G.H.C. Numéro 29 : Juillet-Août 1991 Page 368

DE L'INFLUENCE DES FOURMIS
SUR LA REMUNERATION DU PRETOIRE

Arnaud Vendryes

     Il arrive parfois que l'on soit augmenté au cours  de
sa   vie professionnelle.  C'est tout au moins ce que vous
souhaite le trésorier de GHC, soucieux de la bonne rentrée
des cotisations.
     Ils  est plus rare de se voir diminuer.  Et,  à notre
humble avis, plus rare encore de se voir sauvé d'une dimi-
nution par une invasion de fourmis...
     C'est  néanmoins ce que semble évoquer la  lettre  du
président de TASCHER que nous reproduisons ci-dessous (Col
C/8a/74-53):


     "St Pierre Martinique le 2 décembre 1775.

     Monseigneur,

     En  vous  adressant le projet de fonds  pour  l'année
1774,  j'eus l'honneur de vous proposer la suppression des
appointements  des  officiers de justice à Ste  Lucie,  et
dans le fait,  suivant le compte qui m'avait été rendu  du
produit  de leurs places,  elles paraissaient devoir  leur
rendre  suffisamment  pour y exister d'une manière  conve-
nable  sans  que  le Roi fut obligé d'y  suppléer  de  ses
fonds.
     Mais depuis deux années l'expérience a montré que  le
progrès  des  fourmis dans cette colonie et la  non-valeur
des cafés ont fait rétrograder les produits des places  de
justice et j'ai d'ailleurs malheureusement reconnu que les
seuls  frais des maladies occasionnées par l'intempérie du
climat absorbaient et au-delà pour ces officiers la valeur
des appointements qui leur avaient été retranchés.
     Je crois donc de justice que ce traitement leur  soit
rendu   jusqu'à  des  circonstances  plus  heureuses,   et
j'espère  que vous voudrez bien les faire employer sur  ce
pied dans l'état des fonds pour l'année 1776."


     Quelles furent donc les victimes de ces petits  hymé-
noptères agressifs?  Colonies C/8a/75-51 vient répondre  à
cette question en donnant,  à la date du 1er mars 1776, la
liste  des  officiers  de justice du  ressort  du  Conseil
Supérieur de la Martinique.
     Nous  en  extrayons les noms des magistrats  exerçant
dans  la  juridiction  de  Sainte-Lucie,  avec  en  regard
quelques  remarques de bon ton,  faisant preuve d'un  sens
aigu  de l'analyse psychologique et dont nous  ne  doutons
pas qu'elles furent fort utiles à l'autorité destinataire.

M. DUNES (Jean Edely),  juge.  Attentif au maintien du bon
ordre  dans une juridiction éloignée des yeux du  Conseil,
actif dans l'exercice de son emploi; des connaissances; il
est aimé. Personne ne critique sa conduite et ses moeurs.
M. GUESNEAU (Charles François),  lieutenant de juge.  Très
estimé, délicatesse et capacité, conduite et moeurs.
M. CHAMBON  (Jean François),  procureur du roi.  Assez  de
connaissances et de capacités,  beaucoup de zèle,  d'exac-
titude et de fermeté dans ses fonctions,  d'ailleurs d'une
bonne conduite et de bonnes moeurs.
M. GENTIL  (Adrien Etienne),  substitut.  Peu de  connais-
sances,   mais  de  l'honnêteté  dans  ses  moeurs  et  sa
conduite.
M. REYNAUD  (Julien),  substitut et  procureur.  Capacité,
probité, bonnes vie et moeurs.
M. VIARD (Jean Didier),  greffier. Bon sujet, fidèle à ses
devoirs,  capable de les accomplir, sage et réglé dans ses
moeurs.
     Un  an  plus tard (juillet 1777),  une nouvelle  note
devait néanmoins venir tempérer les appréciations  concer-
nant le juge, Jean-Edely DUNES (Col C/8a/76-255):

     "Il  est  prudent  de suspendre tout jugement  à  son
sujet. Le procureur général vient de rendre contre lui une
plainte  juridique  sur une accusation  des  plus  grosses
prévarications  dont  il a presque avoué  certains  chefs.
L'information   est  ordonnée;   il  est  à  craindre  que
l'adresse  et  la dissimulation ne lui  aient  acquis  les
notes de l'année dernière.  Cette affaire fait beaucoup de
bruit et réveille certaines anecdotes qui n'avaient pas eu
jusqu'à présent de publicité".

     Comme quoi tout le monde peut se tromper...

     Jean-Edely  DUNES,  né à Fort-Royal de la Martinique,
époux de Rose PARENT,  mourut au Carénage de  Sainte-Lucie
le  4  septembre suivant:  existe-t-il un lien  entre  ces
événements?

Les CHARROPPIN (documents "en vrac")
P. Charroppin

Caveau CHARROPPIN au cimetière de la Chartreuse de Bordeaux

Dates d'inhumation
ou de décès         Noms

11 9 1823      Pierre Louis CHARROPPIN
16 8 1832      Madame CHARROPPIN née LAFON
8 10 1832      J. JUSPAN (= Jean JUSSAN)
27 9 1836      Elise GUERRIER de HOMETOT Anne-Albertine
               épouse CHARROPPIN (= Anne Robertine Elise
               LE TERRIER de MENNETOT)
21 8 1838      Anne et Bernardine Françoise NEGRE (1)
16 1 1839      Veuve COUSSET (1)
22 9 1840      Marie Marguerite DARTEGAUX veuve GAUTIER
               (exhumée 2 10 1841 du caveau 1271 série E)
               probablement mère de Mme BARRET de NAZARIS
4 7 1848       Pierre Philippe CHARROPPIN (exhumé 21 12
               1841 du caveau 14 122)
18 5 1852      Marie Louise Léonide d'ORGEMONT, 9 ans 1/2,
               venant de Pointe-à-Pitre (1)
9 12 1853      Jules CHARROPPIN
25 6 1858      Louis DUMAS de LA ROQUE
18 10 1865     Marie Adeline CHARROPPIN, venant du Bouscat
16 4 1872      Marie Louise CHARROPPIN, veuve JUSSAN
12 5 1873      Pierre Louis Adolphe CHARROPPIN
31 1 1875      Elisabeth BELIN veuve CHARROPPIN
4 12 1881      Jean CHARROPPIN (1)
10 4 1891      Jean Baptiste Ernest CHARROPPIN, 75 ans
27 4 1909      Elisabeth Joséphine CHARROPPIN, 94 ans
4 3 1918       divers DUMAS de LA ROQUE

(1) non identifiés; qui peut le faire ?
N.D.L.R.  Marie  Louise Léonide d'ORGEMONT  est  peut-être
l'enfant  née  à Pointe-à-Pitre le 9 et déclarée le  11  9
1840 sous les prénoms de Léonie Louise,  fille  d'Augustin
Benjamin  HOUDIN  d'ORGEMONT  et d'Elisabeth  Caroline  de




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