G.H.C. Numéro 36 : Mars 1992 Page 539
LA RECHERCHE GENEALOGIQUE EN HAITI
très souvent des familles mulâtres et noires avec les
mêmes patronymes que ceux des anciens colons. Les gens de
couleur adoptaient généralement le nom de leur père
naturel, le colon propriétaire d'habitation. Ceci leur
permettait de revendiquer des droits sur les propriétés
abandonnées par les anciens maîtres. Dans le cas de noirs,
généralement anciens esclaves, ils adoptaient souvent le
nom de l'habitation à laquelle ils avaient appartenu,
lequel nom d'habitation était celui du propriétaire.
Ainsi, nous retrouvons après 1804 des familles CARADEUX,
SOISSON, DAMIEN, LALEU, KENSCOFF, qui n'ont souvent aucun
lien de parenté avec les anciens maîtres. D'autres
familles haïtiennes, comme les LESPINASSE, ROSSIGNOL,
MORISSEAU, VERNA, JUMEL, peuvent se rattacher aux familles
du même nom de la période coloniale.
Un autre phénomène intéressant est que, après l'Indé-
pendance, les anciens esclaves récemment déracinés
d'Afrique ne reprirent pas leur nom d'origine. De par le
phénomène de rejet de tout ce qui rappelait la colonie et
l'état de servitude, on penserait que ces nouveaux venus,
qui avaient encore le souvenir de leur pays d'origine,
auraient rejeté le nom que leur avait imposé leur ancien
maître au profit de leur nom africain. L'état civil nous
montre que ce ne fut pas le cas. Je pense que c'est là le
résultat du passé colonial. Même au sein de la classe des
esclaves, il existait une hiérarchie, des différen-
ciations, des cloisonnements. Les esclaves créoles (nés
dans la colonie) étaient souvent mieux traités que les
esclaves bossales (nouvellement arrivés d'Afrique). Les
créoles étaient en général des esclaves artisans, les
serviteurs, les commandeurs, tandis que les bossales
travaillaient dans les champs et étaient assujettis aux
tâches les plus pénibles. Par ailleurs, les créoles se
considéraient supérieurs à leurs frères bossales. Il est
possible que, dans un souci de nivellement et désirant
effacer leur nature bossale, ils aient gardé leur nom
d'esclave comme les créoles. De plus, du fait qu'ils
étaient connus de tous par leur nom de servitude, ce fut
plus commode de le conserver.
L'état civil du premier quart du XIX° siècle
nous permet également de constater que la société
haïtienne n'a pas évolué en vase clos après l'Indépen-
dance. Les courants migratoires se sont poursuivis, parti-
culièrement en provenance des Etats-Unis, des petites
Antilles, de l'Angleterre et de l'Allemagne. Ces nouveaux
immigrants, qui étaient des artisans, des commerçants ou
des négociants, se retrouvent dans un grand nombre de
généalogies haïtiennes. De par la Constitution de
l'époque, les étrangers n'avaient pas le droit à la
propriété. Pour contourner cette loi, les nouveaux venus
épousaient obligatoirement une haïtienne, afin de pouvoir
acquérir des biens dans le pays.
Toutes ces particularités sont importantes à connaître
car elles ont une grande influence sur la recherche généa-
logique en Haïti. Elles rendent d'ailleurs ces recherches
d'autant plus passionnantes que l'on ne sait vraiment pas
quelles surprises nous réservent les générations passées !
La famille de CARADEUC Bretagne, St-Domingue, Etats-Unis
Jacques Ameil
Famille illustrée par le marquis de CARADEUC, procureur
général près le Parlement de Bretagne, célèbre par ses
démêlés avec les Jésuites. Une branche se fixa à St-
Domingue, où elle fit fortune, puis, ruinée par la Révo-
lution, se réfugia aux Etats-Unis, en Caroline du Sud.
Le château actuel de Caradeuc, construit par le
marquis, est situé sur une éminence à 1 km à l'ouest de
Bécherel (Ille-et-Vilaine); on peut encore lire sur le
fronton du château la devise de la Maison de CARADEUC :
"Arreste ton coeur".
Armes : d'argent à la fasce de gueules chargée d'une
molette d'or et accompagnée de 3 croissants, 2 en chef et
1 en pointe.
Premières générations
I Jean I de CARADEUC, vivant en 1350
II Jean II de CARADEUC, archer à cheval cité en 1356 dans
une montre à Dinan
x Julienne HATTES
III Raoul de CARADEUC, sénéchal de Rennes, ambassadeur de
Jeanne, duchesse de Bretagne
x Marguerite EDER
IV Raoulet de CARADEUC, ligué contre le duc de Penthièvre
x Marie Thérèse de GUITTE
V Bertrand de CARADEUC, partisan du roi Louis XI contre le
duc de Bretagne, François II
x Guyonne de BEAUCHêNE
VI 3 fils, auteurs de 3 branches :
1 Jean de CARADEUC, sgr de la Bassouche
x Catherine de MELLON
Branche aînée de LA CHALOTAIS
rameau de LA BELLENGERIE
2 François de CARADEUC, écuyer, sgr du Domaine
x Anne LE CHANOINE
Branche des Seigneurs du DOMAINE
3 Anne de CARADEUC, notaire royal à Acigné en 1518
x Gillette TRENOT
Branche de St-Domingue
NDLR Jacques Ameil nous a transmis le détail des branches
métropolitaines que nous ne reporterons pas ici, passant
directement à la branche de St-Domingue. Mais nous repor-
terons à la fin la liste complète des sources utilisées,
tant pour la métropole que pour les Antilles. Nous
signalons que le nom est parfois écrit CARADEUX.
***
VII 3 Julien de CARADEUC
x Perrette COSTARD (ou COUSTARD)
2 enfants, dont :
VIII Jacques de CARADEUC, conseiller au parlement de
Bretagne
o ca 1595
+ Nouvoitou (Ille-et-Vilaine) 17 2 1752
x 1619 Armelle COLLAS
+ Nouvoitou 12 8 1647
2 enfants, dont :