G.H.C. Bulletin 25 : Mars 1991 Page 290
HOMMAGE A GABRIEL DEBIEN
souvenirs se brouillèrent et s'ornèrent vite. Les départs
eurent souvent l'allure de mouvements collectifs, où l'e-
xemple plus que la peur eut à jouer. Il y aurait à distin-
guer déportés et réfugiés et, parmi ces derniers, ceux qui
fuirent vraiment devant leurs esclaves soulevés ne doivent
pas être confondus avec ceux que leur attitude politique
ou leurs idées sociales obligèrent de partir au débarque-
ment ou à l'évacuation des troupes anglaises, à l'arrivée
des Commissaires politiques ou à la victoire de TOUSSAINT
LOUVERTURE."
Sur les engagés : "Ainsi deux classes d'engagés : les
engagés munis d'un vrai contrat de travail et ceux qui
partent comme simple émigrant pour tenter l'aventure ...
Il en est sans doute autant qui partent pour vivre qu'il y
en a qui partent pour s'enrichir. Il faudrait savoir quand
il y a recrutement et quand il y a racolage."
Sur la taille des habitations : "A St Domingue, les
sucreries étaient grandes plutôt par le nombre de leurs
esclaves, par leurs méthodes de grande culture et la
complexité de leurs travaux que par l'étendue, souvent, de
leur fonds. Les petites places de mornes étaient parfois
aussi vastes, de même les hattes. 'Petites' et 'grandes'
plantations sont des expressions à sens plutôt social que
territorial."
Sur les gens de couleur devenus gérants de proprié-
taires blancs : "L'administration de plantations par des
gens de couleur n'avait rien d'exceptionnel. C'est un
exemple de la lente montée des libres vers la propriété,
vers la direction des biens d'absents, vers l'indépendance
économique, porte de l'indépendance politique."
Sur l'antagonisme commerce-colons : "L'immensité des
dettes des planteurs explique, pour une large part, la
formation de l'esprit colon et la volonté de secouer cette
sujétion, même par des moyens politiques."
Au sujet du Code Noir : "Les dispositions du Code
Noir n'ont jamais correspondu à la situation réelle, en
lente mais incessante évolution. Elles ne furent que des
voeux. Les ordonnances de 1724, 1784 et 85 essayèrent de
suivre et de réglementer ces changements, mais toujours à
l'échelon. Le Code Noir avait contre lui l'esprit de ceux
qui devaient l'appliquer, les colons, et de ceux qui
devaient le faire appliquer, les juges colons. L'ignorer,
c'est ignorer tout l'esclavage aux îles, les usages non
écrits que la jurisprudence des Conseils souverains et les
règlements de l'administration renforçaient, voilà le vrai
statut juridique des esclaves au XVIII° siècle."
A propos du livre de James "Les Jacobins noirs", qui
fit tant de bruit aux Antilles, voulant se présenter comme
la première analyse marxiste de la Révolution à Saint
Domingue : "Cet ouvrage est celui qui a voulu faire le
plus de bruit. Cela nous dispense d'en parler. Pourquoi se
croire obligé de mettre une lourde contre-vérité en guise
de titre et en imprimer à chaque page dans le corps du
texte ? Ce livre, oeuvre de combat, d'un combat actuel
d'ailleurs, n'aurait quelque valeur que s'il se servait
d'armes loyales. En histoire, l'ignorance passe aisément
pour de la mauvaise foi. La lecture de l'ouvrage convainct
de la bonne foi de l'auteur."
NOUS AVONS RECU
de Joseph J. Jova
Nombreuses photocopies d'articles généalogiques en anglais
et en espagnol sur des familles (principalement celles
d'origine ou avec alliances françaises) établies aux
Etats-Unis et à Cuba. Si ces familles vous intéressent,
nous pouvons vous communiquer ces documents. Nous ne don-
nons le détail que des branches en rapport avec les Antil-
les françaises.
Extrait de "Historia de familias cubanas" (cf GHC p. 27) :
(Tome 1)
FLORES de APODACA, de Pontevedra puis Cadix (Espagne),
établie à La Havane au milieu du XIX° siècle.
SANTA-CRUZ : les pages consacrées à Maria de las Mercedes
de SANTA-CRUZ y MONTALVO comtesse de MERLIN :
Son père passa de Cuba à Madrid en 1802. Elle rencontra
dans les salons de la maison madrilène de ses parents les
plus célèbres écrivains, peintres et musiciens de l'Espa-
gne d'alors, grâce auxquels elle acquit une instruction
solide et variée. Son père étant décédé, ce fut son oncle,
le général Gonzalo O'FARRILL y HERRERA, ministre de la
Guerre du roi Charles IV, qui prit en charge la famille.
Il prit parti pour Napoléon dès 1808 et c'est ainsi qu'el-
le épousa à Madrid le 31 10 1809 Christophe Antoine
MERLIN, général de division, aide de camp du roi Joseph
Bonaparte. Né à Thionville le 27 5 1771, fait comte de
MERLIN en 1810 par le roi Joseph, il fut par la suite
inspecteur général de cavalerie, chef de l'armée du Rhin,
grand officier de la Légion d'Honneur, chevalier de St-
Louis et mourut à Paris le 8 5 1839.
Le salon de la comtesse de MERLIN à Paris était des plus
célèbres, fréquenté par Rossini, Meyerbeer, la Malibran,
Musset, George Sand, Balzac, Chopin, Liszt, etc. Elle-même
chantait fort bien et écrivit plusieurs livres, de souve-
nirs et voyages principalement. Son oeuvre la plus connue,
"L'esclavage aux colonies espagnoles", fut publiée en
1840. Elle ne retourna qu'une fois à Cuba, de 1840 à 1842,
et mourut le 31 3 1852 à Paris (inhumée au Père-Lachaise).
Le comte et la comtesse de MERLIN eurent trois enfants,
Thérèse, François et Gonzalo, mais leur postérité s'arrêta
avec leurs petits-fils morts célibataires.
(J.J. Jova serait reconnaissant de toute information sur
les MERLIN en France)
(Tome 7)
GIQUEL, originaire de la Nouvelle-Orléans et établie à La
Havane au milieu du XIX° siècle. Dont :
Maria Margarita GIQUEL y PILON, fille de Jean-Baptiste
François GIQUEL et Maria Teresa PILON
o Santiago de Cuba
x Nouvelle-Orléans (St-Louis) 21 8 1820 Thomas CHASSAGNE,
fils de Thomas et Marie Claire RIGAUD
o La Tortue (St Domingue)
DESVERNINE, originaire de Bordeaux, établie à Cuba au
milieu du XIX° siècle. Dont :
Antoine DESVERNINE, fils de François et Rosalie LOSTHE
o Bordeaux
x Mumanayagua (Cuba) 1851 Louise Victoire Emile DAUBET,
fille d'Alex et Louise SIBILA
o Port-au-Prince (St Domingue)
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Révision 26/08/2003