G.H.C. Numéro 31 : Octobre 1991 Page 417
L'habitation du Mont-Saint-Jacques à Montsinéry
J.C. Huvé
En complément à ma question sur les LEMESLE en Guyane
(91-21) et suite aux réponses déjà faites pages 350 et
407, voici d'abord une série de phrases tirées de "Le
Maréchal Baraguey d'Hilliers, sa famille et ses alliances"
par Stanislas de Larminat, p. 139-140, sur la famille
LEMESLE alliée aux QUESNEL de Rouen :
"La famille LEMESLE était fort riche à l'époque du
mariage (d'Edouard-Prosper QUESNEL avec Julie LEMESLE).
Elle amenait les terres du Mont-Saint-Jacques près de
Cayenne."
"Julie LEMESLE (Bordeaux 12 7 1784 + Auzonville, Seine-
Maritime 20 1 1847) était venue de Bordeaux à Rouen avec
un de ses frères qui était en relations d'affaires avec
les QUESNEL."
"Le marquis de RANCOUGNE était allié avec une demoiselle
LEMESLE de la Guadeloupe (1). M. de RANCOUGNE a laissé une
fille, la marquise de PLOEURS, qui fut ruinée au moment de
l'affranchissement des Noirs et de la crise sucrière à la
Guadeloupe."
Par ailleurs, je vous livre la copie d'un papier
trouvé dans les archives de mes cousins VAUCELLES dont un
aïeul avait épousé une des filles de Julie LEMESLE-
QUESNEL, laquelle avait apporté en dot une part des
revenus du Mont-St-Jacques.
"Résumé du dossier : propriété du Mt-St-Jacques à
environ 80 km de Cayenne sur la rivière du Montsinéry
Propriété appartenant à Mme Charlotte LEMESLE. A sa
mort (1 mai 1847), Edouard QUESNEL son mari en eut, par
suite d'un testament, 1/4 en propriété et 1/4 en usufruit.
Les 3/4 restants en propriété et la moitié en jouissance
furent possédés par Mrs Alfred et Gustave QUESNEL,
Mesdames de LESTANVILLE, d'OSMOY de VAUCELLES et les
héritiers de Madame de PEIGNEROLLES.
Les co-propriétaires laissèrent la propriété indivise,
en confiant la gestion à M. Alfred QUESNEL.
A la mort de Mr Edouard QUESNEL (29 janvier 1850), ses
héritiers possèdent la propriété entière et conservent
l'indivision en maintenant la même gestion.
Chaque héritier en possède 1/6.
En 1848, il y avait 114 esclaves noirs. L'indemnité
versée aux QUESNEL fut réglée à raison de 419 F par
esclave, ce qui donna un (une ligne manquante sur la
photocopie).
En 1849, par suite de l'émancipation des nègres et d'une
mauvaise saison, la propriété ne rapporta que 11 000 F
nets.
Le gérant faisait remarquer cependant que, par suite de
l'augmentation de valeur du rocou (2), le produit de
l'année 1850 serait notablement supérieur. En effet, dans
les années qui suivirent, les revenus nets de la propriété
s'élevèrent jusqu'à 26 000 F en 1855, pour retomber
progressivement à 8 500 F en 1862.
Il résulte d'une lettre du régisseur de la propriété, M.
GOYRIENA (17 juillet 1857) que les transports à la côte se
faisaient par eau. Le gérant se plaint de l'éloignement
des terres d'exploitation par rapport à l'habitation et du
peu de fertilité de ces terres, en comparaison des
terrains bas, dit d'alluvion. Il n'y est guère produit en
1857 que du rocou, qu'on recueille en graines, et des
cotonniers qu'on y avait plantés n'avaient pas réussi,
tant à cause des pluies torrentielles que parce que le sol
ne convenait à presqu'aucune culture. L'habitation, ajoute
le régisseur, est agréable.
Dans une lettre du 15 juin 1858, le même régisseur fait
part qu'il a trouvé un acquéreur de la propriété pour
10 000 F, en même temps que lui-même achetait pour
60 000 F une propriété sucrière des plus importantes avec
deux machines à vapeur et de vastes bâtiments.
En juillet 1863, le régisseur a abandonné la propriété
tout en y laissant un atelier pour bien affirmer le droit
de propriété et une lettre de M. QUESNEL, gérant choisi
par les co-héritiers, annonce la clôture définitive de
l'exploitation (31 octobre 1863). Les principales raisons
données par le gérant du mauvais état de l'affaire sont,
d'abord, le travail nul fourni par les nègres depuis leur
émancipation et, ensuite, la valeur réduite du rocou tombé
de 1835 (où le baril se vendait 1 500 F) à 1860 (où ce
même baril valait 300 F)."
NDLR
(1) D'après Chaix d'Est-Ange, Charles François DEVEZEAU
de RANCOUGNE, (arrière-petit-fils d'un colonel d'infan-
terie passé à St-Domingue où il avait épousé, en 1704,
Marie Charlotte de LA PLACE), né en 1815 à Arcy-sur-Cure
(Yonne), maire d'Herbault, conseiller général du Loir-et-
Cher, épousa en 1844 Mademoiselle LE MESLE, petite-fille
du baron d'ARCY.
(2) le rocou ou roucou est une matière tinctoriale
jaune-rouge extraite des graines du rocouyer.
NOUS RECU
de Henry B. Hoff
Une série d'articles, en anglais, fort documentés, sur la
famille de WINDT dans les West Indies (St-Eustache, St-
Thomas), qu'il a publiés dans "The Genealogist", en
collaboration avec le R.F. Kenneth Barta (107 pages).
de Philippe Gautret
- Photocopie de la notice sur la Guadeloupe par E.
Champion, directeur de l'Ecole primaire de la Pointe-à-
Pitre, ancien délégué dans les fonctions d'inspecteur
primaire, établie au début du XX° siècle et publiée dans
"Géographies départementales de la France" (J. Bricon et
A. Lesot, éditeurs, 10 rue de l'Eperon, Paris) : 10 pages;
cartes, géographie physique, notions historiques, géogra-
phie politique et économique, liste des communes.
- "Etat général des marchandises expédiées par Pierre
BARREAU de Bordeaux à J. Bte BARREAU, négociant au Moule,
Ile Guadeloupe, de compte et demi entre eux, par vingt
quatre navires, à partir du 20 8bre 1784 jusques au 21
avril 1790" : anchois, artichaux, ameçons (sic), anisette
et autres liqueurs.
Révision 26/08/2003