G.H.C. Bulletin 22 : Décembre 1990 Page 239
UN SURPRENANT CHANGEMENT D'IDENTITE
En effet, le 27 avril 1786, on avait baptisé à
Pointe-à-Pitre Marie Henriette COLLIN, née le 24 février,
dont le parrain était Joseph Paul TURRIER, négociant, et
la marraine Geneviève GIRARD DARASSE. Signaient au bap-
tême, outre le père Henry COLLIN, le parrain et la mar-
raine (qui signe GERARD et non GIRARD), deux autres
DARASSE sans prénom et DARASSE neveu.
Nous avons donc recherché, avant cette date, le
mariage des parents d'Henriette : introuvable !
En revanche, nous avons noté le mariage, le 21 mai
1785, d'une demoiselle Marie DALBON, résidente en cette
ville de Pointe-à-Pitre, native de la Tour d'Aix en
Provence, fille majeure d'Augustin d'ALBON (sic) et de
demoiselle Marguerite SOUCHE (ou SAUCHE). Elle épousait le
sieur Robert ECK, courtier, résidant en la même ville,
natif de Crône en Dauphiné (= Crolles en Isère ?), fils
majeur de Joseph ECK et Marie BRUN. Les témoins sont les
sieurs LEFEVRE, GONNON, OBRIES ET PENDERGRACE.
On pouvait à la rigueur imaginer un rapide décès de
Robert ECK et le remariage immédiat de sa veuve avec
THIONVILLE, Henriette naissant onze mois après ce mariage
de 1785. Rien de tel dans les registres. Cependant c'était
le seul acte au nom de Marie DALBON à Pointe-à-Pitre.
Nous avons donc suivi la trace du parrain et de la
marraine d'Henriette COLLIN et nous avons trouvé, le 13
novembre 1786, le mariage de M. Joseph Paul TURRIER, rési-
dent à la Grande Baie du Gosier, natif de la Tour d'Aix en
Provence (tiens! le lieu de naissance de la Marie DALBON
mariée en 1785!), fils du sieur Jean Claude, géomètre, et
d'Anne JARDIN (ou GARCIN). Il épousait demoiselle
Marguerite DARASSE, fille mineure du sieur François
DARASSE, architecte (marge du microfilm, peu sûr), et de
Geneviève GéRARD (tiens! voilà la marraine!). Les témoins
sont BROCHET, habitant, DUGUé, HOUELCHE, REGUIS, DALBON
(qui signe P. Dalbon).
Notre quête continuant, nous avons regardé les signa-
tures de tous les actes suivants. D'abord est apparue de
nouveau la signature DALBON (avec REGUIS fils, VIAN et
PATREL) à l'inhumation le 20 avril 1788 du sieur Louis
PERONNE, clerc tonsuré natif de Castellanne diocèse de
Senez. Nous revoilà en Provence!
Et, enfin ! le 19 novembre 1788, la signature DALBON
COLIN au baptême de Marie Henriette, fille de François
RIVIèRE, habitant au Moule, et Camille Françoise HOUDIN
LONGVAL, dont la marraine est dite "Madame Marie Rosalie
BLAN (peu lisible) DALBON épouse du sr COLLIN dit ROBEREC,
négociant en cette ville" !
Nous avions enfin trouvé la preuve que "Robert ECK"
et Henry COLLIN étaient la même personne !
Quant à expliquer ce changement d'identité ... c'est
une autre affaire et nous n'avons pas de solution.
Précisons pour finir que, sous la Révolution, on
trouve, dans le recensement de l'an IV à Pointe-à-Pitre,
Rosalie DALBON femme COLLIN, 40 ans, marchande, avec sa
fille Henriette COLLIN, 10 ans. Pas de mention de la
présence du père. (Nous n'avons pas trouvé son décès).
Beaucoup plus tard, le 3 juillet 1828, MM. Pierre
CHERON DUVIVIER, négociant, 45 ans, et Théodore GONON,
bourgeois, 76 ans, viennent déclarer le décès de dame
Marie D'ALBON, veuve de M. Henry COLLIN, 72 ans, née à la
Tour d'Aigues près la ville d'Aix ci-devant chef-lieu du
département des Bouches du Rhône, décédée la veille chez
M. THIONVILLE son gendre, notaire royal, 35 rue d'Arbaud.
On retrouve bien le lieu de naissance mentionné au mariage
de 1785, précisé.
"TERRES DE BAGNE" Chantal Cosnay
Le 10 octobre, au Centre des Archives d'Outre-Mer, à
Aix-en-Provence, l'exposition "Terres de bagne" a été
inaugurée par Monsieur Jean Favier, Directeur général des
Archives de France, en présence de personnalités du monde
politique et historique.
Cette exposition, qui s'est attachée à tenter de
saisir ce que fut la vie des 102.000 forçats et forçates
qui se sont succédés dans les bagnes coloniaux de Guyane
et de Nouvelle Calédonie de 1852 à 1953, restera en place
jusqu'au 30 novembre (du lundi au vendredi de 9 h à 17 h).
Elle sera ensuite convoyée vers les locaux parisiens des
Archives nationales, où elle sera accueillie en janvier et
février 1991.
Cette réalisation connaît d'ores et déjà un grand
succès, lié avant tout à l'originalité de sa démarche.
Pour la première fois, en effet, le phénomène du bagne
colonial est abordé dans son ensemble, géographique et
chronologique. Ce thème est illustré par des documents
inédits, issus des archives des établissements péniten-
tiaires coloniaux, dont le classement vient tout juste
d'être achevé, et par des objets insolites, parfois des
oeuvres d'art, provenant de collections privées et dont
certains n'avaient jamais été présentés au public à ce
jour. On retrouve les noms les plus célèbres, Louise
MICHEL, DREYFUS, "PAPILLON", SEZNEC.
Un catalogue accompagne cette exposition. Des spécia-
listes de l'histoire du bagne colonial, tels Odile
Krakovitch et Michel Pierre, y ont apporté leur contri-
bution au moyen d'articles inédits. Cet ouvrage est pourvu
d'une iconographie abondante. Il est en vente au prix de
80 F, par correspondance, au Centre des Archives d'Outre-
Mer, ou à la Boutique des Archives nationales à Paris.
En même temps, paraît aux Presses du C.N.R.S. un
livre intitulé "Les galères de la République". Il s'agit
du récit autobiographique du périple effectué par un
Communard déporté en Nouvelle Calédonie, et qui y mourut,
Louis REDON. C'est le témoignage poignant de cet homme,
parti en 1875 avec sa femme et son fils pour un voyage
sans retour. Le texte est présenté par Sylvie Clair,
conservateur au Centre des Archives d'Outre-Mer, qui a la
charge du fonds des bagnes coloniaux. Elle le replace dans
le contexte de la féroce répression anti-communarde et de
ses répercussions, par le biais de la politique coloniale,
sur la Nouvelle Calédonie et ses habitants.
Vient également de paraître un livre intitulé "Les
femmes bagnardes", aux éditions Olivier Orban, par Odile
Krakovitch, Conservateur aux Archives nationales. Ce
livre, le premier sur les femmes qui partirent au bagne,
est basé entièrement sur les archives et des documents de
première main. Loin de l'anecdotique, il évoque autant les
femmes célèbres, telle Louise MICHEL, que les récidivistes
de petits larcins, ou encore celles condamnées à la prison
en France, à qui l'on proposa de partir pour se marier et
"fonder une colonie" et qui ne trouvèrent là-bas que la
maladie, la misère et, souvent, la mort.
Enfin, à noter également, le livre de Jean José
Barbanson "Pages de la vie de Bourail", édité par l'asso-
ciation "Passé du Bourail".
N.D.L.R. Nous avons reçu, des Archives d'Outre-Mer ou
d'AMAROM (pas de mot d'accompagnement) cinq belles cartes
éditées par AMAROM (GHC p. 151 et 195) à cette occasion.
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Révision 26/08/2003