G.H.C. Numéro 67 : Janvier 1995 Page 1238
COOPÉRATION
d'Andrée Ghillet : Madame de MONTÉRAN (pp. 1190-1191)
Je suis très émue d'apprendre que Lucie Weck propose comme
nom du Centre hospitalier de St-Claude celui de mon
arrière-grand-tante. Je suis, à ma connaissance, la seule
descendante du nom de GHILLET mais je serais heureuse
d'apprendre que d'autres portent ce nom assez particulier
qui serait d'origine germanique, à moins qu'une
transcription maladroite n'ait transformé un U de GUILLET
en allongeant les barres, erreur fréquente autrefois. Mon
père, Emile, était le seul fils en vie à transmettre le
nom de son père, Jules. C'est ce dernier, mon grand-père,
qui déclara le décès de Mme de MONTÉRAN, sa tante. Elle
n'avait eu, de ses deux mariages, aucun enfant, et avait
reporté son affection maternelle sur son neveu Jules, né
en 1845, orphelin dès son plus jeune âge. Victoire GHILLET
fut sa marraine et sa tutrice (elle était soeur de mon
arrière-grand-père Jean-Marie).
Ce serait une joie pour moi de visiter ce centre
hospitalier, lieu de son ancienne habitation. Merci à ceux
qui y travaillent.
Je suis allée à St-Claude il y a une dizaine d'années :
j'ai vu la rue de Montéran, où il y a des combats de coqs,
et j'ai visité le morne Montéran, divisé en trois
propriétés. L'une, où il y a une très belle villa,
appartient à la Préfecture (ou autre administration); j'y
fus très bien reçue. Une deuxième, à sa gauche, abrite un
couvent de soeurs dominicaines. C'est avec émotion que
j'ai vu l'ancienne chapelle, que je connaissais par photo,
où fut baptisée ma tante Marie-Thérèse GHILLET; la reli-
gieuse me combla de délicieux fruits. Je ne pus visiter la
troisième.
Mon grand-père Jules fit la guerre de 1870 comme
capitaine de la Garde nationale. Sa tante Victoire le
rappela en Guadeloupe en 1872 pour gérer son domaine. Plus
tard, quand la Nouvelle-Calédonie demanda des colons, mon
grand-père Jules quitta la Guadeloupe. Son fief était si
grand (le plus étendu de l'île) qu'il fallut le morceler
pour le vendre. Un notaire, Me Werther ou un autre de sa
famille, me proposa de me montrer les plans des terrains.
Mon grand-père fit faillite en Nouvelle-Calédonie : la
première année les inondations, la deuxième les saute-
relles, la troisième le cyclone. Mon père, né en Nouvelle-
Calédonie, avait neuf mois lors de leur départ de l'île.
Mon grand-père mourut à Paris, cinq ans plus tard, de
rhumatisme au coeur.
J'ai en ma possession le livre des "Heures des Dames
et Demoiselles" de Mme de MONTÉRAN. le blason en argent,
d'après un spécialiste, est beau : les traits verticaux et
horizontaux, bleus et rouges, sont équilibrés. Il est
riche en symboles : l'oiseau est une grue couronnée tenant
un sceptre; au-dessus, la croix; en-dessous, la roussette
porte la devise "Fay bien". Le tout surmonté d'une
couronne de comte (et non de baron).
J'ai également un médaillon en or avec ses armoiries
sur une face et, sur l'autre, les cheveux de la comtesse
de MONTéRAN avec l'inscription dorée sur la vitre : "Ils
ont orné sa tête, ils vivront sur mon coeur".
En 1951, à l'issue de la messe des poètes en l'église
St-Séverin de Paris, il fut lu, dans le cloître, son éloge
contre l'esclavage.
Je termine par une petite anecdote prouvant, sinon sa
sainteté, du moins sa bonté : une colonne de fourmis,
large de plusieurs mètres, longue de plusieurs kilomètres,
s'avançait vers sa propriété. Après leur passage, c'était
la dévastation. Un noir se mit à plat ventre par terre et
leur parla. Oh, miracle ! On vit la cohorte, lentement,
changer de direction et contourner la propriété ! On
demanda à cet homme l'explication et il répondit : "Je
leur ai dit que Mme de MONTéRAN aimait les hommes et les
animaux, qu'elle faisait le bien et qu'il ne fallait pas
passer, et elles l'ont épargnée."
Enfants de Jules GHILLET et Augusta VILLENEUVE
1 Maurice GHILLET
+ S.A., S.P.
2 Jeanne GHILLET
o Guadeloupe 8 7 1880
x Armand BUDAN
o Ile de la Trinité 21 6 1880
+ Rabat 26 11 1966
3 Céline GHILLET
o St-Claude 1 1 1883 + 12 8 1955
x Camille PASQUIER
o Capesterre (Guadeloupe) 7 11 1877 + 4 4 1948
4 Gabrielle GHILLET
o St-Claude 18 4 1885
x St-Cyr PASQUIER
o Capesterre 30 11 1879
5 Georges GHILLET
+ très jeune
6 Jules GHILLET
+ très jeune
7 Marie-Thérèse GHILLET
o St-Claude 4 11 1893
x Marie CROIX
o Montevideo
8 Emile Louis Charles GHILLET
o La Foa (Nouvelle-Calédonie) 6 7 1898 b 22 1 1899
x Bordeaux 4 5 1926 Jeanne Marie Albertine Mathilde
PIQUEMAL, institutrice, fille de Pierre Emile et
Marie Berthe Marcelle DUBOIS
o Hagetmeau (Landes) 4 12 1896
Remariage de Victoire Joséphine GHILLET
veuve LE PELLETIER de MONTÉRAN
avec Louis Laurent Auguste GUILLET
Le 27 août 1846 à Paris (1er arrondissement), acte de
mariage de :
- Louis Laurent Auguste GUILLET, commissaire de la Marine
de première classe, chevalier de la Légion d'Honneur, né à
Hardway (Angleterre), le 5 décembre 1795, demeurant à
Paris rue d'Aguesseau n° 12, fils majeur de Louis
François, sous chef de l'administration de la Marine, et
de Victoire Christine RIQUIER, tous deux décédés, et
- Victoire Joséphine GHILLET, propriétaire, née à
Belleville (Seine) le 20 pluviôse an IX (9 février 1801),
demeurant à Paris, rue Castellane, veuve de Jean Marie LE
PELLETIER de MONTÉRAN, ancien officier d'artillerie,
chevalier de St-Louis, décédé à Paris le 10 août 1843,
fille majeure de Jean Baptiste (cordonnier en 1817) et de
Marie Charlotte BRUYèRE (ou BRUYER), tous deux décédés.