G.H.C. Numéro 66 : Décembre 1994 Page 1222

La pêche aux ROUX : ROUX de FONTIENNE, de SAINT-DIDIER,
de LA LAUZE, de SAINTE-CROIX

Marie-Antoinette Ménier

     Cherchant à identifier, depuis 1989, un certain Louis 
ROUX, capitaine du bâtiment "La Désirée", armé à Marseille 
en 1778 pour l'Amérique du Nord,  fils d'Anne ROUX,  frère 
de Michel ROUX,  faïencier,  et d'un autre frère demeurant 
au  Cap et connaissant les AUDIBERT,  je me suis lancée  à 
nouveau  dans  les bons auteurs  :  Rambert,  Carrière  et 
Goury,  sans délaisser pour autant les archives.  Cela m'a 
permis  d'apporter un supplément intéressant à une  phrase 
de  Gaston  Rambert pour lequel j'ai  eu,  en  son  temps, 
admiration et affection.
     Dans   le  tome  IV  de  l'Histoire  du  Commerce  de 
Marseille,  consacré aux Colonies (p. 77 ligne 4), il cite 
"deux  Marseillais  issus du haut commerce de la  place  : 
Pierre  Xavier ROUX de SAINTE-CROIX et Joseph ROUX  de  LA 
LAUZE".
     Ayant  eu  entre les mains un volumineux dossier  les 
concernant  (Colonies E359),  voici ce que j'ai  appris  à 
leur sujet :
     Leur père,  Ignace de ROUX, seigneur de SAINTE-CROIX, 
viguier et capitaine pour le roi de la ville d'Apt, subdé- 
légué  de l'intendant de Provence,  reçut en novembre 1741 
des lettres d'anoblissement, enregistrées le 12 juin 1742, 
pour  "services rendus à l'Etat pendant la contagion  dont 
la  Provence  a  été  affligée,  en  exposant  sa  vie  et 
employant son bien au soulagement des pestiférés." A  cela 
s'ajoutait le fait que ses ancêtres avaient rempli la même 
charge. Il avait épousé par contrat du 7 juin 1725 Anne de 
SILVAN  et  mourait  le  4 août  1772;  ses  biens  furent 
partagés par acte sous seing privé. Le couple avait eu six 
fils et quatre filles :
- André Elzéar Etienne, chanoine de Cavaillon.
- Ignace Pompée de ROUX de FONTIENNE, capitaine aide-major 
au régiment provincial d'Aix.
- Jean  Bruno  de ROUX de SAINTE-CROIX,  établi  à  Marie-
Galante  depuis  1753.  Il était né le 7  octobre  1734  à 
Saint-Savournin,  avait  épousé  à Grand-Bourg,  le 8  mai 
1769,  Madeleine HOUELCHE dont il eut un fils, Jean Bruno, 
né le 16 mars 1771,  baptisé à Grand-Bourg le 10 mai 1775, 
baptême  tardif peut-être dû aux formalités en cours  pour 
récupérer la noblesse.
- Jean  Baptiste  de  ROUX de SAINT-DIDIER né le  24  mars 
1737,  capitaine  au  régiment d'Enghien,  puis  dans  les 
milices  à Marie-Galante,  puis officier et visiteur à  la 
Martinique, enfin écrivain des colonies. Il aura de graves 
ennuis  de  santé qui le gêneront dans l'exercice  de  ses 
fonctions.
- Pierre  Xavier ROUX chevalier de SAINTE-CROIX,  né le  8 
octobre  1739 à Saint-Savournin,  passa neuf ans  dans  le 
régiment  d'Enghien domicilié à Marie-Galante et eut  onze 
enfants  dont  quatre qu'il soutint à  l'armée,  d'où  une 
aide-majorité.
- Joseph  ROUX FIEUZET de LA LAUZE,  né le 7  avril  1741, 
lieutenant  au premier bataillon des milices d'Aix,  capi- 
taine  aide-major  au régiment de la Martinique  en  1772, 
chevalier de Saint-Louis le 28 avril 1779 à l'occasion  de 
l'affaire de Sainte-Lucie. Il meurt le 22 septembre 1780.
  Quant  aux  quatre  filles,  seul leur prénom  nous  est 
parvenu :  Madeleine (1),  Marguerite,  Henriette et Anne-
Marguerite. 

     Sans  doute les six frères auraient-ils échappé à mon 
attention s'ils n'avaient réclamé la confirmation de leurs 
titres de noblesse sans vouloir bourse délier,  arguant du 
fait que l'anoblissement de leur père n'était "ni sujet  à 
confirmation  ni à contribution pour subvenir aux  besoins 
de l'Etat et qu'il était dans la classe des anoblissements 
que  le  Roy  excepte de la rigueur de son  édit  du  mois 
d'avril 1771, article 10".
     A FONTIENNE SAINTE-CROIX, capitaine aide-major qui, à 
la  demande  de  ses frères,  est intervenu  pour  obtenir 
l'enregistrement  de leurs titres de noblesse par la  Cour 
souveraine  de  la  Guadeloupe,  il est  répondu  par  les 
bureaux, le 24 avril 1775, que leur demande est recevable, 
à  charge pour eux de fournir les preuves des  titres  qui 
constatent  cette noblesse (filiation par actes originaux, 
contrats  de mariage) et la quittance du droit imposé  par 
l'édit.
     Malgré  l'intervention de LA LAUZE auprès  de  l'abbé 
TERRAY,  seul  FONTIENNE sera exonéré des droits dès qu'il 
aura obtenu la croix de Saint-Louis.  FONTIENNE n'a pas su 
lire l'édit :  l'article 2 de l'édit en question qu'a relu 
BORDES,  du bureau des colonies, en confirmant la noblesse 
des  enfants dont les pères ont été anoblis  depuis  1715, 
oblige chaque descendant à payer six mille livres.
     Ignace  Pompée de ROUX de FONTIENNE SAINT-CROIX reçut 
la  croix  de Saint-Louis avant sa  mort  en  1781,  après 
trente trois ans de service.  Il avait épousé Catherine de 
SAPORTA,  elle-même  fille  d'un  officier,  chevalier  de 
Saint-Louis,  qui avait servi le roi plus de quarante ans. 
Elle était parente du duc de CRILLON,  fils d'une SAPORTA. 
La  mort de son mari la met dans la misère :  ne pourrait-
elle avoir une petite pension en considération des mérites 
de feu son beau-frère,  Joseph ROUX de LA LAUZE,  major du 
régiment de la Martinique, décédé en 1780 ? Celui-ci, sans 
égard  aux quatre enfants en bas âge de son frère aîné,  a 
partagé  son  héritage  entre  ses  quatre  soeurs.  Vains 
espoirs  que  brisera la réponse  négative  de  l'adminis- 
tration. 

(1) Serait-ce Madeleine de ROUX,  épouse de Pierre BARBIER 
et  mère  de  Jean-Baptiste  BARBIER,  notaire  aux  Trois 
Rivières  (Guadeloupe)  né à Aups (Apt ?) (voir GHC 50  p. 
815).   

EN FEUILLETANT BULLETINS ET REVUES

                  La France généalogique
            CEGF, BP 101, 75862 Paris Cedex 18

n° 186, avril 1994 : Le 26 mai 1749, à Chalonnes sur Loire 
(49),  baptême  de Jean Paschal dit Hector,  esclave de 12 
ans,  du  Fort  Royal de  la  Martinique,  appartenant  au 
châtelain  de Candais,  Pierre Pascal HENRIET.  Malheureu- 
sement  la  photocopie est illisible et l'acte  n'est  pas 
retranscrit.

n° 188,  octobre 1994 :  les changements de noms de  lieux 
pendant la Révolution; trois pages d'adresses utiles.





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