G.H.C. Bulletin 15 : Avril 1990 Page 121
SAINT-EUSTACHE
Repères historiques
Le gouverneur CHABERT
tentaient avec succès d'attirer les religionnaires conver-
tis, mais nous laissons de côté cet aspect.
1666-1667 (guerre anglo-hollandaise) : l'escadre française
s'empare de St-Eustache le 15 11 1666; le traité de Breda
du 31 7 1667 nous oblige à rendre nos conquêtes
1689 (guerre de la Ligue d'Augsbourg) : attaque et prise
de St-Eustache; capitulation signée par le gouverneur du
fort appartenant à la Compagnie hollandaise le 6 avril;
mise de l'île en état de défense; M. de MAIGNE y est nommé
lieutenant de Roi, l'île étant rattaché au gouvernement de
St-Christophe (C/8A/5 et C/8B/1)
1690 : tremblement de terre en mai; envoi de vivres; en
août, prise de St-Eustache et St-Christophe par les an-
glais; le 3 août accord sur la reddition du fort de St-
Eustache entre le général des forces anglaises des
Caraïbes et M. de GALIFFET, commandant du fort (C/8A/6)
1709 : attaque et pillage de l'île par des flibustiers
français en décembre (C/8A/7 et C/8B/2)
1711 : attaque par des corsaires français (C/8A/18)
1713 : expédition de Cassard contre St-Eustache et Curaçao
(C/8A/19)
Dans les années 1731 à 1743, nombreuses plaintes contre le
commerce clandestin entre St-Eustache et la Grande-Terre
de Guadeloupe. En juin 1743, le gouverneur MARTIN de
POINSABLE dit que St-Eustache sert d'entrepôt pour le
commerce clandestin et que son gouverneur renseigne les
anglais sur ce qui se passe dans les îles françaises.
(C/8A/42,43,46,48,50,51,54,55).
Pendant la Guerre de Sept Ans (1756-1763), marché d'appro-
visionnement réciproque conclu avec St-Eustache, les hol-
landais étant neutres, de 1758 à 1761 (C/8A/61 à 63).
Lors de la Guerre d'Indépendance Américaine (1776-1783),le
commerce entre les îles françaises et St-Eustache est très
gêné par le blocus anglais. En février 1781, l'amiral
anglais RODNEY s'empare de l'île et la pille ce qui donne
lieu à des protestations de la part de négociants français
qui y sont établis . Le 25 11 1781, le Gouverneur Général
français, M. de BOUILLé, s'en empare à son tour et la
remet au gouvernement hollandais. Il en parle ainsi au
Ministre dans un long mémoire sur les îles françaises du
Vent daté du 28 février 1782 : "L'île de Saint-Eustache
n'est qu'un rocher sur lequel s'est fondée une nouvelle
Tyr qui, par l'industrie du peuple qui l'habite, est
devenu l'entrepôt d'une partie des richesses de l'Améri-
que. La nature a tout refusé et l'industrie a tout fait.
Entre les mains des Hollandais, Saint-Eustache est riche
et commerçante. Entre celles de tout autre puissance,
Saint-Eustache n'est rien."
Dès le 5 février 1782 M. de BOUILLé donne à M. CHABERT un
brevet de gouverneur de l'île. Et le 3 décembre de la même
année il écrit au Ministre : "J'ai établi ainsi que vous
me l'avez ordonné l'île de Saint-Eustache sous le gouver-
nement français en conservant les lois civiles du gouver-
nement hollandais jusqu'à nouvel ordre du Roi; ainsi la
justice sera rendue au nom de Sa Majesté. J'ai maintenu
provisoirement M. CHABERT Gouverneur particulier de la
dite île et M. de FITZ-MAURICE commandant en chef les
forces militaires." L'île est alors une dépendance de la
Martinique. BOUILLé précise encore : "M. de FITZ-MAURICE
et l'Etat-Major continueront à jouir du traitement qui
leur est attribué. Mais il est nécessaire que vous vouliez
bien régler le traitement de M. CHABERT Gouverneur parti-
culier qui a beaucoup contribué à la prise de cette île et
vous trouverez juste qu'il en soit payé depuis le 26
novembre de l'année dernière. Je vous prie de porter son
traitement à 20 ou 24.000 livres."
Mais l'île ne va pas rester longtemps française. Le 17
novembre 1783 le Gouverneur DAMAS écrit qu'il va exécuter
les ordres reçus pour la remise aux commissaires hollan-
dais des colonies de Demerary, Essequibo, Berbice (actuel-
le Guyana) et St-Eustache. Le procès-verbal de remise à la
Compagnie occidentale hollandaise de Saint-Eustache et
Saba est signé le 7 février 1784 par "Thomas de FITZ-
MAURICE lieutenant colonel d'infanterie, commandant en
chef les forces militaires des îles Saint-Eustache, Saba
et Saint-Martin, et Charles CHABERT, gouverneur général
des dites îles.". C'était donc la fin de la troisième et
dernière période française de l'île, sous l'Ancien Régime.
CHABERT a donc été le seul gouverneur français de l'his-
toire de St-Eustache, deux ans seulement. Il se plaindra
de n'avoir reçu aucun traitement pendant cette période.
Cela s'explique par le fait que son brevet n'était pas du
Roi mais du Gouverneur. Lorsque le Roi ne "confirmait" pas
les brevets donnés par les administrateurs, les bénéfi-
ciaires n'avaient ni traitement ni pension de retraite!
(C/8A/78 à 84; C/8B/5; E67)
1795 A l'époque de Victor HUGUES et des corsaires de la
Guadeloupe, plusieurs îles furent prises par les français
dont St-Eustache
Le gouverneur CHABERT
C'est à l'époque florissante du XVIII° siècle qu'une
branche des CHABERT, famille guadeloupéenne étudiée par
ailleurs, choisit de s'établir à Saint-Eustache. Ce pre-
mier CHABERT était négociant. C'était peut-être le bon
choix!
Charles CHABERT, né en Guadeloupe d'un père marchand
originaire de Tours et d'une mère créole de l'île St-
Christophe, alla s'établir en 1739 à St-Eustache et y
épousa une hollandaise. C'est précisément l'époque où la
Correspondance des gouverneurs exprime de nombreuses
plaintes contre le commerce interlope entre St-Eustache et
la Grande-Terre de Guadeloupe. Son fils Charles André,
orphelin très jeune fut pris en charge par ses oncles de
Guadeloupe qui l'envoyèrent faire ses études en France, à
l'époque où les rapports entre St-Eustache et les îles
françaises étaient excellents, un traité d'approvisionne-
ment réciproque ayant même été conclu, pour résister aux
difficultés dues à la Guerre de Sept Ans. Ce traité fut
rompu en 1761 et c'est vers cette année-là que Charles
André décide, comme son père, de s'établir à St-Eustache
en y épousant une hollandaise.
C'est donc lui que choisit M. de BOUILLé en 1782 pour
être le Gouverneur de la St-Eustache française. Il a une
quarantaine d'années, a fait de sérieuses études en France
et c'est un négociant au fait des rapports entre les
différentes îles. Ce choix s'explique parfaitement.
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Révision 26/08/2003