G.H.C. Bulletin 74 : Septembre 1995 Page 1410
Famille LEGRAIN DE RICHEMONT à la Martinique
Bernadette et Philippe Rossignol
Il y a plus de dix ans, nous avions étudié cette
famille, à la suite d'une demande faite par Jacqueline
Einsargueix qui nous avait communiqué un texte trouvé à
Alençon. Une question récente sur la même famille nous
ayant conduits à reprendre ce dossier de recherches, nous
en donnons ci après le détail. Les références d'actes
notariés ont été données par Eugène Bruneau-Latouche.
Récit de NN LE GRAIN CHAMPAUMONT,
religieuse à la Visitation d'Alençon
sans date ni signature
collection La Sicotière, ms 549 (bibliothèque d'Alençon)
(ou 1/mi/139 folio 2525-31, A. D. de l'Orne)
Trois frères, nés français d'Alençon, jadis province
de Normandie maintenant chef lieu du département de
l'Orne, ont passé en Amérique il y a à présent quarante-
cinq ans. leurs noms sont :
- l'aîné, François Robert LEGRAIN sieur de CHAMPAUMONT;
dans son enfance, il portait encore le surnom de
BOISGERARD mais je présume que, comme aîné, il prenait
plus le nom de CHAMPAUMONT, qui était celui où sa famille
était le plus connue.
- le second, René Jean François LEGRAIN sieur de
CHAMPAUMONT; ce dernier nom est le seul qu'il ait toujours
porté et sous lequel il doit être le plus connu.
- le troisième, Jacques François LEGRAIN sieur de
CHAMPAUMONT de RICHEMONT; c'est ce dernier nom de
RICHEMONT qu'il portait et sous lequel il peut être le
plus connu à la Martinique, où ils ont débarqué en
premier.
Ce qui avait déterminé leur voyage était l'espérance
de recueillir la succession d'un grand oncle, Pierre
LEGRAIN (1); je ne sais pas s'il avait un surnom, il était
mort à la Martinique. Ils n'ont point eu cette succession,
on avait trop tardé à la réclamer.
Pour confirmer leurs droits à cette succession, ils
étaient munis de papier de famille nécessaire et aussi
pour ne pas paraître sans aveu comme des coureurs
vagabonds; il doit y être prouvé qu'ils étaient fils de
feu François LEGRAIN sieur de CHAMPAUMONT (2) et de feu
demoiselle Renée de MESENGE, leurs père et mère.
Tous trois, étant en France, étaient gendarmes de la
garde du Roi. Arrivés à la Martinique, ils prirent du
service; je ne sais pas quels étaient alors leurs grades
mais ils étaient officiers. C'est dans (blanc) de la
guerre de l'Amérique contre les Anglais.
L'aîné y fut blessé mortellement au fameux combat de
l'isle de Sainte-Lucie qui s'est terminé par une tempête
aussi terrible que le combat; il périt dans l'un et
l'autre des milliers d'hommes, dans la nuit du onze ou
douze octobre, je ne suis pas sûre de l'année, je présume
que ce devait être en 1778, 79 ou 80. L'aîné, dis-je, est
mort à la suite de ce combat, trente à quarante jours
après, je crois à la Martinique.
Le troisième, Jacques François sieur de RICHEMONT,
est péri à la Martinique le trois de juin 1790, à
l'insurrection qui eut lieu et où l'isle se mit sous la
protection des Anglais. Il me donnait son adresse "à M. de
RICHEMONT, capitaine du bataillon du Fort St-Pierre Isle
Martinique". Il a laissé un fils unique qui a nom Claude.
Il porte comme son père le nom de RICHEMONT. C'est de lui
maintenant que je désire des nouvelles. J'ignore si il
aurait quitté le pays. La dernière lettre que j'en ai
reçue, du 1er février 1803, son adresse était "à M. de
RICHEMONT, rue d'Orléans à St-Pierre Isle Martinique".
Le second, René Jean François sieur de CHAMPAUMONT,
qui est le seul des trois frères dont il me reste un
faible espoir de son existence, est passé à St-Domingue en
1781 ou 82. Il s'en est absenté pendant les grandes
tempêtes du pays. Il était revenu. Il m'a même assuré
qu'il y était établi et qu'il était riche, très riche.
Mais depuis, il est encore arrivé tant d'événements que je
crains tout ce qui se peut de malheurs; depuis longtemps
je n'en ai pas entendu parler, ni de mon neveu de
RICHEMONT qui, je pense, pourrait avoir été rejoindre son
oncle, si les troubles ne l'en ont pas empêché; je n'ai
aucune idée de la partie de St-Domingue qu'il habite.
(1) fils de Pierre LE GRAIN sieur de BOISGÉRARD et de
damoiselle Charlotte GAUTRY, mariés le 1er aoust 1660.
(2) avocat au bailliage et présidial d'Alençon, fils de
François LE GRAIN sieur de BELLEFONTAINE, procureur aux
juridictions royales à Essay, et Catherine LE FRèRE, marié
le 18 novembre 1743 à Renée de MESENGE fille de Louis
François de MESENGE sieur du GAST et demoiselle Elisabeth
de BROSSARD. Il est décédé à Alençon le 13 juin 1767 à
l'âge de 74 ans.
(3) combat de l'île de Ste-Lucie du 31 12 1778 ou bien
ouragan et raz de marée du 11 10 1780.
Armes :
"de gueules à la fasce d'argent accompagnée de trois
gerbes d'or"
alias "d'azur à trois grains de fromens d'or".
Eléments de généalogie
Nota : les renseignements sur les premières générations en
France, viennent du texte ci-dessus et des recherches de
Jacqueline Einsargueix.
Le nom est écrit (y compris dans les signatures) parfois
LEGRAIN et parfois LE GRAIN.
I Pierre LE GRAIN sieur de BOISGÉRARD
x 1 8 1660 Charlotte GAUTRY
II au moins
1 Pierre LEGRAIN
+ Martinique
2 François LEGRAIN sieur de BELLEFONTAINE, procureur aux
juridictions royales à Essay (61)
x Catherine LE FRèRE
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