G.H.C. Numéro 52 : Septembre 1993 Page 856
Gens des villes : de tissier à notaire, les GUILLIOD
Bernadette et Philippe Rossignol
Les questions de Claude Rénier et Pierre Fissier
92-130) et les recherches en métropole de ce dernier
page 788) nous ont conduits à nous intéresser à cette
amille dont le nom est porté par deux notaires de Guade-
oupe dans la seconde moitié du XIXe siècle, à Pointe-à-
itre et Basse-Terre, Jean François GUILLIOD, qui exerça
e janvier 1843 au 9 mai 1889, et Louis GUILLIOD, peut-
tre son fils, qui exerça de janvier 1873 au 1er juin
895. Le microfilmage de l'état civil n'allant pas au-delà
e 1870, nous n'avons pas les moyens de vérifier cette
iliation.
Nous reprenons ici l'essentiel des renseignements
éjà donnés dans des numéros précédents de GHC mais nous
ignalons que le nombre grandissant des naissances
UILLIOD à partir de 1830 à peu près, ainsi que l'impossi-
ilité de consulter l'état civil postérieur à 1870 nous
bligent à nous arrêter à la troisième génération. Nous
ndiquons cependant les éléments de la quatrième géné-
ation que nous avons repérés.
Avant de donner la généalogie reconstituée, il nous
emble utile de commenter quelques éléments caractéris-
iques qui ressortent de son étude.
A Saint-Trivier-de-Courtes, dans le nord de l'actuel
épartement de l'Ain, à quinze kilomètres de la Saône,
onc de la grand'route entre Lyon et Paris, se trouvait
ne famille de tissiers (tisserands), les GUILLOD ou
UILIOD, ou GUILLIOT : le père savait écrire mais même
'orthographe de son nom n'était pas très sûre. François
t son épouse Marie MONERET eurent au moins deux fils dont
'un mourut à un an et l'autre, Pierre Joseph, né en 1740
t dont le parrain aussi était tissier, s'embarqua pour la
uadeloupe.
Il s'établit à Mont-Carmel, la plus ancienne des deux
aroisses de Basse-Terre, où il épousa Marie Anne CASSARD,
la fille d'un tailleur d'habits dont le père était venu de
Nantes au début du XVIIIe siècle mais dont les mère et
grand-mère paternelle étaient créoles : on retrouve donc
le schéma antillais des métropolitains qui épousent des
créoles.
Pour un fils de tissier, épouser la fille d'un
tailleur d'habits, c'est rester dans le même type
d'activités.
Cependant, le temps passant, il change de métier
puisqu'on le trouve mentionné comme "maître cordonnier" en
1782-83 : il est passé des tissus aux vêtements et des
vêtements aux chaussures. Son ascension sociale se
confirme puisqu'il quitte l'artisanat pour passer dans le
commerce et quitte en même temps la paroisse du Mont-
Carmel pour le bourg de Saint-François Basse-Terre où se
regroupaient les commerçants et négociants. C'est là que
naissent ses enfants à partir de 1784; il est alors
"marchand" et même, en 1786, "négociant" mais c'est en le
qualifiant de "marchand" de nouveau que viennent déclarer
son décès, en l'an VII, un imprimeur, François Joseph
CABRE (le premier du nom en Guadeloupe, père du docteur
CABRE), et Jean VIGUIER dit LANGUEDOC.
On remarquera ci-après, dans les parrainages de ses
nombreux enfants, les métiers indiqués : un aubergiste, un
boulanger, un marchand, tout le petit monde de la ville.
A la génération suivante, on retrouve l'artisanat et
le commerce, mais spécialisés et de plus haut niveau : les
fils sont "orfèvre" ou "maître orfèvre" ou "marchand
orfèvre". Ces métiers du "luxe" leur permettront à la fin
de leur vie d'être "propriétaires"; attention, pas
"habitants", ils ne sont pas passés de la ville à la
campagne, du négoce à l'habitation, mais ils ont acheté
une maison en ville pour y finir leurs jours parmi les
notables.
Cependant, le huitième enfant et dernier garçon
survivant, Elie, le seul dont nous n'ayons pas retrouvé
l'acte de baptême mais qui est dit natif de Basse-Terre à
son décès et dont la filiation ne fait aucun doute, aban-
donne le métier d'orfèvre, qu'il a commencé à exercer
comme ses aînés, pour devenir "pharmacien". Alors que ses
aînés se sont mariés, lui vit avec Marguerite Blandine,
femme de couleur (à qui on ne donne le nom de DUPRÉ qu'une
seule fois, lors du mariage de son fils Saint-Prix en
1837; elle est alors "marchande à Basse-Terre"). Il en a
deux fils, à Basse-Terre, puis part avec elle pour Marie-
Galante où s'est déjà établi l'aîné de ses frères. Là
naissent deux filles. Ce n'est que tardivement, le 8 août
1831, qu'il reconnaît les quatre enfants, à Grand-Bourg,
avant de revenir à Basse-Terre où il meurt à 43 ans, deux
mois plus tard. Les reconnaissances tardives, suivies peu
après du décès du père, ne sont pas rares dans les
registres des Antilles.
Ses deux fils, l'un employé des douanes et l'autre
ferblantier, se marient à 23 et 20 ans avec des filles
naturelles elles aussi et ils auront de nombreux enfants à
Basse-Terre.
A la troisième génération, à part les enfants d'Elie
évoqués ci-dessus, se multiplient aussi les enfants des
filles GUILLIOD et de leurs frères, le capitaine
d'artillerie devenu habitant à Marie-Galante et les deux
orfèvres. C'est l'un d'eux, Jean-François, né en 1816, qui
deviendra notaire à Pointe-à-Pitre après un passage, lui
aussi, à Marie-Galante.
Quant à la quatrième génération, nous ne pouvons rien
en dire car nous n'avons que les naissances de certains
des enfants qui montrent cependant l'accroissement de la
famille répartie principalement entre Basse-Terre, Marie-
Galante et Pointe-à-Pitre. Il y a sûrement des actes et
des branches ailleurs mais nous ne nous sommes pas
acharnés à les retrouver !
Eléments de généalogie
En France, à Saint-Trivier-de-Courtes (Ain)
François GUILLIOT, tissier x Marie MONERET
1 Pierre Joseph GUILLOD
o 3 b 4 3 1740 p Joseph Long, tissier, m Anne Marie
Foelix, femme de Claude Decours, laboureur à Vernoux,
paroisse de Romeney, tous illettrés sauf le père
2 Joseph Emmanuel GUILLIOT
b 19 3 1742, p Emmanuel Coquette, m Marie Claudine
Callandre, qui ont tous signé
+ 20 (+) 21 4 1743, d par le père, Philippe Mare,
tissier, et Jean Emmanuel Coquette