G.H.C. Numéro 49 : Mai 1993 Page 794
Le lieu-dit Valcanard
Daniel-Edouard Marie-Sainte
La récente implantation du Collège de Gourbeyre, que
je dirige, au lieu-dit Val-Kanaërs (carte IGN) ou bien
Val-Canaërs (DDE), m'a porté à entreprendre la recherche
de l'origine de ce nom (patronyme devenu toponyme), dans
la volonté de le rétablir dans son authenticité.
Dans les registres de la paroisse du Mont-Carmel à
Basse-Terre figurent, entre 1686 et 1745, plusieurs actes
au nom de VALQUENARD, VALQUANARD ou VALCANARD, les
variantes orthographiques apparaissant souvent à
l'intérieur d'un même acte :
10 03 1686 : a été enterré le fils de Simon VALCANARD
02 12 1686 : a été baptisé Laurent, fils de
Simon VALEQUANARD et de Magdelène SMITE
12 06 1690 : a été baptisée Anne Ysabelle, fille de
Simon VALQUENARD et demoiselle Magdeleine
SMITE, habitants
01 08 1695 : a été baptisé Jean VALQANARD, fils de Simon
VALQUANARD...
05 08 1737 : a été enterré Laurent VALQUANARD âgé de 45
ans
05 06 1745 : a été inhumé Jean VALQUANARD, garçon, âgé
d'environ 50 ans.
D'après l'Etat des noms et biens des familles de la
Religion Prétendue Réformée de 1687 (CAOM G1/469), Simon
VALQUENARD est fermier de l'habitation sucrière des frères
HENRY, d'Amsterdam. En 1690, au vu de l'acte de catholi-
cité ci-dessus mentionné, il est "habitant".
Le Père Labat, dans son "Voyage aux isles d'Amérique"
parle d'un terrain au Dos d'Ane (actuel Gourbeyre), appar-
tenant aux héritiers de Jean SMITE : Madeleine SMITE,
épouse de Simon VALQUANARD, était-elle une fille de Jean
SMITE ?
En 1770, un inventaire d'habitation fait mention, au
quartier du Palmiste, Dos d'Ane, d'un sieur VALCANAR.
Au XVIIIe siècle, les cartes indiquent l'existence,
dans la localité, du Marais du Valcanard, orthographié
aussi Val Canard(s), vaste étang aujourd'hui asséché et
construit, devenu Val Kanaërs, une variation sur la gamme
de toutes celles intervenues entre les deux graphies : Val
Canard(s) et Walkanaër.
En effet, une délibération du Conseil privé de la
Guadeloupe, du 21 mai 1841, faisant état de la demande de
l'autorité municipale d'ériger une chapelle en ce lieu, où
existaient d'anciennes fortifications, l'orthographie
WALKANAëR. Il faut sans doute y voir une volonté de
restituer le nom dans une forme plus proche de son origine
hollandaise (WALCKENAëR, d'après le Dictionnaire universel
du XIXe siècle).
Qui pourrait compléter ces informations pour éclairer
ou réorienter la recherche ?
NDLR : Fort intéressante recherche que nous ne pouvons
guère compléter, sinon en signalant qu'Isabelle s'est
mariée à Mont-Carmel le 1er juin 1723, sous le nom
d'Elisabeth VALQUANAR, avec Jean LABOURÉ natif de
l'évêché du Mans, paroisse de la Baconnier. Les noms des
parents des époux ne figurent pas dans l'acte.
Quant aux SEMIT, SEMITH, SMITE, SMITH, etc., on trouve
la famille de Georges SEMITH, anglais et protestant, et de
son épouse Cosme ALVES, brésilienne et catholique, à
Capesterre, avec de nombreux enfants, à partir de 1655.
Mais les parrainages ne permettent d'établir aucun rapport
avec Madeleine épouse de Simon VALCANARD.
On trouve aussi, dans la liste de l'Espérance de 1664
(Soc. Hist. Guad. 65-66) un Guillaume SEMIT qui doit être
le Guillaume SEMIT, anglais, 40 ans, de la Montagne de
Beausoleil, au recensement de la même année, (on le
retrouve en 1671, au même lieu, avec un garçon et deux
filles mais sans femme) et surtout, un Jean SEMIT qui doit
être celui de la Montagne Saint-Charles, 46 ans, peut-être
celui dont parle le père Labat. On retrouve en 1671 à la
Montagne Saint-Charles et des Palmistes, donc le lieu
recherché, "le sieur Jean SMITH", catholique, mais marié
avec Anne de BESCHOT, hérétique; ils ont une fille. Nous
n'avons pas étudié cette famille mais les dates corres-
pondent, et les lieux, pour que Madeleine soit cette
fille. L'habitation de Jean SMITH, d'après le Terrier de
1671, semble importante , 1.000 pas de large sur 1.000 de
haut, avec un moulin, une sucrerie, une case à demeurer et
autres. 400 pas sont plantée en cannes, 150 en vivres, 150
sont en savane et 500 en bois; les terres peuvent produire
10.000 livres de sucre et sont bordées par celles du
chevalier HOUEL, des héritiers GIRARD de LA CROIX, de
Monsieur HOUEL, ancien gouverneur, et de Michel MASSIEU.
"Messieurs HENRY" ont bien, en 1671, à la Montagne de
Bellevue, une importante habitation, mais Simon VALCANARD
n'est pas encore arrivé ou du moins n'y est pas mentionné.
COOPÉRATION
De James Dallett : La famille de SAXCÉ (page 761) :
Les registres paroissiaux de l'église St. Mary de
Philadelphie n'existent pas pour le XVIIIe siècle.
Heureusement, on trouve le baptême de Prosper de SAXCÉ
dans ceux de St. Joseph's Church, le 14 (et non le 4)
septembre 1793 : James Charles Halbout (?) Prosper, né le
22 août, fils de Peter Robert de SAXCE et de sa femme
Louisa PARDIENSKI (et non POLIENSKI), catholiques, baptisé
par le Révérend Père F.A. FLEMING. On ne trouve nulle part
dans le registre le nom de "Raphaël FITZ PATRICK" comme
prêtre. Les noms des parrain et marraine sont omis, chose
rare dans ce registre. Le troisième prénom de l'enfant est
peut-être une erreur de transcription; il faudrait
vérifier sur l'original, cet extrait étant publié, en
anglais, dans "Records of the American Catholic Historical
Society" vol. 15 (1904), p. 473.
Autre remarque : les noms de famille polonais sont
toujours écrits pour les hommes avec "i" comme dernière
lettre et pour les femmes avec "a". Cependant, le père
Fleming a donné la forme masculine à la mère de Prosper.
On ne trouve le mariage de Pierre Robert de SAXCÉ avec
Louise PARDIENSKA (ou POLIENSKA ?) ni dans le registre de
St. Joseph's Church ni dans aucune autre église catholique
de Philadelphie. La famille de SAXCé existe toujours en
France, d'après le Bottin mondain.