; il avait épousé Ann DESMONTS, veuve en
premières noces de Johannis Zimmon DONCKER, en 1789.
Celle-ci, née en 1762, fille de John DESMONTS et de
Rebecca GUMBS, originaire d'Anguilla, fut la véritable
propriétaire des habitations, eut au moins 8 enfants des
deux lits et vécut 79 ans).
- John Dts. Z. DONCKER, died 20 7ber 1808 AE (aged) 10m 4d
(Enfant d'Abraham DONCKER, fils aîné du premier lit
d'Anne DESMONTS).
- Sacred to the memory of Louisa de DURAT, beloved wife of
John Sebastian de DURAT, who departed this life on the
13th day of July 1820, aged 17 years 5 months 11 days
(Il s'agit de Louisa MAILLARD, fille de Samuel; les
Maillard comme les Desmonts étaient d'origine française
prostestante).
- Sacred to the memory of Mrs M.I.M. de DURAT, wife of
P.O. REILLY, esq., who was born January 8th 1793, died
October 27th 1832
(C'est Marie Jeanne Magdeleine de DURAT épouse de
Philippe O'REILLY, famille d'origine irlandaise installée
depuis longtemps à Saint-Eustache).
Les autres tombes sont brisées et on peut lire (texte
rédigé en anglais, comme les autres) :
- Ana Charlotte DURAT, épouse de Hugh EDWARD, décédée le
25 février 1823, âgée de 25 ans, 6 mois et 26 jours
(Elle résidait habituellement à Antigua).
- Abraham Z. DONCKER, décédé le 25 janvier 1832, âgé de 48
ans et 11 jours
- un bébé du couple O'REILLY - DURAT, mort à 2 ans en 1817
EN FEUILLETANT BULLETINS ET REVUES
Mondes et cultures
Comptes rendus trimestriels des séances de
l'Académie des Sciences d'Outre-Mer
tome LIII, 4, 1993, tome LIV, 1 1994
15 rue La Pérouse, 75116 Paris
Nous relevons, à la séance du 21 janvier 1994, la
transmission de présidence, pour l'exercice 1994, de
Pierre Gentil à Marie Antoinette Menier, première femme à
présider cette Académie, avec la présentation de son
action en faveur des archives d'Outre-Mer.
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Révision 23/12/2004