G.H.C. Bulletin 13 : Février 1990 Page 106
NOTE SUR LES ORIGINES DE LA FAMILLE THEUVENIN
Henri Theuvenin
Le berceau de la famille se situe, presque certaine-
ment, dans l'est de la France, et, plus précisément, en
Franche-Comté.
J'ai retrouvé notre patronyme avec la graphie
THEUVENIN dans la région de Vesoul, graphie que je n'ai
pas retrouvée ailleurs, la graphie THEVENIN étant, par
contre, très répandue de Saint-Etienne à Nancy et se
retrouvant avec plus ou moins de densité dans tout le
reste de la France.
Les THEUVENIN semblent être arrivés à la Martinique à
la fin du 17° siècle, probablement vers 1685/1690, sans
doute en provenance de Saint-Christophe, dont ils ont pu
avoir été chassés par les Anglais. On retrouve, en effet,
dans le "Rôle Général des Habitants de Saint-Christophe"
conservé aux Archives Nationales, et reproduit par Adrien
Dessalles dans son "Histoire Générale des Antilles"
(Paris, 1847, Tome II, page 430), un Nicolas THEVENIN dans
la Compagnie du sieur DERLINCOURT, en même temps que de
nombreux autres colons que l'on retrouve par la suite
établis au voisinage des THEUVENIN au Gros-Morne en 1705;
entre autres : des GODARD, DUVAL, LE COMTE, LA HAYE, DES
SOUCHES, MAUGER, CAILLOT, de LAUNAY, LANGLOIS, MORIN,
GOSNIER, etc.
Le premier THEUVENIN dont on trouve trace à la Marti-
nique est Claude THEUVENIN, habitant Trinité, qui, vers
1685, épouse Hélène MIGNOT, née à Saint-Pierre vers 1648,
veuve en premières noces de Bertrand ROY et en deuxièmes
noces de François GAUDIN. On le retrouve comme témoin au
mariage de François GAUDIN, son beau-fils, et de Marie
Rose LE MAIRE, le 20 novembre 1703 (contrat passé le 19
novembre devant M° de VASLE), puis comme propriétaire de
45 hectares de terre au Gros-Morne en 1705 ("Plan du
quartier du Gros-Morne" SOM G1/470).
En s'appuyant sur les dates et événements historiques
de l'époque, on peut formuler l'hypothèse suivante : un
THEUVENIN a pu vouloir fuir les massacres et pillages
causés en Franche-Comté par la guerre dite "des Dix Ans"
faite par Richelieu avec l'aide de mercenaires allemands
et suédois en vue de conquérir cette province et s'engager
ou émigrer vers Saint-Christophe, comme beaucoup de ses
compatriotes l'ont fait à destination de la Suisse, de
l'Italie, et du Canada.
Grâce au Minitel j'ai pu établir que tous les
THEUVENIN (THEU) vivant actuellement en France métropoli-
taine, en dehors de mes propres enfants, sont originaires
de la Haute-Saône (Pesmes, Gray, Jussey ou Lure). A l'oc-
casion de mes séjours en France, j'effectue, chaque fois
que je le peux, des recherches dans les mairies de la
région, et je suis actuellement sur la trace d'un
THEUVENIN né le 22 juin 1832 à Martinvelle dans les Vosges
et dont les parent demeuraient à Jussey. Petit à petit
j'espère pouvoir remonter jusqu'au 17° siècle : on verra
bien!
Le patronyme vient, selon Dauzat et autres, du prénom
Etienne (Stephanus).
N.D.L.R. On trouve un Paul THéVENIN sieur DES GLéREAUX
qui, chez M° Cherbonnier, notaire rochelais, le 9 janvier
1665, engage un couple pour son habitation du Cul de Sac
de la Guadeloupe. Mais il n'est pas recensé en Guadeloupe
en 1664 ni en 1671. (Debien : "Les engagés pour les Antil-
les", Revue d'Histoire des Colonies, 1951, p. 82).
LE ROLE GENERAL DES HABITANTS DE SAINT-CHRISTOPHE : 1690 ?
B. et Ph. Rossignol
Le registre de recensement G1/472 contient de nom-
breux documents très divers sur l'île de Saint-Christophe
qui vont de 1665 à 1701. Nous avons, avec Y. Jouveau du
Breuil, dépouillé entièrement tous les documents nomina-
tifs du registre qui devraient faire plus tard l'objet
d'une saisie informatique en vue d'une publication.
C'est dans ce registre que se trouve le "Rôle de
habitants" reproduit par Dessalles et évoqué par M. Theu-
venin dans l'article sur l'origine de sa famille. Ce rôle
n'étant pas daté nous a intrigués et nous avons tenté de
le dater par recoupement avec les autres documents du
registre et en particulier la comparaison avec les capi-
taines de compagnie des autres recensements, tant numéri-
ques que nominatifs.
Or, contrairement à ce que dit Dessalles dans son
introduction, il ne s'agit pas des "noms de nos premiers
colons des Antilles". Rappelons que Saint-Christophe fut
officiellement colonisée, en 1625, la Martinique et la
Guadeloupe en 1635. Ce rôle nous semble pouvoir être daté
de 1690, soit plus de 60 ans après le début de la présence
française, soit encore plus de deux générations!
Il serait fastidieux de reproduire ici le tableau de
comparaison des compagnies que nous avons établi. Si,
comme nous l'espérons, nous parvenons à publier l'ensemble
du dépouillement effectué, nous y ajouterons ce tableau.
Nous nous contenterons de dire, pour ceux qui ont le livre
de M. Dessalles, que, sur les 13 capitaines de compagnies
cités, nous retrouvons les 11 premiers en 1682, et les 12
premiers en 1686 (recensements numériques). Si ce dernier
mentionne 7 capitaines de compagnie de plus que dans le
"Rôle" (ce qui fait un total de 19 "petites" compagnies),
on retrouve 6 d'entre eux parmi les "hommes armés" d'au-
tres compagnies du "Rôle".
Enfin le nombre d'hommes, armés ou non armés, est
plus important dans le "Rôle" (1090) que dans le recense-
ment numérique de 1686 (798) : presque 300 de plus.
Or le recensement de 1682 mentionne aussi le nombre
d'hommes des compagnies de Saint-Martin (190) et Saint-
Barthélemy (70). En 1689, la pression anglaise sur les
"petites îles" se faisant de plus en plus forte, BLéNAC et
DUMAITZ proposent de transporter à Saint-Christophe leurs
habitants, ce qui renforcerait la défense de cette île
(C8/A/5, F° 280). C'est chose faite en mai 1690 pour
Saint-Martin (C8/A/6, F° 38). Bien qu'il ne soit pas
question des habitants de St Barthélemy dans la
correspondance des gouverneurs, il semble qu'une partie,
au moins, ait été aussi déplacée. M. Deveau dans son
article sur "le peuplement de St Barthélemy" dans le
bulletin 17-18 de la Sté d'Histoire de la Guadeloupe
mentionne page 59 le rôle non daté et le situe en 1660 à
cause de la présence de M. de Poincy (Il doit s'agir en
fait du neveu ou même du petit-neveu du commandeur) et il
relève les noms de deux habitants de St Barthélemy. Nous
supposons donc que le gonflement des hommes entre 1686 et
le "Rôle" vient de là et que ce "Rôle" a été établi avec
précision afin de faire le point sur le nombre d'hommes
disponibles pour résister à une attaque anglaise plus que
prévisible. Mais en août 1690, les anglais prennent Saint-
Christophe!
A notre avis, donc, le "Rôle" aurait été établi entre
mai et août 1690. Nous serions heureux d'avoir l'avis de
spécialistes sur ce point.
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Révision 26/08/2003