G.H.C. Numéro 65 : Novembre 1994 Page 1193

Agathe ou Agatha ou Mimi LE BRETTON des CHAPELLES
Pierre Bardin

 (voir généalogie en pages 1159 à 1164)

     Dans le fonds Christian de Parrel aux Archives de  la 
Seine,  on  trouve  des éléments concernant cette  famille 
dont certains membres avaient émigré en Angleterre pendant 
la Révolution.
Actes à Londres :
- chapelle  du  Portugal,  29 12 1798,  baptême  de  Marie 
Alexandre Ernest,  né à Londres le 27, fils de Jean Joseph 
SAQUI  et de Marie Louise Claudine Jacquette  BRETTON  des 
CHAPELLES; parrain, Alexandre BRETTON des CHAPELLES repré- 
senté par Antoine Lambert;  marraine, Juliette BRETTON des 
CHAPELLES épouse de M. BAUDIN, représentée par Marie Duval 
Harwek (p. 1161, VI.1.2.1).
- Saint-Pancras,  19 6 1800,  enterrement de M. le marquis 
de SAQUI DESTOURETS,  capitaine de vaisseau, décédé le 17, 
54 ans (id.).
- chapelle des Saints-Anges,  20 1 1805, baptême d'Edmond, 
né  le  15,  fils  de François Antoine comte de  GOMER  et 
d'Agathe BRETTON des CHAPELLES;  parrain, Dominique de St-
Quentin;  marraine,  Catherine Victoire de St-Quentin  (p. 
1160, VI.1.1.4).
   Ce dernier baptême nous amène à reparler  d'Agathe,  en 
revenant  quelques années en arrière,  grâce à une  décou- 
verte  faite  par  hasard  dans  les  minutes  du  notaire 
parisien Tiron.

  Nous sommes le 22 août 1788. Ce jour-là, M. Jean Jacques 
Gatien  BRETTON des CHAPELLES,  de retour  de  St-Domingue 
après  y  avoir passé onze ans,  vient déposer un  certain 
nombre de lettres,  imprimés,  actes de  baptêmes,  décès, 
chez  le  notaire Tiron.  Il en ressort qu'Agathe ou  Mimi 
sont deux personnes complètement différentes,  que  Madame 
BRETTON  des CHAPELLES s'était retirée à la  campagne,  au 
prieuré  de  la  Fontaine aux Bois,  où on  lui  demandera 
"d'adopter" une orpheline, que celle-ci sera baptisée sous 
le  prénom  d'Agathe  le 21  juin  1782.  M.  BRETTON  des 
CHAPELLES dira que tout ceci est vrai et que cette  orphe- 
line ne pourra prétendre s'introduire dans une famille qui 
lui  est  étrangère.  Tout  ceci  est  déclenché  par  les 
négociants  ROMBERG,  BAPST et Cie,  de Bordeaux,  qui  ne 
veulent  pas  reconnaître que Mme BRETTON des CHAPELLES  a 
deux enfants à charge et lui verser les sommes nécessaires 
à prendre sur des arrangements financiers  antérieurs.  Ce 
qui  prouve que les négociants étaient bien renseignés sur 
les familles des îles.

  L'acte  notarié donne des précisions d'état civil  :  le 
mariage de Jean Jacques Gatien a été célébré à St-Marc  le 
8 janvier 1771. Les enfants sont :
- Marie Claude Pierrette Gatienne Eugénie
  o St-Marc 11 1 b 29 4 1772 + St-Marc 24 11 1773
- François Pierre Claude Gatien 
  o St-Marc 21 3 b 3 6 1773 (seul vivant en 1788)
- Marie Geneviève Pierre Gatien (fille)
  o Paris 16 12 1776 b 17 St-Eustache
  + Breil diocèse d'Angers 29 9 1777 (alors nommée par 
    erreur Marie Geneviève Perrine Eugénie)

  L'acte  retranscrit  aussi  une lettre de  la  dame  des 
CHAPELLES  à son mari,  "alors à St-Domingue où  il  était 
repassé  en  1777 et où il est resté constamment  et  sans 
absence jusqu'en avril 1788", lettre contenant ces mots : 
"A  propos  de Mimi (qui était une orpheline dont la  dite 
dame DESCHAPELLES était marraine et dont les père et  mère 
de la dite dame DESCHAPELLES prenaient soin à St-Domingue) 
je vais te dire une singulière chose qui m'est arrivée peu 
de  temps  après mon arrivée à la campagne (le prieuré  de 
Sourdun où la dite dame habitait depuis peu) : on a exposé 
une enfant à ma porte avec une lettre qui m'était adressée 
pour  m'engager  de garder cette  petite  malheureuse  qui 
avait  près  de six semaines;  elle était belle  comme  le 
jour. Mon fils m'a tant priée de la garder que je n'ai pas 
pu m'y refuser. Je n'en suis pas fâchée à présent; ce sera 
une  petite compagnie pour moi quand je retournerai  à  la 
campagne.  Cette  petite est bien jolie et  bien  intéres- 
sante;  enfin,  tu  connais mon faible pour les  enfants : 
Mimi en est un exemple."

  Que  se passa-t-il entre cette date du 22 août  1788  et 
celle du 14 octobre 1790 ?  Mystère. Toujours est-il qu'un 
huissier  se  présente alors chez le notaire Tiron et  lui 
intime  l'ordre,  par un arrêt de la cour du Parlement  de 
rectifier  l'acte de baptême d'Agathe dans les formes  que 
nous  allons  lire (nous mettons entre parenthèses ce  qui 
est  rayé  dans l'acte et à la suite ce qui  remplace  ces 
lignes et qui est écrit en marge) :

Extrait du registre de St-Pierre de Montmartre :

Le  vendredi 21 juin 1782 a été baptisée (sous  condition) 
une  fille  âgée  de deux ans et demi environ (qui  a  été 
exposée dans le prieuré de La Fontaine aux Bois,  forêt de 
Sourdun paroisse de Mêle diocèse de Sens,  dénommée Agathe 
dans  un  billet adressé à Madame  Marie  Claude  Eléonore 
Alexandrine  GUITON  épouse de Mre Jean Jacques Gatien  LE 
BRETON  des  CHAPELLES,  Conseiller du  Roi,  Sénéchal  et 
Lieutenant de l'amirauté dans la ville de St-Marc, isle et 
côte St-Domingue,  que l'on prie de se charger de l'enfant 
et qui effectivement en prend soin,  qui nous a requis  de 
la  baptiser  sous condition,  la dite dame demeurant  rue 
Royale  de  cette paroisse).  Le  parrain  Messire  Pierre 
Claude  Gatien  LE BRETON des CHAPELLES,  fils  mineur  du 
susnommé  et de la dite dame GUITON;  la  marraine  Louise 
Sophie  BOURDET  épouse  de  Mre  Jean  Philibert  QUANTIN 
DEVILLIERS  chevalier  seigneur  de Villiers sur  Orge  et 
capitaine à la suite de la cavalerie.

Les mots rayés sont remplacés comme suit :
Agathe,  fille âgée de deux ans et demi environ, étant née 
le  16  décembre 1779 au prieuré de la Fontaine aux  Bois, 
forêt  de Sourdun,  paroisse de Mesle,  diocèse  de  Sens, 
issue  du  mariage  de  Jean  Jacques  Gatien  BRETON  des 
CHAPELLES (suite comme ci-dessus), y demeurant (à St-Marc) 
et  de Marie Claude Eléonore Alexandrine GUITON  sa femme, 
celle-ci présente, le père absent. 14 octobre 1790.

(La  paroisse  de naissance doit être  Melz-sur-Seine,  en 
Seine-et-Marne, entre Provins et Nogent-sur-Seine) 






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