G.H.C. Bulletin 19 : Septembre 1990 Page 186
SEPTEMBRE 1790
BENEDICTION DU DRAPEAU NATIONAL EN MARTINIQUE
Marily Gouyé Petrelluzzi
Relevé dans le registre paroissial de
Notre Dame de Bon Port du Mouillage (Saint Pierre)
Bénédiction d'un drapeau dont les dames de la paroisse
ont fait présent au Régiment de la Martinique
Le neuf septembre 1790, à la réquisition de nos chères
paroissiennes, nous soussigné sous-préfet de la Mission
des Dominicains, curé de cette paroisse, aurions solemnel-
lement (sic) procédé à la bénédiction d'un drapeau natio-
nal dont elles ont fait hommage à Monsieur de CHABROL,
Colonel du Régiment de la Martinique, pour lui témoigner
la juste reconnaissance dont toute la paroisse est péné-
trée pour les deux Compagnies qui ont arboré le drapeau
aux trois couleurs sur le Fort Bourbon et qui ont brisé
les fers de nos concitoyens éloignés depuis longtemps de
leurs familles et de leurs affaires.
Cette cérémonie, qui a eu lieu après le serment civique
prêté dans notre esplanade par M. de MOLERAT, Commandant,
par la Sénéchaussée, par les membres de l'hôtel de ville,
par les capitaines des districts, par la troupe et la
milice citoyenne de cette ville, a été faite avec le plus
grand éclat. Après un discours que nous aurions adressé à
M. de CHABROL, nos dignes patriotes l'auraient accompagné
à son logement, d'où le drapeau aurait ensuite été
transporté au fort par la troupe, aussi glorieuse que
satisfaite du témoignage non équivoque de la reconnais-
sance et du patriotisme des dames de notre paroisse.
Bénédiction du drapeau de la paroisse du Gros Morne
Le douze septembre 1790, vers les dix heures du matin,
requis par nos généreux frères et bons patriotes de la
paroisse Notre Dame de la Visitation du Gros Morne de
bénir un drapeau national qu'ils ont fait faire en cette
ville, nous soussigné vice préfet de la Mission des Domi-
nicains, curé de cette paroisse Notre Dame de Bon Port du
Mouillage aurions rempli leurs désirs avec autant de zèle
que de plaisir.
La cérémonie finie, nous aurions témoigné à Monsieur
LANDAIS LESTOUPINIèRE, patriote aussi zélé que digne
commandant de Messieurs les volontaires de son quartier,
que nous n'étions pas moins flattés d'avoir exercé notre
ministère pour une cérémonie aussi auguste, que reconnais-
sants de l'ardeur avec laquelle ils avaient toujours volé
au secours de cette ville.
Notre discours, consacré à célébrer leur patriotisme,
auquel toute la ville a toujours rendu hommage, et à leur
témoigner notre juste reconnaissance, étant fini, des cris
répétés "Vivent les bons patriotes du Gros Morne" se sont
fait entendre de toutes parts et nous aurions conduit au
son des cloches le cortège, qui était sous les armes, à la
principale porte de notre paroisse, d'où le drapeau a été
transporté à l'hôtel de ville par le Sr LAHOUSSAYE STE
CROIX, auquel nous l'avons remis.
Nota : Ce curé patriote était Joseph MAUNIER, dominicain
de la Province de Toulouse, qui, en février 1794, à
l'arrivée des anglais et au retour des royalistes, quitta
l'île dans l'exode des patriotes. (notice 2.300 dans "Le
clergé" par l'abbé David, Soc. Hist. Martinique).
1660 : LES CARAIBES SUR LES BRAS !
Pierre HINSELIN, lieutenant général de la Guadeloupe
à Charles HOUEL, seigneur et gouverneur de la Guadeloupe
(C.A.R.A.N. : Minutier Central, Etude CXXII/1656)
Trouvé par Pierre Bardin
transcription et commentaires de B. et Ph. Rossignol
Le 19esme aoust 1660, de notre chasteau
de Basse Terre de Guardeloupe
Monsieur
Jusques a present je ne vous ay rien mandé que dagreable
par la continuation du repos que vous nous avez laissé a
votre despart et cest avec deplaisir que je vous mande que
nous sommes a la veille davoir les caraibes sur les bras
par un trait assez fascheu de Monsr. DHERBLAY.
La plainte que le capitaine MARIVET vous fist qua la
riviere duplessis on avait voulu tirer sur luy, lavoit
obligé de se retirer a la dominique pour tout le temps de
votre absence et il estoit icy venu me le dire men tesmoi-
gnant assez de regret. Mais comme ce feu qui couvoit sest
resveillé par un autre rencontre, je croy que laliance
court risque de se rompre.
Laffaire est que quelques neigres mescontens de leurs
maistres, chefs de la capesterre de la dominique, et sedi-
tieus parconsequent, se sont embarques dans un canot pour,
a ce que jay sceu de Jean JARDIN, se rendre aux anglois a
qui ils avoient appartenu. 2 aultres estoient de martini-
que et un aultre de st barthelmy. Mais, la nécessité ou
deau ou de vivre les pressant, ils terirent vis a vis de
chez monsr. POTEL qui, comme ils mettoient pied a terre,
les saisit et les mena a monsr. DHERBLAY qui, a ce quon me
dit, en avoit donné 3 au dit POTEL et retenu chez luy les
5 aultres.
Quand je sceu laffaire, voyant quel pourroit avoir de
mauvaises suites, jescrivis a monsr. DHERBLAY ce qui suit
"le 16esme aoust 1660
Monsr., linterrest public moblige a vous escrire ce mot
sur une affaire qui ne mest considerable que par les
suittes quelle puist avoir. Cest, monsr., touchant quel-
ques neigres fugitifs de la dominique appartenants, a ce
quon dit, aux principaux de la capesterre de la dite isle
qui, sachants leurs neigres en guardeloupe, fairont leur
effort pour les retirer, ou par amitié, qui nest pas leur
facon ordinaire, ou plus toost par violance, et, pour cet
effet, sattaqueront aux colonies dependantes de la guarde-
loupe, sans sinformer si elles seront votres ou non.
Pour moy, je me croy obligé de vous remontrer icy
combien vous exposez les Xaintes, la grande terre et ce
quil y a de dependant de Monsr. le gouverneur en cette
isle, et je croirois negliger le traité fait par mesrs.
les gouverneurs si, quand il y a apparence quil se doit
rompre, je nen tesmoignois apprehension et ne faisois
connoistre que jemploiray touts mes soings pour le mainte-
nire. Si javois affaire a des gens qui se declarassent
ennemis avant que faire acte dhostilité, je ne me précipi-
terois pas tant; mais, comme la thrahison fait leur force
et commence leur guere, je croy estre assez bien fondé en
vous tesmoignant mes sentimens que vous devez escouter
dautant plus toost quils parlent pour plus de personnes,
lesquels autant que je pourray je maintiendray paisibles.
Votre affect. serv."
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