G.H.C. Numéro 30 : Septembre 1991 Page 387

Les BAYON de LIBERTAT à St-Domingue

mon  administration  et le soin du mobilier  (c'est-à-dire 
des bestiaux).  Jamais ma confiance en lui n'a été trompée 
(...). 
  TOUSSAINT témoignait une joie inexprimable de me voir  à 
chaque instant au milieu des noirs, leur donner mes ordres 
pour exciter leur vigilance et leur courage,  et cela dans 
un moment où il suffisait d'être blanc pour être massacré.
  Ce  furent les principes que TOUSSAINT avait sans  cesse 
prêchés  à  ses camarades qui déterminèrent les  noirs  de 
l'habitaion,  après  l'incendie  de  la ville  du  Cap,  à 
m'offrir des secours et de reprendre la gestion de l'habi- 
tation BRéDA,  disant que, puisque j'avais tout perdu, ils 
pourvoiraient aux besoins de ma famille.
  Oui,  je le déclare, c'est à TOUSSAINT LOUVERTURE, c'est 
à  la morale qu'il prêchait à ses camarades,  que je  dois 
mon existence, et, sans défiance au milieu d'eux, elle fut 
bien  souvent à leur discrétion.  Puissè-je  un  jour,  en 
protégeant  la leur,  leur rendre utile celle qu'ils m'ont 
conservée." 
 
     François  Antoine BAYON de LIBERTAT fut  massacré  en 
1802 (9).

     Ce  sont ses petits-enfants qui bénéficièrent de  son 
héritage.  Maître TAJAN et Maître LAY de LABORDE,  avocats 
de  Paris et parents des BAYON de  LIBERTAT,  s'occupèrent 
des dossiers de l'Indemnité.
     Il  y  eut également la succession de  M.  de  SAINT-
MARTIN, conseiller  au Conseil Supérieur du Cap.
     Selon la "Liquidation de l'Indemnité de St-Domingue", 
les héritiers de François Antoine BAYON de LIBERTAT furent 
BAYON de LIBERTAT, DUMARC, LAY de LABORDE et LACOSTE.
  Ceux de SAINT-MARTIN : BULLET, LALANNE, de ST-MARTIN, de 
ST-GEORGES  du  PETIT  THOUARS,  DOMMAGET,  PAPART  de  LA 
BOISSIèRE,  BAYON de LIBERTAT,  DUMARC,  LAY de LABORDE et 
LACOSTE  (ces quatre derniers descendants de Marie Anne de 
ST-MARTIN épouse de François Antoine BAYON de LIBERTAT). 


Sources :
  1. Sur l'habitation et la famille de BREDA,  voir cahier 
8 du CGHIA (1984),  pages 33-39 "L'habitation BREDA à  St- 
Domingue" par Louis Richon.
  2. "Sucrerie  BREDA  de la Plaine du Nord"  par  Gabriel 
Debien, in Revue de la Faculté d'Ethnologie n° 11, 1965, 
p. 26-33.  
Un  dossier très intéressant de papiers privés  se  trouve 
aux  Archives nationales :  "rapports de BAYON de LIBERTAT 
au marquis de BREDA (1783-1784) sur l'état des esclaves et 
de la sucrerie du Bas-Limbé". (18/AP)
  3. "Etude sur l'histoire d'Haïti" par Bardoin, tome I
  4. "Vie de TOUSSAINT LOUVERTURE" par Saint-Rémy, 1850
  5. "TOUSSAINT LOUVERTURE" par Pierre Pluchon, 1989
  6. Lettre du bureau des colonies,  rapport du 11 ventôse 
an 7 (1 3 1799).
  7. Inventaire des autographes de B.  Fillon, vente du 17 
février 1877 (peut-être aux Archives de Nantes).
  8. Citée  dans  "Etude  sur  TOUSSAINT  LOUVERTURE"  par 
Victor Schoelcher.
  9. Cependant,  Louis Richon (voir note 1.) dit que BAYON 
de LIBERTAT et sa femme furent assassinés par les  troupes 
du  général MOïSE dans l'insurrection du 21 au 22  octobre 
1799  et MOïSE fusillé en punition par TOUSSAINT.  Mais il 
pourrait  s'agir  en  fait de la fille  et  du  gendre  de 
François Antoine. 
QUESTIONS :
 Je souhaite retrouver :
- Dans l'état civil du Cap,  la naissance de Marie Anne de 
SAINT-MARTIN  en 1756,  son mariage avec François  Antoine 
BAYON de LIBERTAT vers 1772,  la naissance de leurs filles 
entre 1772 et 1774,  le décès de François Antoine BAYON de 
LIBERTAT vers 1802.
- Les  noms  des émigrés de St-Domingue à  Philadelphie  à 
partir de 1792.
- Les papiers privés de François Antoine BAYON de LIBERTAT 
adressés  à  son frère Jean François  Marie,  demeurant  à 
Boulogne-sur-Gesse (Haute-Garonne).  Peut-être sont-ils  à 
Toulouse, peut-être à Aix.

NDLR
Les  registres  paroissiaux du  Cap-Français  ont  presque 
entièrement disparu.  On n'en conserve que les années 1777 
à 1789.  Vous ne pouvez donc rien y retrouver.  Cependant, 
dans  le cahier 25 du CGHIA (septembre 1988),  le  colonel 
Arnaud  a  présenté la généalogie de la famille de  SAINT-
MARTIN. Voici ce qu'il en dit :

"Messire Bernard de SAINT-MARTIN,  écuyer,  conseiller  du 
Roi,  conseiller  au Conseil Supérieur, doyen et président 
de  celui du Cap français en 1784,  exerçait des fonctions 
de  magistrature  à  St-Domingue  depuis  1749  et  était, 
lorsqu'il  démissionna  le 18 juin 1788,  le  plus  ancien 
magistrat  de toute la colonie.  Il quitta St-Domingue  en 
juillet  1793  pour se rendre aux Etats-Unis et  mourut  à 
Philadelphie le 26 mars 1797 à l'âge de 78 ans.  Il  avait 
épousé  demoiselle Marie Louise LE BON et en avait eu" six 
enfants dont la troisième,  Marie Anne de ST-MARTIN,  "née 
ca  1756;  le  16  octobre 1779,  étant  épouse  BAYON  de 
LIBERTAT, elle fut marraine au Cap de son neveu Marie Jean 
Baptiste Bernard LALANNE."
Voilà qui confirme l'ascendance de Marie Anne de ST-MARTIN 
et l'émigration d'une partie de la famille à Philadelphie.  


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*     Port de la Liberté, nonidi 29 nivôse an 7 (1)      *
*                                                        *
*                                                        *
*      Si l'on en croit la Déesse aux cent bouches, dont *
* quatre-vingt-dix-neuf  mentent toujours,  une  aimable *
* citoyenne  de  cette ville se serait trouvée,  par  un *
* retour imprévu,  la femme de deux maris, et la Munici-  *
* palité  qui  ne  veut pas  qu'on  accapare  ainsi  les *
* denrées  de première nécessité,  par mesure de police, *
* l'aurait provisoirement fait mettre à la geôle.        *
* Quant  aux Amphitrions,  la bavarde n'ajoute rien  sur *
* leur compte.  Nous les croyons nous, bons amis, et peu *
* sensibles à leur perte commune.                        *
*                                                        *
*                                                        *
*      Extrait du "Rédacteur colonial" n° 3,  relevé par *
* Pierre Bardin                                          *
*                                                        *
*                                                        *
* (1) Port de la Liberté était le nom révolutionnaire de *
* Pointe-à-Pitre, et la date correspond au 9° jour de la *
* décade, 18 janvier 1799                                *
*                                                        *
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Révision 26/08/2003