G.H.C. Numéro 47 : Mars 1993 Page 751
Questions et réponses sur les FONTÉMOING
de Guadeloupe et d'ailleurs
Jacques Petitjean Roget
D'abord, toutes mes félicitations à NDLR, en témoignage
admiratif pour la maîtrise acquise de son merveilleux
trésor archivistique endormi, à la pointe du progrès, et
divulgué avec générosité à ceux qui ne sont point des
"fictionnaires de la généalogie".
Acte I 92-23 VIDEAU et CAILLEAU du RIVAGE (Guadeloupe)
GHC 34, janvier 1992, p. 496
Tout de suite, NDLR a caressé la touche "Vid'eau" du
Petit Canal, puis "Caillou du Rivage". Est apparu François
FONTÉMOING, nom respecté au pays du vignoble, qui signifie
"Petite fontaine". Puis est apparu un "Gracieux"
FONTÉMOING, oncle de François, donc aussi, à quelques
générations près, du signataire, né d'un père lorrain et
d'une mère née LACAZE FONTÉMOING. Leur fils cadet, natif
de Lorraine, aussitôt s'est en lui-même promis d'apporter
à NDLR un +, comme on écrit en Européen du XXIe siècle.
Le temps a passé, la grippe aussi, fatale aux vieux.
Les FONTÉMOING sont en foule sur d'énormes cahiers. Peut-
être le signataire a-t-il eu le tort de se consacrer un
peu trop à la généalogie ascendante, avec un oeil trop
attentif aux illustres familles de la Martinique !
Acte II Réponse à 92-23 GHC 36, mars 1992, p. 551
NDLR, avec sa gentillesse habituelle, a rapatrié "mes
chers FONTÉMOING" de "Tamanrasset" en Guadeloupe, où on
écorche leur nom en "Fon témoin", qui sonne mal.
En l'honneur de la Nativité, base de la généalogie,
et en dépit des obligations du 1er de l'an, j'ai prospecté
mes dossiers. Ils m'ont permis d'ordonner les précieuses
informations de 92-23 et de NDLR de mars 1992.
I Georges FONTÉMOING
o Libourne ca 1642 + 16 4 1702, 60 ans
x Libourne 16 3 1669 Jacquette LAFON, fille de Pierre et
Marguerite COUVRAT
II Léonard FONTÉMOING, bourgeois de Libourne
o ca 1685 + Libourne 25 2 1751, 66 ans
x Libourne 24 9 1710 Françoise BALESTARD fille de
Nicolas et Marie PLANTEY
sept enfants nés à Libourne, dont, en éliminant les
morts nés ou mal connus :
1 Charlotte o 6 3 1712
2 François (celui de 92-23) o 4 5 1713 + /1780
4 Gratien o 26 1 1717 + 21 9 1759 x Marguerite BADAILH
5 Bertrand o 22 9 1718 + 27 8 1720
6 Marie o 1724 + 1724
En page 551, NDLR apporte des informations parfai-
tement cohérentes avec celles des archives de Gironde.
François FONTÉMOING, né le 4 mai 1713 à Libourne,
épouse à Port-Louis de la Guadeloupe, le 26 juillet 1736,
Marie Thérèse TREMBLET, native de St-François Grande-
Terre, fille de François, "habitant", et de Marie Thérèse
DESBONNES. Il est alors âgé de 23 ans. 28 ans plus tard,
marchand au Moule, il se remarie à Petit-Canal, le 16
novembre 1754, avec Marie Françoise BERGER, née à Goyave,
fille de feu Jean Baptiste, habitant, et de Marie Anne
LEMAITRE.
François FONTÉMOING est mort avant 1780. En effet, un
acte de Maître Baudon, notaire à St-Pierre Martinique, du
21 octobre 1780, est une vente faite par Pierre
FONTÉMOING, habitant de Guadeloupe, demeurant à Petit-
Canal, paroisse Saint-Jacques, chez JOLLY, négociant, rue
du bord de mer, à Jean Claude Martin TURBAUT, maître et
marchand horloger, d'une "vinaigrerie" et deux carrés de
terre. Cette distillerie, à Petit-Canal, est "bornée à
l'est par les terres de CAPDEVILLE, à l'ouest par celles
de SECOND, au nord par celles de LASALINIèRE." Elle "lui
appartient par moitié de la succession de feu François
FONTÉMOING et Françoise BERGER, ses père et mère."
Cela montre un certain enracinement de la famille
FONTÉMOING à la Guadeloupe. Mais par quel processus et à
quelle époque s'est-il produit ?
Les lettres de bourgeoisie du XVIIe siècle, qui
exigeaient l'exercice d'un métier sur quatre générations,
soit un siècle, étaient accordées avec parcimonie. De 1500
à 1600, les FONTÉMOING ont été maîtres de barques" du port
de Libourne, sur la Dordogne et bien au-delà.
Beaucoup aujourd'hui considèrent ce port et le mot
"barque" d'un oeil moderne et dans l'acception actuelle du
mot. On oublie que bien des "barques" semblables, de 14 à
25 tonneaux, ont accompagné d'ESNAMBUC à la Martinique.
Sur l'armorial de Guyenne de 1696 (p. 395, Libourne),
figurent quatre FONTÉMOING :
574 Veuve Léonard FONTEMOIN, marchande de Libourne
"d'argent à une fasce échiquettée d'or et de gueules"
575 Georges FONTEMOIN, marchand de Libourne
"de sable à un sautoir d'or"
577 Mathieu FONTEMOIN père, marchand bourgeois de
Libourne
"de gueules à trois bandes d'argent"
579 Mathieu FONTÉMOING le jeune, marchand bourgeois
"de gueules à trois quintefeuilles posées en bande"
Certes, le roi de France percevait un droit pour
l'attribution d'armoiries, mais aussi il incitait la
bourgeoisie à développer le commerce de mer. Il n'y a pas
eu d'attribution semblable en Guadeloupe ou à la
Martinique car il n'y avait pas de bourgeoisie. Au XVIIIe
siècle seulement, le roi y distribuera une "décoration" :
la noblesse.
Pour montrer comment les voyages de mer ont pu
inciter des FONTÉMOING à constituer une base familiale en
Guadeloupe, je ne citerai qu'un seul exemple, celui
d'Emmanuel FONTÉMOING, fils de Jean et de Marie TRANCHèRE,
né à Libourne le 14 mai 1707 (AD Gironde 6/B/22 Fo 187) :
"Emmanuel FONTÉMOING, hauturier, de Libourne, a fait
divers voyages de Canarie, Côte d'Espagne, Portugal, Terre
neuve, Isle de Canarie, Hollande, Angleterre, Isles
françaises de la Mérique", en divers ports de l'Europe :
"examiné, reçu".