G.H.C. Numéro 47 : Mars 1993 Page 742

8 février 1843 : Pointe-à-Pitre n'existe plus
Claude Thiébaut

     Vers  10  heures trente du matin,  un tremblement  de 
terre d'une grande intensité a fait s'écrouler en quelques 
secondes  toutes les maisons de pierre de  Pointe-à-Pitre. 
L'incendie qui a suivi tout aussitôt a détruit les maisons 
de bois.  Toute la ville finalement a été détruite  :  "La 
Pointe-à-Pitre n'existe plus".

     Le  traumatisme  fut énorme.  Au  préjudice  matériel 
s'ajoutent les milliers de morts, et des morts affreuses : 
longues  agonies sous les décombres,  innombrables  brûlés 
vifs,  agonie  des  blessés  rassemblés sur la  Place  des 
Victoires, images insupportables des incinérations (Saint-
John  Perse  :  "Les bûchers croulaient chargés  de  fruit 
humain"),  fosses communes ("Nous avons de la chaux"), des 
corps  immergés au large ("des paisibles culbutés au  plus 
grand lac de ce pays").  Panique générale ("Il me souvient 
des femmes qui fuyaient avec des cages d'oiseaux"),  folie 
("un  prophète courait derrière les  palissades,  sur  une 
chamelle  borgne"),  impossibilité d'échapper au réel ("et 
les  Rois couchaient nus dans l'odeur de la  mort")...  Il 
faut  être  Antillais et se savoir "sauvé  d'avance"  pour 
s'en relever.
     Immédiate solidarité de l'île-soeur,  la  Martinique, 
qui  envoie des secours et des équipes médicales,  et  des 
autres  îles  de  la Caraïbe.  La France  est  appelée  au 
secours  :  la nouvelle n'y arrivera que le 10  mars,  les 
premiers secours arriveront en Guadeloupe en avril, 2 mois 
après la catastrophe. Vivent les télécommunications !

     C'est  peut-être la première catastrophe "moderne"  : 
les médias de l'époque (en particulier l'Illustration), et 
pendant  des mois,  vont multiplier les articles,  collec- 
tionner tous les témoignages,  donner des images,  ce  qui 
est  une  révolution  dans la presse.  Tous  les  journaux 
lancent des souscriptions,  chaque corporation (les  mili- 
taires,  les  enseignants,  les  religieux,  les  artistes 
dramatiques,etc.), lance la sienne. Il est des industriels 
pour  s'en  réjouir  :  les antiques moulins à  broyer  la 
canne à sucre sont détruits,  on va pouvoir installer  des 
"usines centrales". Il est des religieux pour assimiler la 
catastrophe à un jugement de Dieu, un peu comme on l'avait 
fait au temps de Voltaire, pour le désastre de Lisbonne.

   Politiquement, la solidarité qui a suivi la catastrophe 
a ancré un peu plus la Guadeloupe dans l'espace français : 
l'émancipation  des  esclaves  en  1848  se  fera  ici  en 
douceur,  ce  ne  sera pas le cas en  Martinique.  Il  est 
difficile d'être agressif avec le maître blanc,  c'est par 
lui qu'ont transité les secours venus de France. Et à plus 
long terme,  il est difficile d'être indépendantiste quand 
on  se  sait vivre sur un volcan,  ici  la  Soufrière,  en 
Martinique  la Montagne Pelée (qui a fait des  siennes  en 
1902). Et puis, il y a aussi les cyclones...

     Sur une des places de Pointe-à-Pitre aujourd'hui,  un 
buste du Gouverneur Gourbeyre : il avait su, avec quelques 
autres  (dont  un certain Anatole Leger,  grand  oncle  du 
futur Saint-John Perse),  prendre les bonnes décisions, et 
très vite.  Sur le socle,  une simple date : "VIII février 
MDCCCXLIII". Pour qu'on se souvienne.

COOPÉRATION

de Philippe Marcie :  LE VILLAIN ("Le prix d'un héritage à 
           la Martinique en 1676 pages 714-717)

Merci  aux auteurs de nous avoir offert cette  pittoresque 
quête d'héritage. Ce "vilain" de Jean LE VILLAIN se trouve 
être  un  ancêtre de mon épouse.  Voici  quelques  rensei- 
gnements sur lui et sa descendance :

I Jean LE VILLAIN
  recensé à la Compagnie Laubrière de Case-Pilote et 
  Carbet
  o ca 1627 (37 ans en 1664)
  x /1654 Marguerite LE TEUX
     o ca 1629 (35 ans en 1664)
  d'où François (o 1653/54), Marguerite (o 1656), Jeanne 
       (o 1660), François(e) (o 1663);
       je ne connais pas Marie x Antoine LEFEVRE

II François LE VILLAIN
   lieutenant réformé de milice en 1715 à Rivière Pilote 
   Sainte-Luce, marguillier
  o ca 1653/54
  + Sainte-Luce 27 2 1723, 70 ans
  x Françoise LE MESLE, fille de François (o Rouen ca 1646 
    + /1725, recensé à l'Anse Diamant Cul-de-Sac-Marie en 
    1680 avec 7 nègres) et Françoise GODEFROY, créole (+ 
    1725/)
    o 1680/
    bx Sainte-Luce 6 10 1725 Raymond BAUDELLE, de Rivière 
       Pilote, originaire de Langage, diocèse de Rieux
  d'où au moins Marie Madeleine (o ca 1699), Hélène (b 4 
       10 1715, 15 jours), Pierre (o 1717), Marie Rose (x 
       Ste-Luce 1719 Louis Jean DUVIVIER), Marie (x Ste-
       Luce 1724 Jean Baptiste FERRAY DESLANDEAU)

III Marie Madeleine LE VILLAIN
  o St-Thomas du Diamant ca 1699
  + Le Mouillage 30 8 1765, 66 ans
  x Ste-Luce 2 8 1717 (18 ans, dispense du 3e au 4e degré 
    de consanguinité) Jacques FERRAY, 29 ans, futur 
    capitaine de milice à la Grenade, frère de JB FERRAY 
    DESLANDEAU
    o St-Jacques de la Grenade 1688/90
    + Le Mouillage 20 3 1766, habitant du bourg
    d'où au moins Madeleine (o 1720), Jeanne (o Sauteurs, 
         Grenade, ca 1738 + Le Mouillage 1766), et :

IV Louise FERRAY
  o quartier des Sauteurs à la Grenade /1751
  + 1773/
  x Le Mouillage 19 5 1766 Pierre ROMEFORT, négociant à 
    St-Pierre
  d'où au moins Jean Baptiste ROMEFORT, établi à l'île 
       Maurice où il fait souche avec des descendants de 
       flibustiers et de corsaires

Sources :
Aix :SOM G1/470 et 470 bis, 499
AD Fort-de-France : RP Sainte-Luce et le Mouillage
CARAN
NDLR : sur les ROMEFORT et les FERRAY, consulter l'index 
de GHC !




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