G.H.C. Numéro 53 : Octobre 1993 Page 876
Des Antillais venus de Moselle
Bernadette et Philippe Rossignol
Un court passage imprévu à Metz nous a permis de
faire quelques recherches dans les archives départemen-
tales (un superbe bâtiment à St-Julien-lès-Metz, inauguré
l'an dernier) et municipales.
Avant de vous en livrer le fruit, nous tenons à dire
notre admiration et notre reconnaissance aux responsables
et au personnel de ces deux centres d'archives, pour leur
amabilité et leur efficacité : voilà une conception du
"service public" comme on aimerait en rencontrer plus
souvent ! Le bulletin de liaison des services d'archives
de Lorraine, "Archives lorraines", n° 5, de juin 1993, qui
nous a été offert par la directrice des archives munici-
pales de Metz, reflète cet état d'esprit : pas d'esbroufe
mais une mine de renseignements pratiques, précis, bien
présentés, pour aider tout chercheur sans exclusive, tant
historien qu'étudiant ou généalogiste. Par exemple, un
dossier important sur les archives notariales de Lorraine
déposées ou la liste des "travaux scientifiques élaborés
en 1992 à partir des archives lorraines".
Grâces soient rendues aussi aux généalogistes des
cercles lorrains pour leurs travaux de dépouillement des
mariages qui nous ont fait gagner un temps précieux, à
nous qui n'étions que de passage. Ils suivent d'ailleurs
les traces de ceux qui ont établi les tables décennales de
Metz depuis 1730, toutes paroisses confondues, instruments
ô combien utiles quand on sait qu'il y a 15 paroisses et 5
hôpitaux, sans compter les protestants !
Bienheureux êtes-vous si vous avez des ancêtres
lorrains. Malheureusement, le cas est rare aux Antilles et
notre moisson n'est guère riche !
Secours aux réfugiés de St-Domingue
Archives départementales 93 M1/2
Une seule chemise dans ce carton concerne les secours
aux réfugiés. Certains les reçoivent, d'autres les
sollicitent.
Dans le département, trois familles d'anciens
propriétaires de St-Domingue reçoivent des secours en
1822. Il s'agit d'Etienne Gabriel BOURDON, avec une femme
et huit enfants en bas âge; Madame DALON veuve THOMAS qui
a huit enfants dont un militaire et doit "travailler en
lingerie" pour les faire vivre; la demoiselle Belzamine de
FENVILLE qui ne possède absolument rien et vient d'épouser
le sieur LAMANIèRE, officier retraité qui n'a qu'une
pension de 600F.
Trois personnes sollicitent des secours à la même
période :
- François SCHMALTZ (ou SCHMALTH), ancien colon de Saint-
Domingue (une chemise, vide, intitulée "copie des titres"
cite des inventaires, recensements, ventes, concession,
arpentages et plans, mais ne précise pas dans quel
quartier de l'île ni les dates, ni les notaires). En 1823,
il est percepteur à Remilly et n'a d'autre ressource que
son traitement de 1.200 francs. Marié, il a deux enfants,
Adélaïde (o 11 9 1821) et Henriette (o 25 2 1824). On le
renvoie devant le comité des colons notables pour faire
examiner ses titres d'ancien propriétaire.
- La demoiselle DURAGET "appartient à une famille qui a
tout perdu par la Révolution. Son père a émigré et n'a
rien recouvré de ses biens." Il est trésorier de l'école
d'application de l'artillerie et du génie. La fortune de
sa mère a "été engloutie dans les désastres de Saint-
Domingue".
- Jean Jacques Nicolas DIDIOT est celui sur lequel les
documents sont les plus nombreux. Contrairement aux
précédents, ils nous informent sur ses propriétés dans
l'île et leur localisation et les renseignements généalo-
giques sont plus précis. En 1820, il a cinquante ans et il
est veuf d'Anne Françoise Madeleine Catherine Justine de
MAIGRET dont les parents, décédés comme elle à Longwy,
recevaient les secours comme propriétaires de trois habi-
tations caféières au Port Margot, au Pillate, canton de
Plaisance, et au Grand Boucaut dans la Plaine du Nord, "le
tout sous la domination de Christophe". Les héritiers de
ces propriétés perdues sont les six enfants DIDIOT,
mineurs : François Jacques Auguste 22 ans, François Michel
Virgile 18 ans, Anne Justine 16 ans, Charles Jean Louis 13
ans, Jules Joseph 11 ans et Louise 4 ans. Les demandes de
secours permettent de suivre les pérégrinations de la
famille d'août 1820 à septembre 1823 : de Longwy à La
Grandville, canton de Longuyon, où M. de LAMBERTY les
logeait gratuitement, puis à Hayange, arrondissement de
Thionville où le père DIDIOT travaillait dans les forges
de M. de WENDEL. En 1823, il ne recevait toujours rien.
Biographies et généalogies publiées
consultées aux archives communales
Deux livres nous ont donné beaucoup d'informations sur des
familles que nous recherchions. Impossible de les
dépouiller entièrement en si peu de temps :
- "Parlement de Metz, tome 2 : Biographie" E. Michel. Nous
y avons consulté les notices sur Pierre de BOLOGNE,
Alexandre Jacques de BONGARS, François BARBÉ de MARBOIS,
Antoine de RICOUART, Maurice et Chrétien TABOUILLOT, tous
nés ou ayant servi aux Antilles et membres du parlement de
Metz à une période de leur existence.
- "Documents généalogiques d'après les registres de
paroisses (1561-1792)" abbé F.J. Poirier, Paris 1899. Nous
y avons trouvé, "toute faite" l'ascendance de deux guade-
loupéens, Gabriel MAMIEL et Chrétien TABOUILLOT. Nous les
résumons ci-après, en complétant par les données généalo-
giques en Guadeloupe.
De la Moselle à la Guadeloupe :
Chrétien TABOUILLOT
Armes : d'argent à la fasce d'azur chargée de trois
étoiles d'argent, accompagnée en chef d'un cor de chasse
et en pointe d'une gerbe de blé de sable.
I Jean TABOUILLOT x Marguerite QUILLET
II François TABOUILLOT
directeur des fourrages à Damvillers (55)
o Damvillers ca 1671, à Metz depuis 1694
x Metz (St-Simplice) Françoise HANNETTE fille de +
Benoît et Claude JOBAR
o ca 1676