G.H.C. Numéro 66 : Décembre 1994 Page 1220
Une famille protestante : les GUIONNEAU
Magda von Guionneau : La Rochelle
Bernadette et Philippe Rossignol : Guadeloupe
voir 94-114 GUIONNEAU (Guadeloupe, 17°-18°)
Paul GUIONNEAU est né le 14 décembre 1633 à La
Rochelle. Il apprit le métier de tonnelier et était en
même temps marchand. Il s'est marié après le 20 avril 1662
avec Marguerite ESPIE, fille d'Abraham, professeur ès
bonnes lettres, et de Suzanne RENOU. Le dernier document
prouvant sa présence à La Rochelle est l'inhumation de sa
fille de six mois, Marguerite, le 30 septembre 1664. Il
avait sûrement encore au moins deux autres enfants :
- Suzanne qui, le 13 septembre 1709, fut naturalisée avec
sa mère à Amsterdam mais qui décéda sept jours plus tard,
probablement des suites d'une épidémie, et fut enterrée en
tant que jeune fille de feu (pas lisible avec certitude)
Paul GUIONNEAU.
- un fils (Pierre ?) qui mena un procès en 1711 afin de
récupérer les biens confisqués à son père en Guadeloupe
(mais qui refusa d'abjurer la religion protestante) : il
en découle que son père, Paul, était alors décédé (AN
Colonies C/8a/19, f° 23, 16 6 1711).
Marguerite ESPIE, la femme de Paul GUIONNEAU, n'est
pas décédée à Amsterdam ou ailleurs aux Pays-Bas mais
probablement repartie chez son fils.
Je suppose, sans avoir pu le confirmer à ce jour, que
le fils de Paul, s'il s'appelait bien Pierre, s'est établi
plus tard en tant que marchand dans la manufacture
anglaise de Lisbonne. De là, un neveu de Paul à Berlin
reçut des lettres (aujourd'hui perdues) d'un parent
proche.
La mère de Paul GUIONNEAU était Louise MAHAULT. Peut-
être Paul est-il parti pour la Guadeloupe avec un oncle ou
un cousin maternel car un lieu à proximité de l'Anse
Guyonneau porte le nom de Mahault, ainsi qu'une commune et
une baie au nord-est de Basse-Terre.
Les éléments généalogiques connus sont les suivants (tous
compléments bienvenus !) :
I Louis GUIONNEAU, tailleur à Villeneuve la Comtesse (17)
o ca 1550
x Ozanne GRIFFON
II Pierre GUIONNEAU, marchand à Villeneuve la Comtesse
+ 1628 ?
x Marie BOUCHET, de la Rochelle
o ca 1580
+ La Rochelle 19 2 1652
d'où au moins 5 enfants : Susanne, Jeanne, Simon,
Jacques, Théophile
III Simon GUIONNEAU, marchand de La Rochelle
o La Rochelle 28 5 1604
+ La Rochelle 23 11 1666
x Louise MAHAULT, fille de Nicolas, marchand de La
Rochelle (o ca 1580) et Susanne PORTAULT (o La
Rochelle ca 1588 + La Rochelle 1 4 1668) (frères et
soeurs de Louise : Susanne, Nicolas, Jean et Daniel)
o La Rochelle 14 3 1605
d'où au moins 6 enfants : Pierre (d'où un fils, Louis, à
Berlin et un autre, Henry, à Boston), Simon, Paul,
Susanne, Nicholas et Louise
IV Paul GUIONNEAU
marchand à La Rochelle en 1664, à la Guadeloupe en 1671
o La Rochelle 14 12 1633
+ /1711
x La Rochelle 14 3 1662 Marguerite ESPIE
+ 1709/
d'où au moins :
V
1 Madeleine GUIONNEAU
+ La Rochelle, 6 mois, 1664
2 Susanne GUIONNEAU
+ Amsterdam 1709
3 fils (Pierre ?) GUIONNEAU
en Guadeloupe en 1711
***
Les recherches en Guadeloupe confirment qu'il s'agit
bien de la même famille mais le seul fils de Paul et de
Marguerite que nous ayons trouvé se prénomme comme son
père et non pas Pierre. Nous avons suivi sa descendance
jusqu'à la fin du XVIIIe siècle. S'il y a plusieurs
enfants aux deux générations suivantes, un seul fils
chaque fois perpétue le nom.
Il est à remarquer que les GUIONNEAU font partie des
notables puisque Jean Baptiste, à la troisième génération,
est capitaine de milice commandant Pointe-Noire tandis que
son frère François Hilaire (apparemment sans postérité)
est officier de milice à Deshayes. A la génération
suivante, Jean Baptiste Josué, le fils du commandant de
Pointe-Noire, est aussi capitaine de milice, commandant
mais à Deshayes (où était son oncle); il est aussi
chevalier de St-Louis, récompense demandée pour lui en
1747 (C/8a/57, 19 septembre). Les filles épousent souvent
des officiers de milice ou fils d'officiers de milice.
En 1713, Paul GUYONNEAU étant mort huguenot, ses
biens ne pouvaient passer à ses enfants (C/8a/19).
Cependant, ils en héritèrent assez facilement. En 1728, on
signale l'arrivée à la Guadeloupe de "deux petits bateaux
anglais avec des nègres appartenant aux srs GUYONNEAU et
LEPINARD" (C/8a/39, 21 février). L'appartenance protes-
tante facilitait les rapports commerciaux avec les pays
protestants.
Par ailleurs, bien que, à la troisième génération, la
famille ait son banc à l'église, sous lequel ses membres
sont enterrés, les alliances se font dans le milieu
protestant ou descendant de protestants du Baillif et des
quartiers au nord du Baillif : les GODET, LE VANIER,
LEONARD par exemple. Les parrains et marraines sont aussi
de la mouvance protestante : les membres de la famille
bien sûr mais aussi les DUQUERRY ou les LE BRUN, par
exemple. On n'était plus protestant officiellement mais on
restait entre gens de la même sensibilité.
L'orthographe du nom est variable : GUIONEAU, GUIONNEAU,
GUYONNEAU.