G.H.C. Bulletin 72 : Juin 1995 Page 1365
La famille CHANCEAULME
- Le 12 décembre 1793, le marquis PIGNE de MONTIGNAC,
officier, écrit du Môle (alors occupé par les Anglais) au
général LAVEAUX (gouverneur général de la partie restée
française) : "Monsieur, j'étais par i pour La Nouvelle-
Angleterre, j'ai été pris et conduit ici; ce sort est
commun avec le vicomte de MONTIGNAC, mon frère, parti de
St-Marc, et MM CHANCEAULME, mes beaux-frères, partis de
Philadelphie pour venir à St-Domingue." (D/XXV/19).
- En avril 1794, il y avait au Môle un tribunal dit
"conseil de police", composé d'"émigrés traîtres" tels que
CHANCEAULME, qui jugeait les Français faits prisonniers
(rapport du général LAVEAUX à la Convention, 1er vendé-
miaire an 3; COL CC/9a/9).
- En septembre 1797, mention d'un CHANCEAULME (François ?)
lieutenant de la troisième (compagnie ?) au premier
bataillon par décision de la Commission du Directoire
exécutif (COL CC/9a/17).
- G. Debien et P. Wright, dans "Les colons de St-Domingue
passés à la Jamaïque", signalent l'arrivée, à l'été de
1798, du chevalier PIGNE de MONTAGNAC (sic) "qui avait
épousé à Port de Paix Catherine Mélanie de (sic)
CHANCEAULME (cf GHC p. 264). Il est chevalier de St-Louis
mais ne paraît pas avoir servi sous l'occupation."
- Le 9 septembre 1799, "Marie Anne CHANCEAULME veuve GABET
(cf GHC p. 264), commune de Pessac" figure sur une "liste
de propriétaires de biens situés dans la colonie qui ont,
en exécution de la loi, fait parvenir au ministre de la
Marine et des colonies des certificats de résidence (...)
établissant leur résidence sans interruption sur le terri-
toire de la République française depuis le 9 mai 1792
v.s." (Bibliothèque Moreau de St-Méry, 2e série, 20-21).
- En juin-juillet 1803, un CHANCEAULME-DESGRAVES (cf GHC
p. 264) est commis principal chargé des écritures et garde
magasin du bureau du sous-commisssaire (sauf erreur = du
bureau des classes) (COL, CC/9c/16).
- Au registre de l'Indemnité, on note :
- au Port de Paix, "de (sic) CHANCEAULME Catherine
Mélanie, veuve de M. le marquis PIGNÉ de MONTIGNAC"; ayant
droit, la même; pour une caféterie, 30.000F (soit le 1/10e
de la valeur de 1789).
- au Port de Paix, GABET François Pierre et CHANCEAULME
Marie Anne; ayants droit, CHANCEAULME Marie Anne, veuve
commune en biens et donataire de l'ancien propriétaire;
pour une caféyère et deux terres places à vivres, 36.600F.
- au Port de Paix, CHANCEAULME Paul ou Paulus, FONTAINE
Renée Roch, son épouse; ayants droit, CHANCEAULME
Guillaume Roch et Félicité Marthe, seuls héritiers chacun
pour moitié de leurs père et mère; pour une sucrerie
"Chanceaulme" ou "Les trois rivières", 21.200F chacun.
- au Gros Morne (partie Nord, entre les Gonaïves et Port
Saint-Louis), CHANCEAULME Thomas; ayants droit CHANCEAULME
Catherine-Mélanie, veuve du marquis PIGNÉ de MONTIGNAC, et
Marie-Anne, veuve GABET; DESGRAVES-CHANCEAULME Pierre
Thomas; CHANCEAULME Luc-Marie-Anne-Thérèse-Henri, Saint-
Martin, Félicité-Martin, Guillaume-Roch, "héritiers pour
les quotités ci-contre de leurs père et mère, ancien
propriétaire"; pour une caféterie dite "Le Dos d'âne",
1083,33F chacun (soit 7581F).
COMPTE RENDU DE LECTURE
de Pierre Bardin
Les Indes antillaises, présence et situation
des communautés indiennes en milieu caribéen
L'Harmattan, 264 p., 140F
En 1990 se tinrent un certain nombre de manifes-
tations sur la diaspora indienne. Nous avons rendu compte,
en mai de l'année précitée (GHC p. 134), du colloque sur
ce sujet, tenu au Sénat, salle Clémenceau. L'ouvrage qui
vient de paraître contient les actes d'un colloque qui se
tint à l'hôtel Méridien en Guadeloupe, les 21 et 22
décembre de la même année, à l'instigation du député maire
de Saint-François, Ernest Moutoussamy. Ce "Festival inter-
national de l'indianité" permit d'entendre des exposés de
chercheurs, d'écrivains, d'historiens, d'anthropologues,
venus de Guyane, Martinique, Trinidad, Barbade ou
Jamaïque.
Si Jacques Weber traita surtout de "la vie quotidienne à
bord des coolies ships" qui, de 1853 à 1889, amenèrent des
milliers de coolies qui allaient marquer l'évolution
sucrière aux Antilles, les interventions s'attachèrent
surtout à montrer comment s'est faite dans le milieu
créole, tant blanc que noir, plutôt hostile au début,
l'intégration de ces indiens qui apportaient, outre leur
savoir-faire, une autre langue, d'autres religions, des
musiques différentes.
"La structuration socio-ethnique de la société martini-
quaise" de Juliette Smeralda-Amon, permet de mieux
comprendre les subtilités régissant les rapports des uns
et des autres. Pour Gilbert Ponaman, "après avoir entre-
tenu entre elles un rapport conflictuel, indianité et
créolité se rejoignent et se renforcent mutuellement". Le
docteur Henri Bangou s'attacha à montrer la place du
"Patrimoine culturel indien en Guadeloupe" tandis que
Julie Lisrus-Galap fit réfléchir avec une "Approche
anthropologique de l'indianité, composante de l'antilla-
nité". Firmin Lacpatia exposa une étude peu commune sur
"La femme indienne dans l'immigration intéressant les
colonies françaises". Je salue au passage mon ami Gérard
César dont l'intervention permit une meilleure connais-
sance de "La communauté indienne de la Guadeloupe".
Grâce à Roger Toumson (qui a coordonné la parution des
actes de ce colloque) fut évoquée la figure d'un écrivain
guadeloupéen, bien oublié aujourd'hui (ami de Sainte-Croix
de La Roncière), Léon Talboum, dont le livre "Karukéra",
paru en 1921, est récit de voyage-découverte dans la
Guadeloupe de cette époque. Il y traite entre autres, à la
façon des reportages d'aujourd'hui, de la condition de la
main d'oeuvre indienne sur l'habitation qui donne son
titre au chapitre "Ste-Marthe".
Enfin si, comme on peut le constater, une nouvelle
vision de la créolité est proposée, par Raphaël Confiant
notamment, Michel Prat a montré les convergences de la
"Négritude et indianité" chez Césaire et Naipaul, "le Noir
et l'Indien des Antilles qui ont en commun d'avoir subi
des histoires parallèles."
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