G.H.C. Numéro 52 : Septembre 1993 Page 845

ÉMIGRATION

   A partir de 1946,  la tendance a été à l'intégration ou 
à  la  naturalisation  qui facilite  l'accès  au  travail. 
Cependant,   nombreux  sont  les  émigrés  ou  descendants 
d'émigrés qui n'ont pu acquérir la nationalité  panaméenne 
et ne sont pas en mesure de prouver leur possession d'état 
de français.
    Depuis la création, en décembre 1984, de l'Association 
Martinique-Panama,  cette  communauté oubliée est en train 
de renouer des relations avec ses origines, martiniquaises 
en particulier.

       Les îles du nord de l'archipel guadeloupéen
                     et l'émigration

- Les Saint-Martinois, migrants temporaires

     Autrefois,  les  anciens travailleurs des plantations 
de Saint-Martin allaient chercher une embauche saisonnière 
dans les îles sucrières de Saint-Domingue, Cuba et même de 
Guadeloupe.
Chaque  année,  cinq ou six bateaux chargés de 150  à  200 
coupeurs  partaient pour Saint-Domingue à la fin  décembre 
et  revenaient  au mois de juin,  à la fin de la  campagne 
sucrière.  Ce  courant  de migration  saisonnière  a  duré 
jusqu'en 1939, date à laquelle il a été interrompu par une 
décision du gouvernement dominicain.

     Après  la seconde guerre mondiale et jusque vers  les 
années  70,  les ressortissants de la partie française  de 
Saint-Martin se sont alors tournés vers les raffineries de 
pétrole  installées au large du Venezuela,  dans les  îles 
hollandaises  de Curaçao et d'Aruba.  Ils y bénéficiaient, 
en  effet,  grâce  aux relations de bon  voisinage  qu'ils 
entretenaient  avec les Hollandais  de  Saint-Martin,  des 
mêmes    conditions   d'immigration   que   les   citoyens 
hollandais. Ils allaient surtout à Aruba où existe une rue 
s'appelant  "Saint  Maarten straat" et un "Club  des  Iles 
françaises   du  Vent"  où  se  retrouvaient  les   Saint-
Martinois.
     Aux  termes  des  contrats  conclus  avec  la  Shell, 
l'engagement  de  travail  était de  trois  ans,  au  bout 
desquels  la société payait le voyage aller/retour et  six 
mois de congé dans la famille.

     Au cours des années 60, on pouvait estimer à 1.500 le 
nombre de ces émigrés temporaires.

- L'émigration des Saint-Barths vers les Iles Vierges

     Dès  avant  la rétrocession par la  Suède  de  Saint-
Barthélemy  à la France,  en 1878,  les habitants de l'île 
émigraient  vers  les Iles  Vierges,  alors  danoises,  et 
Saint-Thomas  en  particulier.  La  première  installation 
d'une petite colonie de "Saint-Barths" près de la capitale 
de  Saint-Thomas,  Charlotte Amalie,  semble remonter  aux 
environs de 1850. En effet, signalant en 1916 l'engagement 
volontaire  de onze Saint-Barths de  Saint-Thomas,  l'Echo 
des  Antilles  ajoute :  "Ils proviennent  d'une  ancienne 
colonie  de  Normands  qui,  fuyant la  misère  de  Saint-
Barthélemy, vint s'établir il y a plus de 70 ans auprès de 
la ville,  sur une plage,  désignée depuis sous le nom  de 
"Carénage".
Plus de la moitié de ceux qui partaient ne revenaient plus 
dans leur île natale si ce n'est,  éventuellement,  pour y 
prendre  épouse  et repartir.  Dès 1907,  leur nombre  est 
suffisamment  important  pour  que  soit   inaugurée,   au 
Carénage de Saint-Thomas, une école française qui leur est 
destinée.  A  la suite de la cession,  en 1917,  des  Iles 
Vierges  danoises aux Etats-Unis d'Amérique,  l'émigration 
des  travailleurs  de Saint-Barthélemy  vers  Saint-Thomas 
s'est  accélérée.  Elle n'était parfois  d'ailleurs  qu'un 
relais  sur  la route des Etats-Unis.  Ils  s'embauchaient 
comme garçons d'hôtel, chauffeurs ou magasiniers; certains 
devenaient commerçants,  gérants de grandes propriétés  ou 
même propriétaires exportants.
Georges   Bourdin  signale  qu'après  la  seconde   guerre 
mondiale,  "subissant moins d'entraves,  l'émigration vers 
Saint-Thomas  devient de plus en plus forte,  qu'elle soit 
passagère  ou  définitive,  tout en ayant  tendance  à  se 
stabiliser, ainsi que celle vers les Etats-Unis, alors que 
celle vers la Guadeloupe,  Saint-Christophe, Curaçao tombe 
pratiquement  à rien;  en réalité,  de nos jours elle  est 
inexistante".
Dans  les années 50,  ils étaient environ 1.200  installés 
dans  le  quartier du Carénage appelé par  les  Américains 
"Chacha  Town",  formant  une  communauté  homogène  ayant 
conservé  les  habitudes  et  le  français  de  leur   île 
d'origine.  En  1968,  la population originaire de  Saint-
Barthélemy  résidant dans les Iles Vierges américaines  et 
aux  Etats-Unis  pouvait  être  estimée  à  environ  3.000 
personnes,  en y incluant ceux devenus américains et leurs 
familles.

(*) Cette référence renvoie au dictionnaire encyclopédique 
Desormeaux où a paru l'article ci-dessus. 

Bibliographie
  Abénon, L.R. et Dauphite, M.
Les Guadeloupéens réfugiés à Saint-Pierre de 1794 à 1796. 
Ed. Centre d'Art, Musée Paul Gauguin, Martinique, 1990.
  Association  Martinique-Panama
Les enfants perdus de Panama
  Bourdin, G.
Histoire  de  Saint-Barthélemy.   Porter  Henry,  éditeur, 
Pelham, N.Y., Etats-Unis, 1978
  Burac, G.
"Martiniquais de Panama" et "Martiniquais de Panama :  une 
lueur d'espoir". In : France-Antilles, 1 et 8 3 91
  Lasserre, G.
La Guadeloupe.  Les îles et leurs problèmes, t. 2. U.F.I., 
Bordeaux, 1961.

PUBLICATION

Philippe Le Bourgeois nous signale :

       1793-1794 : les batailles des deux sièges de
               Bellegarde Céret-Maureillas
                   Marie-Louise Blangy
   in "Conflent" n° 159, mai-juin 1989 (revue catalane)

Contient une biographie de DUGOMMIER,  général en chef  de 
l'Armée des Pyrénées-Orientales.




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