G.H.C. Bulletin 23 : Janvier 1991 Page 263
LE TEMPS DE L'ESCLAVAGE A LA MARTINIQUE
PAPIERS DE PIERRE DESSALLES, PROCUREUR GENERAL EN 1831
de rien, qu'ils ont tous de beaux jardins, sont aisés,
bien vêtus et se sont toujours bien portés; que non seule-
ment l'atelier n'a pas éprouvé, par la mortalité, le
déficit qui existait annuellement sous les précédentes
gestions, mais qu'il y a depuis son administration des
différences considérables en faveur de la population (2).
3° ABIDAL ET LUBIN
Ils auraient reçu deux cents coups de fouet. Les
esclaves déclarent que ces deux cents coups ont été donnés
non en une fois, mais à plusieurs reprises, après de longs
intervalles et pour des fautes différentes. La première
fois que LUBIN fut châtié, c'était pour avoir laissé les
bestiaux ravager les cannes et les avoir fait paître dans
les endroits où il lui était défendu de les conduire.
Quant à ABIDAL, ils ne disent pas pourquoi il a été
battu; ils disent seulement que c'est pour des causes à
peu près semblables.
4° et 5° FACON DE TRAITER L'ATELIER
Il existe encore contre le sieur VERMEIL deux autres
chefs de prévention : celui d'avoir privé l'atelier (3) de
l'ordinaire auquel il a droit, et celui d'avoir châtié
indistinctement tous les nègres de jardin (3).
L'ordinaire n'a pas été enlevé mais diminué, et cela
pour les punir des vols qu'ils avaient commis à son préju-
dice, et des méchancetés dont plusieurs s'étaient rendus
coupables en brisant son crabier et en enlevant son canot.
Ce fait est très répréhensible, mais non pas criminel.
Quant au second fait, il est exact, et voici comment
il aurait eu lieu : un jour, les nègres s'étant rendus
trop tard au jardin, le sieur VERMEIL ordonna au comman-
deur de leur donner à chacun vingt-cinq coups de fouet;
plusieurs reçurent ce châtiment, les autres abandonnèrent
leurs rangs et se rendirent en masse chez M. le juge de
paix de La Trinité; de retour sur l'habitation, il ne leur
fut rien fait.
Voici, M. le Gouverneur, les faits tels que l'infor-
mation permet de les voir. Je crois devoir vous observer
que les esclaves ont seuls été entendus; l'interrogatoire
de sieur VERMEIL aurait été nécessaire pour connaître ses
moyens de défense, mais il n'a pu avoir lieu à cause de
son absence.
En outre, M. le Gouverneur, vous m'avez témoigné le
désir de connaître mon opinion à l'égard des six esclaves
de Spoutourne détenus à la geôle par ordre administratif :
c'est en vain que j'ai cherché, soit dans l'information,
soit par l'interrogatoire que j'ai fait subir à ces es-
claves, à découvrir une culpabilité quelconque; j'ai cru
voir au contraire de la franchise dans leurs réponses, et
un grand attachement pour leur maître; il serait à désirer
que l'on pût faire cesser le plus tôt possible la déten-
tion de ces malheureux.
(1) nom donné aux esclaves en fuite.
(2) ces dernières phrases montrent que le sieur VERMEIL
était, non pas un habitant, mais un géreur d'habitation.
(3) l'atelier est l'ensemble des esclaves travaillant
dans les champs, lesquels sont appelés nègres de jardin.
N.D.L.R. Le docteur Henri de Frémont (51 rue de Visien,
92400 Courbevoie) a édité une grande partie des papiers de
son aïeul Pierre DESSALLES. Il a encore quelques
exemplaires de ces ouvrages et consent fort aimablement
une importante réduction à ceux qui se présenteront comme
lecteurs de "Généalogie et Histoire de la Caraïbe". Nous
indiquons donc le prix normal entre parenthèses et le prix
GHC ensuite. Ces prix s'entendent franco de port.
- Histoire et généalogie de la famille DESSALLES,
Martinique et France (1650-1974). 200 pages. 1974.
(200F) 150F. Avec un index !
- La vie d'un colon à la Martinique au XIX° siècle :
Correspondance de Pierre DESSALLES (1808-1834).
232 pages. 1980
Journal de Pierre DESSALLES (1837-1841). 382 pages. 1984
Idem (1842-1847). 316 pages. 1985
Idem (1848-1856). 390 pages. 1986
Les quatre tomes (700F) 500 F.
L'ensemble forme un remarquable témoignage, unique en son
genre, très représentatif de la mentalité et des soucis de
la vie quotidienne des "habitants". Chaque volume est
accompagné d'annexes généalogiques, souvent très détail-
lées, qui situent les personnes citées par l'auteur.
- "Historique des troubles survenus à la Martinique pen-
dant la Révolution" de Pierre François Régis DESSALLES
(1755-1808). 476 pages. 1982. (200F) 150F.
TROUVAILLES
De Pierre Bardin
Archives de la Seine, D1 U1 99 (Justice de paix, Scellés)
- 4 janvier 1820. Notoriété pour dame Justine Marie Antoi-
nette RABY DU MOREAU veuve de Louis Clément ROSIèRES de
LACROIX, ayant eu son domicile rue Caumartin et présente-
ment en Angleterre. Elle est propriétaire d'une habitation
sucrerie à l'Arcahaye (St Domingue) dont BELIN de
VILLENEUVE était fermier, et elle est seule héritière de
RABY DU MOREAU son père. Les témoins sont :
1 Nicolas Marie Vincent de LéAUMONT, chevalier de St
Louis, propriétaire à St Domingue, habitant 77 rue du Bac.
2 Pierre Claude Emmanuel de PARADES, chevalier de St
Louis, ancien ordonnateur à St Domingue, propriétaire à St
Domingue, habitant 11 rue Ste Croix à Paris.
3 Jérôme André LE FéRAN, habitant de St Domingue, demeu-
rant 54 rue Neuve St Eustache à Paris.
4 Louis Gabriel BUCHEY, propriétaire à St Domingue, demeu-
rant à Paris 8 rue d'Hanovre.
- 8 janvier 1820. Notoriété pour Ferdinand Eugène Sidney
BRETTON DES CHAPELLES, âgé de 9 ans, par sa mère Louise
Marie Adélaïde Séline BAUDUY épouse d'Alexandre François
BRETTON DES CHAPELLES demeurant à Philadelphie, elle de-
meurant 1 rue Neuve du Luxembourg. Les six témoins décla-
rent connaître parfaitement l'enfant, qu'il est né à Phi-
ladelphie (E.U.) le 1° septembre 1808. "La dame sa mère ne
peut présenter son acte de naissance, dont elle a besoin
pour le faire admettre dans un collège, et ce à cause de
l'éloignement des lieux où il est né, ce qui rend les
communications difficiles."
INFORMATION
Madame Chantal Cordiez, 91 allée des peintres, 13320 Bouc
Bel Air, possède un exemplaire de l'"Album de géographie
historique de la Guadeloupe" édité à l'occasion de l'Expo-
sition coloniale internationale de Paris de 1931 (extraits
d'archives 1682-1818) et accepterait d'en faire des photo-
copies contre remboursement de frais.
Révision 26/08/2003