G.H.C. Numéro 69 : Mars 1995 Page 1299

Réclamation d'indemnité présentée par Marie Catherine de BLANC de SAINT-JUST
Michel A. Rateau

     C'est en 1827, au titre de descendante de réfugiés et 
colons de Saint-Domingue,  que Marie-Catherine de BLANC de 
SAINT-JUST adresse de nouveau, aux autorités locales péri- 
gourdines,  sa  demande d'indemnité pour  les  habitations 
autrefois possédées aux Iles (1).
  En  Périgord,  cette famille est connue pour avoir  fait 
partie des gentilshommes de la sénéchaussée de Sarlat, dès 
le  XVIIe siècle (2) :  ainsi,  "noble Jacques  BLANC  DES 
ORMIèRES,  écuyer, sieur de SAINT-JUST, de VIGE, etc."; au 
XVIIIe  siècle,  elle  se  voit accorder  des  lettres  de 
bourgeoisie et elle apparaît au registre des réceptions et 
réhabilitations des bourgeois de Périgueux (3). A la Révo- 
lution,  en vertu de sa procuration, le seigneur chevalier 
LE  BLANC  de SAINT-JUST vote pour le seigneur  de  SAINT-
JUST, son père...
  Bien  que  certains membres soient aussi appelés  SAINT-
JUST, on ne doit pas les confondre avec les SAINT-JUST qui 
sont des de SESCAUD de SAINT-JUST,  lieu de la paroisse de 
Chadeuil (24) (2).
  Enfin,  le  dossier des procurations des membres  de  la 
noblesse (2) montre tant Jean LE BLANC, chevalier seigneur 
de  Saint-Just  et de Vige (à Sorges,  24),  chevalier  de 
Saint-Louis, mestre de camp, que son fils Pierre LE BLANC, 
garde du corps du Roy,  de la compagnie de Luxembourg,  ou 
encore  Pierre-Joseph  d'ALESME,   écuyer,   seigneur   de 
MEYCOURBY,  habitant  ordinairement  au repaire  noble  de 
Sagerac, famille dont on parlera ci-après.
  Le  lieu-dit  de Mey-Courby se trouve sur la commune  de 
Bassillac (24).

     Les notes,  éparses,  du dossier permettent d'établir 
la filiation suivante :
1 Louis BERNARD, frère (?) de :
2 Marie Magdeleine BERNARD (veuve des deux suivants)
  ax François LE VALOIS ou VOLOIS 
  bx François DALESME de MEYCOURBY
  d'où Magdeleine de VALOISON ou DEVALOLS
       x Nicolas BLANC de SAINT-JUST + 17 3 1783
       d'où Marie Catherine BLANC de SAINT-JUST
            x Dominique DALESME

     La  famille DALESME ou d'ALESME,  de noblesse de robe 
et d'épée,  originaire de Périgord où elle est connue  dès 
le  XIIe siècle (5) et alliée à la principale noblesse  de 
Guyenne,  a  fait  l'objet de plusieurs  publications.  On 
notera  en  particulier 4 maires de Périgueux,  nombre  de 
magistrats bordelais, sans oublier un général d'Empire (2)
  Les  d'ALESME étaient aussi seigneurs de VIGES et ce  au 
moins  dès  1620,  ce qui laisse entendre une amitié  déjà 
ancienne entre ces deux familles périgourdines.

     La requête de Marie-Catherine,  datée du 1er  février 
1827,  rappelle sa demande adressée à MM les présidents de 
la  commission de liquidation,  tenue en mai  1826.  Voici 
l'objet de cette procédure :
"Je  soussignée,  Marie-Catherine de BLANC de  SAINT-JUST, 
née au lieu de Vige,  à Sorges près de Périgueux, habitant 
Périgueux,  appelée par la loi du 30 avril 1826 pour faire 
valoir mes droits au partage de l'indemnité attribuée  aux 
anciens colons de St-Domingue, déclare, sous assistance et 
autorisation  de  Dominique  DALESME de  VIGE,  mon  mari, 
habitant  Paris,  chez  M.  EYMERI,  avocat,  22  quai  de 
l'Ecole, être unique héritière.
  Mon  ayeule  maternelle était veuve en  1ères  noces  de 
François LE VALOIS,  en 2èmes noces de François DALESME de 
MEYCOURBY.
  Je  réclame  mon indemnité pour l'habitation des  Trois-
Rivières, paroisse des Coteaux, à vingt lieues de la ville 
des Cayes,  Ile et Côte de St-Domingue, connue sous le nom 
d'habitation Dalesme,  après le mariage de la dame BERNARD 
avec M. DALESME de MEYCOURBY.
  Mme DALESME l'avait recueillie dans la succession de son 
père;  l'habitation  produisait  environ deux millions  de 
coton, 20 à 25 millions de café, etc.
  M.  de SAINT-JUST avait acquis une portion de terre pour 
5.000  francs  qu'il  avait  ajoutée  à  l'habitation  sur 
laquelle  il  avait complanté (sic) 11 à 12.000  pieds  de 
caféiers; en 1790, il possédait 30 à 35 nègres.
  On sait que l'embarcadère était au Port Salut, à environ 
3/4 de lieue de l'habitation.
  En 1792,  il y avait aussi 10 à 12 mulets,  6 chevaux et 
juments, 12 vaches et boeufs, 2 tombereaux; le bâtiment de 
maître était en bon état.
Messieurs BALIX et BOULÉ,  MARO Hugues, étaient tous habi- 
tants propriétaires des environs des Cayes en 1791 (6).
  L'habitation  de  la veuve DALESME  née  BERNARD  valait 
alors 350 à 400.000 francs.
  L'habitation  située à la Rivière des  Mornes,  paroisse 
St-Joseph de Torbeck,  à l'extrémité de la plaine du Fond, 
distante  de  2 à 3 lieues du bourg,  a  pour  embarcadère 
Labacou, à 7 à 8 lieues des Cayes. J'en ignore l'étendue.
  En  1790  l'habitation  (de M.  d'ALESME  de  MEYCOURBY) 
produisait 4 millions de coton,  30 millions de café; il y 
avait  40  à 45 nègres,  15 mulets de très  bon  bast,  18 
chevaux et juments, 3 tombereaux, 16 vaches et boeufs;  la 
maison  de  maître et les nègres en bon état;  il y  a  un 
magasin; la valeur totale était de 450 à 500.000 francs.
     Le 1er février 1827      signé DALESME de VIGE

Sources et notes :
(1) AD Dordogne 4 M 152
(2) Froidefond de Boulazac, Armorial du Périgord
(3) AD Dordogne BB 24 et 34
(4) à Saint-Sulpice de Roumagnac, en Ribéracois, Dordogne
(5) O'Gilvy, Nobiliaire de Guienne et de Gascogne, t. II
(6) Aucune autre précision : témoins avancés ?

COMPLÉMENTS

de Michel Rampont : La famille RAMPONT (p. 1276-1278)

La  ville  d'Etain,   d'où  étaient  les  RAMPONT,  a  été 
complètement  sinistrée  en 1635,  pendant  la  guerre  de 
trente  ans,  et  une nouvelle fois pendant la  guerre  de 
1914-1918.  Or c'est la Martinique qui, voulant participer 
à  la reconstruction des régions dévastées par la  guerre, 
avait adopté pour filleule la ville d'Etain !
Par  ailleurs,  concernant  les RAMPONT de  "destinée  non 
connue",  certains  ont  dû partir vers d'autres îles  car 
plusieurs étaient candidats à des postes aux Iles du  Vent 
entre 1756 et 1779 (Colonies E345).





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