G.H.C. Bullertin 15 : Avril 1990 Page 127
Le "Mystère" de l'origine géographique
de François NéRON et du sieur de BOUQUETEAU
habitants de la Guadeloupe au XVII° siècle
leur nom n'apparaîtra plus ultérieurement en Guadeloupe.
Sont-ils morts pendant le voyage? Sont-ils morts à la
tâche ou ont-ils déserté?
En revanche, nous trouvons le nom de François NéRON et
le document nous confirme qu'il est alors âgé de 20 ans.
Nous trouvons également le nom d'un certain Jean RENAUD
LA MONTAGNE âgé de 43 ans, vraisemblablement le géreur de
l'habitation, qui habite là avec sa femme et sa fille
(20).
Il est probable que François GILLOIRE a alors quitté
la Guadeloupe et confié son habitation à son géreur, sous
la surveillance de François NéRON. En effet, Françoise
BESNARD, son épouse, a mis au monde à Chinon deux enfants
(21).
De fait, un document rédigé en Guadeloupe en 1669
(22) ne mentionne plus le nom du Sieur de BOUQUETEAU sur
son habitation de "la Montagne St-Louis", mais seulement
celui de son neveu.
En tout état de cause, nous savons positivement que le
Sieur de BOUQUETEAU était décédé avant la date du 12
septembre 1670. C'est ce que nous apprend la lettre du
Sieur DEGONNE citée au début de cette notice. Cette lettre
nous apprend de plus que François NéRON a quitté "la
sucrerie de feu Mr de BOUQUETTO" et qu'il réside sur son
habitation au Petit Carbet de la Grande Anse.
En effet,ce dernier possède maintenant une propriété de
"600 pas de large (sur) 1000 pas de hault" située entre
les rivières du Petit Carbet et du Trou au Chien (23).
En 1671, la propriété de la Montagne Saint-Louis appar-
tient encore "aux hoirs du feu Sieur de BOUQUETOT" qui
sont, croyons-nous, sa veuve et ses orphelins restés à
Chinon (24). Le défunt laisse de plus à ses héritiers deux
magasins dans la Ville de Basse-Terre, l'un d'une longueur
de 26 pieds et demi a été "ruiné par le houragan" et
l'autre "construit de neuf contenant 30 pieds" est entre
les mains d'un certain Abraham FABVRE.
Nous n'avons pas connaissance que les enfants de
François GILLOIRE aient fait souche en Guadeloupe après
cette date et il faut croire qu'ils durent se séparer de
leurs habitation et magasins.
La généalogie descendante de la famille GILLOIRE à
Chinon devrait être accessible assez facilement. Il con-
viendrait pour cela d'étendre les recherches aux registres
paroissiaux de Saint-Mesme et Saint-Saturnin.
Enfin, pour l'étude de l'origine de cette famille en
France, nous signalons l'existence d'une lettre signée
"GILLOIRE de L'ESPINAY, 64 boulevard Heurteloup à Tours"
sans date (1867 ?) adressée à "Monsieur le Directeur", qui
fait état d'un "dossier de chartes appartenant à (sa)
famille" (25).
La postérité de François NéRON en Guadeloupe est en
revanche bien connue, notamment de ses descendants ac-
tuels; c'est pourquoi nous ne nous étendrons pas sur ce
sujet. Rappelons simplement ici que François NéRON épousa
en Guadeloupe :
1) Christine, fille de Guillaume LE MERCIER, Sieur de
BEAUSOLEIL, Conseiller au Conseil Souverain de BOIS-
SERET, et de Marie LAURENS, son épouse.
2) Cornelia, née en Guadeloupe vers 1655, fille de
Nicolas GIRARD (alias CLASSE VAN SCHALKWYCK), ancien
officier au Brésil (26), hollandais réfugié en Guade-
loupe en 1654 et décédé sur son habitation de Basse-
Terre avec son épouse Anne de FALAISE, lors du débor-
dement de la Rivière aux Herbes (8 août 1666 ?).
Postérité et alliances avec les principales familles
de la Grande-Terre.
Nous considérons que le "Mystère de l'origine de la
famille NéRON" en Guadeloupe est désormais éclairci.
Cependant nous regrettons de n'avoir pas pu établir
l'identité de l'auteur de la "Lettre de Saint-Domingue en
1670" et son lien précis de parenté avec François NéRON
qu'il appelle son cousin.
Nous remarquons néanmoins que la lettre initiale du
prénom, entrelacée avec le D majuscule de la signature
DEGONNE est analogue au J de l'expression "J'ay apris..."
qui figure dans la marge. Cette constatation nous
embarrasse car nous n'avons retrouvé dans les registres
paroissiaux de Chinon ni Jean ni Jacques, etc. mais
seulement des Estienne et des Louis DEGONNE.
Compte-tenu des dates étudiées, il se pourrait que J.
DEGONNE dit DESSABLONS soit le fils d'Estienne DEGONNE et
Jehanne BERTAULT, de la paroisse Saint-Jacques de Chinon.
Cela reste à prouver (27).
L'onomastique devrait pouvoir nous aider. Une première
approche nous a permis de localiser dans le département
d'Indre-et-Loire pas moins de sept lieux-dits "Les
Sablons", dont deux situés dans l'arrondissement de
Chinon, sur les communes de Mazières et de Chouzé-sur-
Loire (28). La solution n'est pas loin.
Nous avons indiqué au début de cette notice que
François NéRON père était Maître tanneur à Chinon et c'est
pourquoi il serait tentant de penser que la présence du
Sieur DEGONNE à Saint-Domingue avait pour but l'achat de
cuirs auprès des boucaniers de l'île. Cela est possible.
En vérité, nous pensons que DEGONNE avait fait partie du
corps expéditionnaire levé en Guadeloupe en 1670 par Jean
de BORDENAVE sur l'ordre du Marquis de BAAS (29), qui
avait alors des vues sur l'île de la Jamaïque.
L'expédition s'étant débandée à Saint-Domingue, DEGONNE
aura très certainement préféré "courir le bon bord" avec
les flibustiers de l'île de la Tortue, plutôt que de
s'établir bien sagement comme facteur de négociant en
cuirs et en sucres (30).
Pour finir, nous précisons que la stèle funéraire de
Bertrand OGERON, le fameux Gouverneur de la TORTUE aurait
été posée dans l'église Saint-Séverin à Paris, d'après
René Viard (31), en 1864, probablement à l'initiative de
Pierre Margry qui avait le goût des inscriptions
commémoratives.
Notes
1 Généalogie et Histoire de la Caraïbe, n° 5 pp. 40 à 42.
2 Carré de Busserolle (J.X.) Dictionnaire Historique et
Géographique d'Indre-et Loire, Tome I, page 430.
3 Archives Dép. d'Indre-et-Loire, R.P. de Saint-Estienne
de Chinon.
4 Nous n'avons pas trouvé de parenté entre Renée CHABERT
et Sébastien CHABERT de Tours, dont le petit-fils
Charles Louis CHABERT de LA CHARRIèRE fera souche à la
Guadeloupe (voir Cahiers du CGHIA n°7 pp. 8 à 27 et GHC
n° 10 page 71). Notons ici que la notice de Borel d'Hau-
terive publiée dans l'Annuaire de la Noblesse 1866 con-
tient des données inexactes puisque le regitre parois-
sial de Saint-Saturnin de Tours permet d'établir la
filiation suivante :
- Sébastien CHABERT, fils d'Estienne et de Marie RALLEAU
de la paroisse de Thouars, épouse le 30 janvier 1645
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