G.H.C. Numéro 50 : Juin 1993 Page 810

Au Surinam, il y a deux siècles (1793)

femme  fait  part  à  "Monsieur  et  cher  beau-frère"  de 
"l'honneur et la satisfaction que je jouis d'avoir parvenu 
à  obtenir l'aimable main de mademoiselle votre soeur  mon 
épouse,  de rentrer dans une famille aussi respectable que 
la  vôtre  (...) Je n'ai pas d'autre désir que  de  rendre 
mademoiselle votre soeur heureuse." (K)

     Dans une lettre à ses père et mère au  Havre,  Pierre 
SATIE  embrasse ses frères et soeurs mais il ne dit pas un 
mot de son mariage. (Q2) Il envoie à M. DORANGE, négociant 
au  Havre,  les comptes de dépense et vente du navire  "La 
Jeune Emilie" et de sa cargaison de 65 nègres. (Q4)
     Ici  intervient  BERRANGER,  comme  correspondant  de 
DORANGE à Paramaribo et il envoie l'ensemble des pièces de 
SATIE à M.  DU BOULAY,  chez M.  BOTEREAU à Amsterdam. Une 
note  en  marge avec le cachet "Empire français  direction 
générale des Archives" indique "M.  DU BOULAY était  capi- 
taine  d'infanterie au régiment de la Martinique et a  été 
déporté de Saint-Pierre en 1789" (Q3)

4/ Les familles ROUX, à Paramaribo, et RÉMY "sur le Keyser 
Gracht près du Harte Straate à Amsterdam"

     Il  s'agit  là de trois lettres d'autant  plus  émou- 
vantes  à  lire ...  que les destinataires ne les ont  pas 
reçues.  Emma OBATEL épouse ROUX écrit le 15 juillet à  sa 
"très  chère  amie"  Madame de RÉMY à  Amsterdam  pour  la 
remercier   de  ses  bontés  pour  son  fils  revenu   des 
Provinces-Unies  le 7 janvier et elle demande pour lui "la 
main de votre chère fille aînée" car il est "épris de  ses 
charmes et de ses mérites." (L)
     Le  jeune homme pour sa part écrit à son futur  beau-
frère  et lui dit sa "joie sans borne puisque mes  parents 
écrivent aux vôtres pour leur témoigner combien ils seront 
contents  en voyant réussir une affaire qui ne saurait que 
leur  être  agréable." Il invite "votre  aimable  soeur  à 
venir  voir  notre Surinam" et demande à C.  RÉMY  de  lui 
remettre  la  lettre "incluse".  Tout un passage de  cette 
dernière  lettre est incompréhensible mais c'est  sûrement 
intentionnel  (code  secret de souvenirs  entre  les  deux 
amoureux  ?)  Nous vous donnons ci-après la copie  presque 
intégrale de cette lettre (M).  Quelqu'un pourra-t-il nous 
dire  si  finalement ROUX et la demoiselle  RÉMY  se  sont 
mariés ?

"Mademoiselle,

La navigation qui languit beaucoup dans nos contrées ne me 
permet que rarement de cultiver vos bontés. Cette occasion 
cependant vous assurera de nouveau que ni l'éloignement ni 
l'absence ne diminueront les sentiments les plus vrais que 
j'ai  conçus  en  apprenant à  vous  connaître.  Tout  mon 
bonheur  dépend  encore de vous.  Les choses qui  semblent 
changer  de face font renaître toute  mon  espérance.  Mes 
parents,  qui  désirent  beaucoup  cette alliance  qui  ne 
saurait que fixer mon bien-être,  en écriront aux  vôtres, 
surtout ma chère mère,  vu l'amitié qui les a liés pendant 
son  séjour  en Europe,  ce dont elle se réjouit  toujours 
avec  le plus grand attachement encore pour votre  respec- 
table famille.  Quant à moi,  Mademoiselle,  je ne  saurai 
alors assez apprécier mon bonheur. Toute la fortune que je 
pourrais  vous  offrir dépend cependant de mon pays  natal 
que vous viendriez embellir. Pourquoi ne feriez-vous point 
un tour pour apprendre à connaître un nouveau monde?  L'on 
fera  tout le possible afin de vous dédommager de tout  ce 
que  vous quitterez.  Je vous assure qu'on y  trouve  plus 
d'agréments  que je ne me serais imaginé,  excepté  l'idée 
d'être éloigné de l'objet que j'adore.  Je suis de nouveau 
bon  surinamois.  Ressouvenez-vous  des boulets rouges  et 
coupez, je vous en prie toujours par manille -comme fit un 
certain  Jacq.- La levée sera pour sûr à  vous,  comme  je 
m'égaye  souvent  en  pensant  à la  charmante  partie  de 
quadrille:  appelez mon Roi,  dans cette partie-ci et nous 
déclarons la vole. 

     (...) Un seul mot suffira pour me faire  entreprendre 
le  voyage que mes parents m'accordent déjà  d'avance.  Il 
n'y  aura  alors ni boulets rouges ni rien qui  me  feront 
réfléchir  un  instant.  Daignez embrasser  votre  aimable 
petite  soeur  de  ma part et croyez  que  je  persisterai 
toujours   dans  les  sentiments  les  plus  purs,   ayant 
l'honneur d'être,

              Mademoiselle,

                     votre obéissant et sincère serviteur"


NOTES :

(1) Martineau et May "Trois siècles d'histoire antillaise"
(2) Histoire du Surinam des origines à l'indépendance" par 
   Jean Louis Poulalion, novembre 1986.
(3) Colonies C/14 68 et 83.
(4) 0/1/3675.


      Liste des lettres des cartons F/7/4414 à 4418

F7 4414
A/ Paramaribo 13-05-1793 de J.A. FROUIN à Mrs Louis 
   BIENFAIT et Fils à Amsterdam
B/ Paramaribo 06-07-1793 du même aux mêmes
C/ Surinam 15-07-1793 de Joseph de Simon SARCELO à Samuel 
   de Josseph SARUCCO à Amsterdam

F7 4415
D/ Surinam 03-06-1793 de ANDREE à M. le Comte de NÉALE à 
   Berlin
E/ Surinam 13-07-1793 de ANDREE et FILL et L. de LA 
   ROCHETTE à M. le Comte de NÉALE
F/ Surinaam 10-05-1793 de J.P. MAZER à M. J. VAN DER 
   BURGHT à La Haye
G/ Surinaam 06-07-1793 du même au même
H/ Surinaam 06-07-1793 du même à Mme A.C. WRIEDT veuve de 
   J.D. PRINCE à La Haye
I/ Surinaam 10-05-1793 du même à M. H.J. KENNEDY à 
   Emmerick

F7 4417/1
J/ Paramaribo 12-07-1793 de la veuve DEPONCHARRA à M. 
   DEPONCHARRA (son fils) à Paris
K/ Paramaribo 11-07-1793 de Sophie SATIE née De PONCHARRA 
   à M. De PONCHARRA (son frère) à Paris





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