G.H.C. Numéro 67 : Janvier 1995 Page 1251
NOTES DE LECTURE
Pierre Baudrier
Le "Saint-Hilaire", de Bordeaux, mettait à terre, le 8
janvier 1793, neuf citoyens et quatre soldats du régiment
de FOREST, provenant de la Guadeloupe et déportés.
p. 183-184
"Un officier général de grande valeur, le vice-amiral de
GRIMOUARD, était une des victimes du tribunal révolution-
naire de Rochefort; ayant commandé à Saint-Domingue, il
avait eu à s'opposer aux agissements délictueux de
certains colons qui cherchaient à profiter des troubles.
Réfugiés ou déportés à Rochefort, deux d'entre eux
l'avaient dénoncé une première fois, mais la Société
populaire de Rochefort avait rejeté leurs allégations, les
qualifiant d'exagérées et de mensongères; ils portèrent
alors leurs accusations devant le ministre, qui les
repoussa et nomma GRIMOUARD, le 5 février 1793, à
Rochefort. Ce ne fut qu'à l'arrivée de LAIGNELOT et
LEQUINIO que les deux déportés reprirent leurs attaques;
l'un d'eux avait été nommé juge au tribunal révolution-
naire. Le sort de GRIMOUARD était certain. Le 19 pluviôse
an II, il passait en jugement et le jury, sans autres
dispositions, le condamnait à mort. Il était guillotiné le
jour même (Viaud)." Il s'agit de "VIAUD et FLEURY,
Histoire de la ville et du port de Rochefort", cité en
bibliographie à la page 390.
p. 194
Aux alentours de l'an II, un certain GAY faisait partie
d'une bande de diffusion de faux assignats. Il avait
épousé une jeune personne qui, avant son mariage, vivait
dans un couvent de Nantes. GAY est arrêté, transféré de La
Rochelle à Paris et exécuté. "Sa femme revendique ses
biens et se trouve en compétition avec une autre dame GAY
qui arrive de Saint-Domingue, où, du gré de son mari, elle
avait suivi un amant. Un partage équitable des biens entre
les deux veuves les amène à vivre dans deux logements
contigus de la même maison, où GAY seconde se trouve en
butte aux insultes, coups et menaces, de GAY première et
de ses amants".
p. 201
Deux réfugiés des Antilles sont jurés au procès du conven-
tionnel DECHÉZEAUX en janvier 1794, à Rochefort.
La Commission des Iles du Vent - que nous allons retrouver
plus bas - y est représentée par un juge et l'accusateur
public. Pierre CHRÉTIEN, commissaire, sera le seul témoin
à charge.
p. 202
D'après les registres de la municipalité de La Rochelle,
celle-ci transmettait, en janvier 1794, une dénonciation
"rédigée par LEBRETON et VILLANDRY, anciens officiers
municipaux de Saint-Domingue réfugiés à La Rochelle,
contre les crimes de SANTHONAX, POLVEREL et DELPECH,
commissaires civils qui ont été envoyés au Cap-Français en
1792 avec pouvoirs dictatoriaux".
p. 286
"Le 23 avril (1794), un convoi pour la Guyane et la Marti-
nique quittait la rade de Chef-de-Baye, composé de deux
frégates, la "Thétis" et la "Picque", un brick et six
bâtiments de transport; il emmenait la Commission des Iles
du Vent".
p. 290
"Quant à la Martinique, la Guadeloupe, Sainte-Lucie et
Tabago, elles étaient tombées aux mains des Anglais.
C'est en présence de cette situation que s'était trouvé le
convoi parti des rades rochelaises en avril (1794) et qui
amenait Victor HUGUES et (Pierre) CHRÉTIEN (1).
En outre, quelques hommes du 5e bataillon de la Charente-
Inférieure avaient complété la garnison de la "Picque" qui
portait le pavillon de LÉSSèGUES".
(1) Quoique ces événements ne se rattachent pas à l'his-
toire locale (de La Rochelle), ils complètent le caractère
de HUGUES.
Avec un esprit de décision et une énergie qu'aucune diffi-
culté ne pouvait réduire, HUGUES décida de reprendre la
Guadeloupe. Il fut secondé par le capitaine de vaisseau
LÉSSèGUES, qui commandait le convoi, les généraux CARTIER,
AUBERT et ROUYER, et les 1.100 hommes de troupe qui
étaient animés de l'esprit des "armées de l'An II".
Le débarquement s'effectua le 3 juin, et le 11 décembre le
dernier Anglais s'enfuyait de l'île.
CHRÉTIEN (après avoir participé aux premiers combats) et
CARTIER, étaient morts de la fièvre jaune, AUBERT et
ROUYER, de leurs blessures.
p. 291
"Sur la nouvelle de ces succès, la Convention avait envoyé
un secours de deux mille hommes, accompagnés de LEBAS, ex-
substitut de HUGUES au Tribunal révolutionnaire de
Rochefort.
Le 14 vendémiaire, le Comité de Salut Public écrivait (à
HUGUES) :
GOYRAND et LEBAS (juges au Tribunal révolutionnaire de
Rochefort), que tu connais et que tu nous a indiqués, vont
se réunir à toi et remplacer CHRÉTIEN que nous regrettons.
GOYRAND reprenait Sainte-Lucie, mais abandonné par HUGUES,
qu'il gênait, il devait capituler devant des forces très
supérieures...
Tous ceux qui furent les artisans de ses succès (les
succès de HUGUES), ses collaborateurs les plus dévoués,
furent poursuivis de sa haine : LÉSSèGUES, qu'il fit
nommer vice-amiral, fut destitué; PÉLARDY, capitaine
d'artillerie qu'il fit nommer général de division, fut
renvoyé en France... AUBERT, CARTIER, ROUYER, décédés,
furent accusés par lui de lâcheté. "Seuls, les deux
généraux, BOUDET et PARIS, ses beaux-frères, vécurent en
bonne intelligence avec lui et avaient les plus grands
intérêts à voir se perpétuer à la Guadeloupe le régime qui
faisait de l'île un bien de famille... (Saintoyant)".
On sait que SAINTOYANT fut historien de la colonisation.
p. 360
"Le 28 décembre (1795), "l'Andromaque", retour de la
Guadeloupe, débarquait à La Rochelle 6 drapeaux, 8 canons,
32 officiers anglais parmi lesquels un brigadier général
et un lieutenant-colonel faits prisonniers par HUGUES et
ses troupes au camp de Berville.
C'est, avec l'arrivée à Rochefort d'un navire américain
venu en parlementaire, le "Gouverneur-Mistlin", qui y
débarqua des réfugiés de Saint-Domingue, une des seules
nouvelles coloniales que publient les "Affiches roche-
laises".
Les réfugiés venaient pour la plupart des Etats-Unis et
s'empressaient d'aller chez le juge de paix faire les
déclarations d'état-civil qui remplaçaient les papiers
d'identité perdus.