G.H.C. Numéro 41 : Septembre 1992 Page 636

Le testament de Thomas Richard GARNIER LA ROCHE
et les LAROCHE de la Martinique

France Tardon-Apprill

Remarque  :  la majorité des renseignements suivants vient 
de M. Léo Elisabeth et je l'en remercie.

     Thomas  GARNIER  dit LA ROCHE,  né à Saint-Malo le  2 
novembre 1648,  sert en 1680 chez Antoine de MACQUAIRE  de 
GRANCOURT,  au  quartier du Carbet;  il possède déjà  deux 
esclaves.  En 1687,  il épouse Louise COUDRAY. En 1689, il 
est enseigne de milice.
     Richard,  son fils,  né au Lamentin vers 1716, épouse 
au Fort-Royal,  le 12 juin 1742,  Marie Elisabeth TIBERGE, 
qui  meurt le 23 mars 1764.  En secondes  noces,  Richard, 
alors ancien capitaine de milice,  habitant au quartier de 
la Jambette du Lamentin,  épouse au Fort-Royal, le 8 avril 
1766,  Marie Elisabeth DUVAL,  fille de Timothée Michel et 
de  Marie Anne de la ROCHE GUYON.  Des huit enfants connus 
de ce remariage,  seul un fils survit, qui avait des demi- 
frères et soeurs du premier mariage de son père.
     Ce fils,  Thomas Richard GARNIER LA ROCHE,  né le  11 
novembre  1768 et baptisé au Fort-Royal le 4 février 1769, 
semble ne pas avoir eu d'union légitime.  Il était employé 
d'administration.  Le  8  septembre  1796,  il  rédige  un 
premier  testament  par lequel il lègue ses  deux  enfants 
mulâtres,  Didier, 6 ans, et Dominique, 3 ans, à Séverine, 
négresse libre,  pour leur procurer leur affranchissement. 
Affranchie à la Dominique,  porteuse d'une liberté  étran- 
gère, Séverine ne sera reconnue libre par l'administration 
que le 13 messidor XI (2 7 1803).  Séverine a-t-elle suivi 
Thomas  Richard en émigration,  ou bien cette émancipation 
dominicaine est-elle un moyen de tourner les difficultés ?
     Le  testateur  lègue  à Séverine en  toute  propriété 
Adéise,  blanchisseuse de 30 ans, et Célestin, maçon de 28 
ans.  Le reste de ses biens doit aller à sa  soeur,  Marie 
Elisabeth GARNIER LA ROCHE veuve COLLART.
     Puis  intervient un second testament,  le 25  février 
1800, chez Me Deslandes, dans lequel il stipule :
"Les  lits,  tables,  armoires et chaises qui se  trouvent 
dans  sa chambre,  ainsi que l'argenterie composée de sept 
couverts,  une cuiller à ragoût et une écuelle à soupe qui 
sont  dans  l'armoire  de Séverine sont à elle  et  à  ses 
enfants,  ainsi  qu'un pot d'argent et environ cinq à  six 
moëdes de vieilles pièces de monnaie provenant des cabrits 
et pigeons des dits enfants" et que Thomas Richard GARNIER 
LA ROCHE a vendus pour eux.
  Il lègue à Séverine 26.400 livres :  16.000 pour l'achat 
d'une  maison  et 10.400 pour acheter des  domestiques  ou 
autres propriétés.  Il "charge son exécuteur testamentaire 
de  servir  de  tuteur aux enfants  de  Séverine,  de  les 
envoyer  en Angleterre,  ou en France si les circonstances 
le permettent,  pour y apprendre des métiers, après qu'ils 
sauront lire et écrire, de manière à faire eux-mêmes leurs 
propres affaires."
  Suivent  d'autres  dispositions  diverses,   puis,  pour 
Séverine et ses enfants, "non seulement pour faire tenir à 
leur  égard  ses intentions  au  présent  testament,  mais 
encore  pour  les assister et remplir vis-à-vis d'eux  les 
recommandations  particulières dont elles  sont  porteuses 
(elles,  ce sont la mère et la soeur de Thomas Richard) et 
celles,  verbales,  qu'il leur a faites,  leur faisant les 
mêmes recommandations par une autre personne qu'il ne peut 
nommer  et qui est porteuse également de  ses  intentions, 
sur  lesquelles  il  les  prie de lui  compter  une  somme 
modique qu'il lui lègue et qui ne pourra être réclamée que 
deux ans après son décès" (décès de cet autre  dépositaire 
de ses volontés).

     Léo  Elisabeth  conclut :  "Il apparaît au vu de  ces 
testaments que Thomas Richard GARNIER LA ROCHE est le père 
naturel des enfants de Séverine,  qui ont d'ailleurs  pris 
le patronyme de LAROCHE à l'âge d'homme."
     J'ai  pu vérifier que les enfants de  Séverine  (neuf 
enfants;  ignorant  encore  la  date de  décès  de  Thomas 
Richard,  je  ne  sais s'il est le père des derniers)  ont 
reçu de l'instruction, signent avec aisance et fioritures. 
Ils  sont  maître boucher  (1),  maître  charpentier  (2), 
charpentier, commerçant, propriétaire (3), ? (4), proprié- 
taire  (5),  chef de bureau à la mairie (6),  ?  (7 et 8), 
fille épouse de J.L. DATTIER, propriétaire (9).
     Ces  actes  viennent de plus confirmer  la  tradition 
orale  disant  que nous avions  une  ascendance  naturelle 
GARNIER LA ROCHE et que ces circonstances avaient amené  à 
couper le nom en deux pour ne garder que LAROCHE.
     On  constate  que  Thomas Richard  GARNIER  LA  ROCHE 
s'entoure  d'un luxe de précautions pour aider et protéger 
sa compagne et ses enfants naturels.   

     En  ce  qui concerne le nom GARNIER LA  ROCHE,  le  4 
décembre 1872 à Fort-de-France,  à la suite d'une requête, 
fut  rectifié le nom LA ROCHE,  inscrit par erreur  en  un 
seul  mot (LAROCHE) au lieu de deux lors de la déclaration 
de naissance de deux enfants, en 1845 et 1850.  

    Voici les questions que je me pose et vous pose :
- Qui  connaîtrait  la  parenté  exacte  des  parrains  et 
marraines  des enfants de Séverine,  en 1803,  avec Thomas 
Richard GARNIER LA ROCHE :
Pierre Elisée RAYNAL STE CROIX,
Mme veuve GARNIER STE CROIX,
Mlle Marie Anne Louise Angélique COLLARD,
Maître Louis Charles LE PELLETIER, de Case-Navire ?
- En   dehors  de  sa  participation,   alors  qu'il   est 
lieutenant commissaire,  comme membre du tribunal spécial, 
en  l'an  XII,   au  procès  d'Emilie,   métisse  esclave, 
convaincue  d'empoisonnement sur la mère de  l'impératrice 
Joséphine,  condamnée  au bûcher,  que sait-on au sujet de 
Thomas Richard GARNIER LA ROCHE ?
- Quels  sont les lieu et date de décès de Thomas  Richard 
GARNIER LA ROCHE ?

                  Eléments de généalogie

I Thomas GARNIER dit LA ROCHE, enseigne de milice
  o Saint-Malo 2 11 1648
  x Carbet 23 4 1687 Louise COUDRAY
II Douze enfants, dont le dernier :
  Richard GARNIER LA ROCHE, officier de milice, habitant 
  propriétaire de "La Jambette" au Lamentin
  o Lamentin 26 3 1716 + Fort-Royal 19 11 1784
  ax Fort-Royal 12 6 1742 Elisabeth TIBERGE, fille de 
    Nicolas et Marie Marguerite GAIGNERON
    + 23 4 1764
  bx Fort-Royal 8 4 1766 Marie Elisabeth DUVAL, fille de 
    Michel Timothée et Marie Anne GUYON de LA ROCHEGUYON




Page suivante
Retour au sommaire
Lire un autre numéro





Révision 20/09/2003