G.H.C. Bulletin 73 : Juillet-Août 1995 Page 1393
L'auberge et le billard du sieur DUSSARD au Dondon
les grosses aux termes de la coutume,
Troisièmement, qu'il garnira saditte moitié de maison de
meubles et effets suffisants pour répondre du loyer
d'ycelle tels qu'ils vont être cy après,
Quatrièmement, qu'il passera audit sieur bailleur en sa
qualité, au porteur de ses ordres, même à tout autre
porteur de pouvoir de laditte dame veuve DUSSARD et par
chacune des trois années du présent bail, dix sept cents
cinquante livres, sera payable en quatre termes et
payements égaux chacun de trois mois en trois mois et de
quatre cent trente sept livres dix sols chacun, à peine de
toutes (...) dépens, dommages et intérêts, même de nullité
du présent bail en cas de non payement des termes, suivant
la coutume de Paris,
Cinquièmement et enfin, à la charge encore pour le preneur
de fournir à ses frais et dépens et à mondit sieur
bailleur une expédition en forme des présentes.
A été convenu entre les parties par clause expresse et de
rigueur que, comme la gallerie côté est de la maison cy
dessus n'est point parachevée, c'est à dire que
l'extrémité nord est en partie découverte et que sa
totalité a besoin d'être remblayée à la hauteur du seulage
(?) et d'être glaugée (?), ledit sieur preneur promet et
s'oblige de faire faire à ses frais et dépens les
réparations et traittements nécessaires à la perfection
totalle de laditte gallerie, et cela incessamment, en cas
desquels traveaux, il sera tenu compte audit sieur preneur
sur le premier terme de son loyer d'une somme de deux
cents soixante quatre livres à laquelle demeure irrévoca-
blement fixé le prix total desdittes réparations et
traveaux, qu'il (...) des présentes conventions le solde
du premier terme qui sera échu le sept mars prochain ne
s'élèvera qu'à la somme de cent soixante treize livres dix
sols.
Et par les mêmes présentes, mondit sieur bailleur au dit
acte à tout présent a vendu, ceddé, quitté et délivré dès
maintenant et à toujours audit preneur pour en jouir
pareillement et (...) preneur ce acceptant,
un billard étant dans une des chambres côté de la susditte
maison, garni de ses billes, queues, masses et autres
objets y relatifs, dont il a été jugé inutille de faire
autre description, ledit sieur preneur et acquéreur ayant
déclaré le bien savoir et connaître, l'avoir vu, visité et
(...) être content, satisfait et s'en reconnaître dès ce
moment en possession réelle et actuelle sans autre
formalité et pour par lui, ses hoirs et ayans cause en
faire (...) et disposer en pleine et entierre propriété.
La présente vente faite entre les parties présentes
moyennant le pris et somme de mille livres argent de cette
colonie, laquelle ditte somme de mille livres ledit sieur
preneur et acquéreur a promis et s'est obligé de payer à
mondit sieur vendeur en sa qualité ou au porteur de ses
ordres dans tout le courant du mois de février de l'année
prochaine mil sept cent quatre vingt huit, à peine de
touttes peines, dépens, dommages et intérêts.
Et pour la pleine et entierre exécution de tout ce que
dessus, ledit sieur preneur et acquéreur oblige, affecte
et hipotèque tous ses biens (etc.)
Fait et passé en l'étude l'an mil sept cent quatre vingt
sept et le douzième jour du mois de novembre avant midy,
en présence des sieurs François LOUGAT, horloger, et
Pierre LASSAS, tailleur d'habits, demeurant au bourg du
Dondon susditte paroisse Saint Martin (etc.)
(Notariat de Saint-Domingue, registre 1249)
Le lecteur a pu remarquer que les abords de la place
d'armes (la grand place, où se trouvait l'église) étaient
encore "en halliers" fin 1780, c'est à dire non construit,
en friche. On ne parle alors que de "chemins", chemin
particulier ou grand chemin.
En revanche, sept ans plus tard, la place est
entourée de maisons avec galerie et "le grand chemin" est
devenu "la grande rue".
Que nous dit Moreau de Saint-Méry ?
Le Dondon (tome I pp. 251 à 271) "ne remonte qu'au 11
septembre 1698, époque où André MINGUET, flibustier-
chirurgien, qui avait marché au siège de Carthagène",
obtient la concession d'un immense terrain pour y faire de
l'élevage. Ce n'est qu'en 1727 qu'on en fit une paroisse
et y construisit une chapelle. Le quartier, en frontière
de la partie espagnole, est "absolument enclavé dans les
montagnes et le sol du lieu où est l'église et le bourg
est élevé d'environ deux cent cinquante toises au-dessus
du niveau de la mer". L'église "est de charpente sur un
solage de maçonnerie de plus de quatre pieds en dehors; sa
longueur est de cent pieds; sa largeur de 35, sa hauteur
de 18; trois cloches d'accord entr'elles forment ce que
les amateurs appellent une belle sonnerie. La fête du
patron (Saint-Martin de Tours) a été transférée au 4
juillet, jour de la translation du saint, par mandement du
préfet apostolique de la partie du Nord, en date du 12 mai
1784, à cause des pluies trop ordinaires au mois de
novembre et encore parce que la récolte de café exige
alors un travail assidu de la part des cultivateurs et de
leurs nègres."
Quant au curé du Dondon, celui qui représente la
veuve DUSSARD dans l'acte de 1787, il était, comme son
prédécesseur, un grand connaisseur en botanique : "M.
l'abbé DELAHAYE a publié, en 1788, le prospectus d'un
ouvrage sous le titre de <>,
fruit de longs et utiles travaux. Ce laborieux ecclésias-
tique a aussi donné au public, en 1781, un traité sur la
panification de plusieurs racines, sous le titre de
l'<>, de l'imprimerie du Cap Français. (...)
M. l'abbé DELAHAYE est en outre au nombre des culti-
vateurs de la Partie du Nord auxquels on a remis des
plantes et des graines des Indes Orientales envoyées par
ordre du ministre, de l'Isle de France à Cayenne, à la
Martinique et à Saint-Domingue, sur le navire l'Alexandre,
commandé par M. MOTHAIS de LA CHATAIGNERAIE, arrivé au Cap
le 14 juillet 1788. Puissent leurs soins et ceux des
autres colons qui ont eu part à ce dépôt, naturaliser ces
végétaux précieux et associer la plus belle des Antilles
aux bienfaits que le Créateur avait répandu aussi loin
d'elle !"
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