G.H.C. Bulletin 15 : Avril 1990 Page 118

FAMILLE CHABERT : AUTRES BRANCHES MOINS CONNUES
B. et Ph. Rossignol

     La  lecture  des  articles  consacrés  à  la   famille
CHABERT de LA CHARRIèRE dans l'"Annuaire  de  la  noblesse"
de Borel d'Hauterive et dans le "Dictionnaire des  Familles
françaises" de  Chaix-d'Est-Ange  met  en  valeur  un  fait
méconnu de plusieurs généalogistes  :  ces  généalogies  du
XIX° siècle, en général établies sur des bases solides,  ne
s'intéressent qu'à une ou quelques branches  des  familles,
ignorant superbement les autres. Elles  sont  donc  souvent
justes mais très souvent incomplètes.
     D'après ces deux sources, les CHABERT seraient  origi-
naires du Dauphiné,  connus  depuis  le  XIV°  siècle.  Une
branche s'établit en Hollande et  une  autre  en  Touraine,
avec Michel CHABERT, élu échevin perpétuel de Tours  le  22
décembre 1634, et ses fils Sébastien CHABERT  de  PRAILLES,
échevin perpétuel en 1672 et  André  CHABERT  de  LA  CHAR-
RIèRE, bourgeois de Tours. 
     Ces généalogies ne donnent à Charles-Louis CHABERT  de
LA CHARRIèRE, passé  en  Guadeloupe,  qu'un  fils,  Hilaire
Louis, chevalier de Saint-Louis le 21  juin  1774,  lieute-
nant colonel d'infanterie  et  commandant  du  quartier  du
Baillif, qui s'était distingué par son courage pendant  les
guerres contre les anglais où ses biens avaient été  incen-
diés et ses  esclaves  enlevés.  Il  est  précisé  que  les
registres du Baillif  et  les  minutes  du  notaire  de  la
famille ayant brûlé dans  les  incendies  dus  aux  guerres
anglaises, il fut autorisé à déposer au greffe  l'état  des
baptêmes de  ses  enfants.  Seuls  les  quatre  fils  alors
vivants sont cités (or il avait eu une  douzaine  d'enfants
dont quatre filles  mariées  et  apparemment  un  seul  des
fils, le député).   

     En fait la lecture des registres nous amène à  complé- 
ter cette généalogie.
     Aux deux enfants de Charles Louis CHABERT  et  Margue-
rite LELONG évoqués dans l'article de Mme Imbert  (GHC  10)
il faut en ajouter d'autres,  dont  deux  découverts  grâce
aux dossiers de la Série E, qui nous  ont  conduits  à  des
recherches dans les registres paroissiaux  de  Basse-Terre.
Rappelons que la branche de LA CHARRIèRE était  au  Baillif
dont les registres ont malheureusement souffert  des  guer-
res anglaises. Le quartier est un des plus  anciens  de  la
Guadeloupe mais une note au  début  de  la  première  année
conservée, 1751, précise  "tous  les  registres  précédents
furent brullés au siège de la Guadeloupe."  Mais  heureuse-
ment on trouve la première génération et d'autres  branches
à la paroisse St-François de Basse-Terre.
     
  Un des frères d'Hilaire Louis CHABERT de LA CHARRIèRE  et
d'Elisabeth CHABERT fut André Michel CHABERT  de  PRAILLES,
écuyer, avocat au Parlement de  Paris  puis  conseiller  au
Conseil Supérieur de Guadeloupe. Il était  époux  de  Marie
Anne ANQUETIL CAVALIER (famille du  Baillif),  probablement
soeur de l'épouse de  son  frère  Hilaire  Louis,  et  qui,
veuve en 1755, se remaria avec le notaire CHUCHE.
  Le couple eut au moins cinq enfants (voir généalogie ci- 
après) dont :
1 André Charles Guillaume CHABERT, officier de milice,  né
  à St François de Basse-Terre. Il épousa au  Lamentin  le
  1° mai 1770 Marie Angélique JUSTON, fille de François et 
  Marie Anne BEAUPIN, née à Baie-Mahaut.  C'est  probable-
  ment lui qui, sous le nom de "Chabert fils"  figure  sur
  la liste des émigrés de Petit-Canal en l'an IV
2 Michel Angélique CHABERT de PRAILLES, qui était en  1785
  écrivain principal de  la  marine  faisant  fonction  de
  commissaire et chargé en chef du service à la  Pointe  à
  Pitre
3 Marguerite Elisabeth CHABERT  de  PRAILLES,  née  à  St-
  François de Basse-Terre, qui épousa en  premières  noces
  Charles Jean de LONGCHAMP, conseiller  du  Roi,  premier
  substitut et procureur de Guadeloupe, ancien notaire, et 
  en secondes nocesJean Nicolas  Marie  MONSIGNY,  écuyer,
  sieur de TAUCHONNIèRE, natif de Saint-Omer en Artois 

     On remarquera que l'aîné des  enfants  porte  le  nom
patronymique seul. Selon l'usage il est donc devenu repré- 
sentant de la branche aînée, ce  qui  veut  dire  qu'André
Michel CHABERT de  PRAILLES  venait  avant  Hilaire  Louis
CHABERT de LA CHARRIèRE et qu'il avait lui-même  un  frère
aîné qui serait mort sans enfants.

     Ce frère aîné  était  Charles  CHABERT.  Loin  d'être
décédé sans enfants, il eut un fils qui eut lui-même  sept
enfants. Mais il était allé  s'établir  à  Saint-Eustache,
île hollandaise où il épousa en 1739 une hollandaise née à 
Philadelphie.  S'étant  fait  naturaliser  hollandais,  il
mourut en 1742 et laissa  donc  un  fils  mineur,  Charles
André, qui eut pour premier tuteur son  oncle  CHABERT  de
PRAILLES et à la mort de ce dernier pour second tuteur son 
cousin germain DUCLOS. Il fut éduqué  en  France  par  ses
oncles de la Guadeloupe, mais, comme  son  père,  il  alla
ensuite s'établir à Saint-Eustache contre la volonté de sa 
famille de Guadeloupe. A la suite d'un procès  fait  à  sa
famille de Guadeloupe pour  se  faire  rendre  compte  des
sommes qu'avaient eues ses tuteurs pour lui et  de  celles
dues à son père, ainsi que  de  la  partie  de  ses  biens
détenue par son oncle CHABERT de LA CHARRIèRE, un arrêt du 
Conseil Supérieur du 15 mars 1768 le  déclara  inhabile  à
hériter des biens de  son  père  en  Guadeloupe  puisqu'il
avait quitté le royaume pour s'établir en terre étrangère. 
Il était même sujet  à  confiscation  de  corps  et  biens
d'après les édits d'août 1669 et juillet 1682 et la décla- 
ration du 14 août 1685. La rigueur de l'édit de 1669 avait 
été modérée par les édits suivants mais gardait son  plein
effet si le sujet  s'était  fait  naturaliser  sujet  d'un
autre état, ce qui était le cas du père  Charles  CHABERT.
L'arrêt précise que les enfants nés en pays étranger  d'un
père français et d'une mère étrangère peuvent être réputés 
français d'origine pourvu qu'ils n'aient pas pris de  let-
tres de naturalité. Ils peuvent alors hériter en France en 
venant y résider et en déclarant qu'ils veulent  vivre  et
mourir français. Ce ne fut pas, semble-t-il, le choix fait 
par Charles André.
     En fait cette affaire d'héritage monta très  haut  et
dura longtemps : il y eut un abondant échange de  courrier
sur ce sujet, de décembre 1768 à juin 1773,  entre  M.  de
BERKENROODE, Ambassadeur de  Hollande,  et  les  ministres
successifs des Affaires Etrangères et ceux de la Marine et 
Colonies, les ducs de CHOISEUL et de PRASLIN puis  le  duc
d'AIGUILLON et M. de BOYNES. Le 19 juin 1773, M. de BOYNES 
ministre des Colonies, prie M. le duc d'AIGUILLON,  minis-
tre des Affaires Etrangères de faire savoir à M.  l'Ambas-
sadeur de Hollande que "le sieur CHABERT  n'est  nullement
fondé à se plaindre de l'arrêt dont il s'agit."
(information de P. Bardin)

     Nous ne connaissons pas les sept enfants  de  Charles
André CHABERT, négociant à Saint-Eustache, devenu  hollan-



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Révision 26/08/2003