G.H.C. Numéro 54 : Novembre 1993 Page 899
De l'Hérault aux Saintes : les LOGNOS
Pierre Bardin
Je tiens avant toutes choses à remercier Roger Guy,
demeurant à Béziers, dont la compétence et la gentillesse
ont permis de situer géographiquement le lieu d'origine de
la famille, d'en raconter succintement l'histoire et de
dresser l'ascendance de Jean-Pierre, parti pour les
Antilles où il fit souche à Terre de Haut (Saintes).
Le patronyme occitan LOGNOS (on prononce LOG-NOS) est
rare et peu porté aujourd'hui. Le berceau familial est le
hameau de Laurenque dans la vallée de l'Orb (il y pousse
des orangers), situé à 28 kms au nord-ouest de Béziers. On
pense que les LOGNOS y vivaient dès le Moyen-Age. Dans le
courant du XVIe siècle, ils partirent s'installer dans
deux villages voisins, Roquebrun et Saint-Nazaire de
Ladarez où un ancêtre de notre Jean-Pierre deviendra
consul vers 1700. Un Jacques LOGNOS, né en 1760, va
s'établir à Béziers où son fils Hippolyte, né le 29
fructidor an 13 (16 9 1805), se rendra célèbre, non pas
comme riche négociant (son vrai métier) mais comme maire,
de 1851 à 1856. En effet, en 1852, partisan de Napoléon
III, il soutient le coup d'état du 2 décembre et fait
réprimer une insurrection populaire menée par l'ancien
maire, Casimir PERET. Bilan : 70 morts, 750 déportés, 2
condamnés à la guillotine et déportation à Cayenne de
Casimir PERET qui y mourut en tentant de s'évader.
Aujourd'hui, s'il n'y a plus de LOGNOS à Laurenque et
Saint-Nazaire de Ladarez, le nom reste représenté à
Vieussan, Roquebrun, Cazouls lès Béziers, Agde, Bessan,
Montpellier et Saint-Georges d'Orques. A Béziers ne
vivent plus que deux veuves LOGNOS dont les maris étaient
originaires de Laurenque.
Saint-Nazaire de Ladarez, village de 350 habitants à
32 kms de Béziers, a conservé ses registres paroissiaux,
le plus ancien daté de 1689. Les registres de Roquebrun et
Laurenque sont déposés aux Archives départementales et ne
commencent qu'en 1738. Malgré les "trous" inévitables, il
a été possible de retrouver les ascendants directs de
Jean-Pierre, parti "vers les Amériques" à une date
inconnue. Part-il pour la Guadeloupe comme soldat ou pour
"y faire fortune" en perfectionnant son métier de
cordonnier ? Lors de son mariage à Terre de Haut des
Saintes, son premier témoin n'est autre, en effet, que
Pierre SOLIER, maître cordonnier à Basse-Terre. Son
mariage avec Marie Antoinette DEHER va le faire entrer de
plain pied dans l'histoire de l'archipel guadeloupéen
puisque les DEHER figurent parmi les premiers habitants,
recensés parmi les protestants de 1687 et très vite passés
de Mont-Carmel aux Saintes. A l'instar de son ancêtre
consul de Saint-Nazaire de Ladarez, Jean-Pierre LOGNOS
deviendra maire de Terre de Haut.
Les LOGNOS sont surtout installés à Terre de Haut,
plus précisément au Fonds Curé, qui est en quelque sorte
le creuset antillais de la famille. Certains en partiront
pour Trois-Rivières ou Gourbeyre; une seule personne
s'installera à Pointe-à-Pitre, Marie-Anne, arrière-grand-
mère de notre correspondante (voir GHC 38, 92-118, page
579). Marie-Anne mettra au monde, en 1882, dans la maison
de son père Jean-Pierre, un "enfant naturel" prénommé
Parfait Joseph Célestin Albert. Elle le reconnaîtra pour
son fils en 1884, lui permettant ainsi de porter le nom de
LOGNOS, partira s'installer à Pointe-à-Pitre, à l'angle
des rues Frébault et Abbé Grégoire, et y décèdera en 1913.
Cet enfant aurait pour père, selon la tradition fami-
liale, un enseigne de vaisseau âgé de 32 ans nommé
Philippe de CHARTRAND. Notons qu'en 1882, Marie Anne a 32
ans et qu'elle est veuve de Christophe BAUMANN, caporal
dans une compagnie disciplinaire. Succomber aux charmes
d'un bel officier de marine dans la douceur de la nuit
saintoise, rien de plus naturel. Mais cette tradition
familiale, si elle repose sur un fond de vérité, se heurte
à un obstacle majeur : il n'y a pas de dossier d'officier
au nom de Philippe de CHARTRAND aux Archives de la Marine
à Vincennes. Ajoutons qu'à 32 ans, on a passé le grade
d'enseigne. Alors ? L'hypothèse d'un officier de la marine
marchande n'est pas à écarter et, si elle n'enlève rien au
romantisme de l'aventure, complique sérieusement la
recherche. Autre hypothèse, celle d'une rencontre avec un
militaire du 1er ou 2ème RIMA, dont on trouve la présence
comme témoins dans de nombreux actes aux Saintes à cette
époque. Signalons enfin qu'un Antoine LOGNOS figure en
1875 dans les archives du 1er RIMA à Vincennes. Compte
tenu de la rareté du patronyme, on peut imaginer qu'il est
originaire de l'Hérault et peut-être vint-il saluer des
cousins éloignés.
Voilà tout ce qu'il est possible de dire en l'état
actuel des investigations effectuées.
Les LOGNOS dans l'Hérault
I Jacques LOGNOS, né à Laurenque
x Roquebrun ca 1660 Marie GAILLARD
II André LOGNOS, consul de St-Nazaire-de-Ladarez
o ca 1665
+ St-Nazaire-de-Ladarez 27 12 1710, 45 ans
ax St-Nazaire-de-Ladarez 7 1 1691 Jeanne GRANIER
bx 2 1 1696 Louise GELIE
o ca 1668 + 20 1 1733, 65 ans
III Jean LOGNOS
o St-Nazaire-de-Ladarez 26 2 1704
x 4 6 1724 Suzanne TABARIÉ fille de Jean, régent des
écoles, et Madeleine GASQ
o St-Nazaire-de-Ladarez 19 11 1703
+ St-Nazaire-de-Ladarez 1 1 1778
IV André LOGNOS, cultivateur
o 16 10 1729 + ?
x 2 2 1760 Françoise DURAND fille de Joseph et Françoise
CAYROL (x St-Nazaire-de-Ladarez 13 11 1736
o St-Nazaire-de-Ladarez 29 5 1738 + ?
V André LOGNOS
o St-Nazaire-de-Ladarez 15 11 1773
+ St-Nazaire-de-Ladarez 8 1 1851
x St-Nazaire-de-Ladarez 21 nivôse XII (12 1 1804) Anne
ARMAN fille de Simon, cultivateur, et Anne CAYROL
(x St-Nazaire-de-Ladarez 16 2 1781)
o St-Nazaire-de-Ladarez 1 9 1782
+ St-Nazaire-de-Ladarez 28 2 1850
VI Jean-Pierre LOGNOS
o St-Nazaire-de-Ladarez 25 4 1812