G.H.C. Numéro 52 : Septembre 1993 Page 848

L'habitation Desmarais de Basse-Terre Extra-Muros
Gérard Lafleur

Nota  :  Cet  article  vient  en  complément  à  l'article 
"Comment  Messieurs de JAMES et de MAZIÉRAS sont morts  en 
Guadeloupe" (GHC 50, juin 1993, pages 812-813)

     La  tradition  orale familiale concernant la mort  de 
ces   messieurs  est  intéressante  car  elle  montre   la 
perception que les propriétaires non-résidants avaient  de 
la  Guadeloupe  dans  la deuxième moitié du  XIXe  siècle, 
d'autant  que ceux-ci ne devinrent propriétaires  qu'après 
une  succession d'héritages et,  si les  ancêtres  avaient 
vécu en Guadeloupe jusqu'à la Révolution française,  leurs 
descendants  vivaient  en métropole et se contentaient  de 
recevoir des revenus qui s'amenuisaient de plus en plus.

     Les deux beaux-frères se rendirent en Guadeloupe pour 
régler  les  problèmes financiers en rapport avec  l'habi- 
tation  Desmarais.  Elle était complètement obérée et  les 
sommes qui étaient dues au gérant Jean LABAN se  montaient 
à  8.608,12F  au 16 décembre 1870,  somme très  importante 
quand on sait qu'à la suite de ses plaintes elle fut  mise 
en vente,  après une saisie immobilière, pour une première 
mise à prix de 10.000F.
     Les  héritiers  restés en métropole,  en  raison  des 
relations  très  difficiles avec les  responsables  de  la 
gestion  sur place,  purent penser que la mort subite  des 
deux  beaux-frères  avait  des causes  non  naturelles  et 
notamment  l'empoisonnement  de la part de ceux  qui  leur 
réclamaient  de l'argent alors qu'ils auraient dû leur  en 
envoyer.  On  retrouve  ici  cette croyance  au  maniement 
facile du poison dans les relations conflictuelles.

     Les   soeurs  de  LAPORTE  descendaient  des   GODET-
DESMARAIS,  de  Théodore GODET et non de François  Gilbert 
GODET-DESMARAIS  de  Bouillante.   Ce  dernier  fonda  une 
branche familiale différente dès la deuxième génération de 
la présence des GODET en Guadeloupe.  Il possédait l'habi- 
tation  Desmarais  de Bouillante située au nord  du  bourg 
dans la section Pigeon.  Emigré lors de la Révolution,  il 
récupéra son habitation dès son retour en 1802 mais, nommé 
président de la cour d'appel de Basse-Terre,  il en laissa 
la  gestion  à  son frère et à son neveu et  s'installa  à 
Basse-Terre,  en  ville et non sur l'habitation  Desmarais 
qui appartenait aux filles de Théodore GODET et Magdeleine 
CHEVALLIER et à leur oncle François. 

     Mais reprenons dès le début :
     Au  XVIIe siècle,  en 1687,  sur le dénombrement  des 
gens  de  la  RPR  (Religion  Prétendue  Réformée),   sont 
inscrits  les deux frères GODET,  l'un  DUBROIS-GODET,  21 
ans,  natif de Marennes,  et l'autre,  François GODET,  17 
ans; ils sont marchands.
  De ces deux frères sont issus les GODET-DESMARAIS et les 
GODET-DUBROIS. 

  Je pensais d'abord que les GODET-DESMARAIS  descendaient 
de  François GODET et les GODET-DUBROIS de  DUBROIS-GODET. 
En  réalité,  je m'y perds un peu car il existait un autre 
GODET, Théodore (Theodorus), né vers 1670, émigré à Saint-
Eustache,  riche  négociant  qui épousa Sarah  LE  ROUX  à 
Antigues  vers 1700 et qui se faisait appeler aussi GODET-
DUBROIS.   

     L'ancêtre   des  soeurs  LAPORTE  était  le   premier 
DUBROIS-GODET.  Il  épousa Allette VANSUSTREN (Aliette VAN 
SUSTEREN). 
  De  ce  mariage,  ils  eurent  au  moins  deux  enfants, 
François GODET, né à Basse-Terre le 15 avril 1714, baptisé 
le 5 mai au Mont-Carmel, et Théodore GODET.
  Le  premier  resta  célibataire  et  le  second   épousa 
Magdeleine  CHEVALLIER.  Tous deux sont morts avant  1755, 
l'épouse d'abord,  puis le mari. L'inventaire des biens de 
la succession fut effectué après le décès de Théodore,  le 
21 avril 1755.  L'habitation appartenant aux deux  frères, 
François  GODET-DESMARAIS  fut élu tuteur de  ses  nièces, 
Madeleine Adélaïde, Charlotte et Anne-Rachel. 
  L'oncle  et les nièces émigrèrent lors de la Révolution. 
François GODET-DESMARAIS mourut à Montserrat et les  trois 
soeurs  au  retour  récupérèrent  l'héritage.  Voici  leur 
descendance :

1 Madeleine Adélaïde GODET
  x Charles Michel MARTIN de BONSONGE
2 Charlotte GODET
  x RICHIER frère (sans postérité ?)
3 Anne-Rachel GODET
  x RICHIER aîné

1.1 Jeanne Louise MARTIN de BONSONGE
  x Charles François BOSCAL de RÉAL
1.2 Henri André MARTIN de BONSONGE

2.1 Adélaïde de RICHIER
  x Alexis Claude François de LAGUARRIGUE
  Pas de descendance.
  L'héritière est la nièce de son mari, Marie Antoinette 
  de LAGUARRIGUE x Edouard LOCQUET de BLOSSAC, qui renonce 
  à l'héritage en échange d'une rente.

1.1.1 Charlotte Félicité BOSCAL de RÉAL
      x Simon Gaspard Alphonse de LAPORTE
      d'où :
          1 Marie Caroline Zoé de LAPORTE
            x Jacques Ludovic de FREINS de MAZIÉRAS
          2 Félicité Marie Caroline de LAPORTE
            x Jean Gustave de JAMES
          3 Clotilde Joséphine de LAPORTE
            x Prosper de JAMES
1.2.1 Henri Auguste MARTIN de BONSONGE
1.2.2 Alexis Charles Jules MARTIN de BONSONGE
1.2.3 Adélaïde Charles MARTIN de BONSONGE
      x Léon Charles de BEAUCHAMP

  En 1845, l'habitation appartenait aux MARTIN de BONSONGE 
et à Charlotte Félicité de BOSCAL.  Le partage eut lieu  à 
ce  moment,  les  premiers prirent l'habitation Galbas  de 
Sainte-Rose  et Charlotte Félicité de BOSCAL  l'habitation 
Desmarais de Saint-Claude (Basse-Terre Extra-Muros) et son 
père en eut l'usufruit jusqu'à sa mort.
  Comme je ne sais pas quand celui-ci est décédé,  il  est 
possible que cela se situe aux environs de 1868 et que les 
deux  beaux-frères  se  soient rendus en  Guadeloupe  pour 
régler la succession qui comprenait l'habitation Desmarais 
de Saint-Claude. 




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