G.H.C. Bulletin 7 : Juillet-Août 1989 Page 55
La famille POIRIé (Saintonge, Guadeloupe)
Y. Jouveau du Breuil
Cette famille s'illustra particulièrement en Jean
Pierre Aurèle POIRIé dit POIRIé SAINT AURèLE, poète
guadeloupéen. Il naquit à Saint Jean d'Antigue le 22
décembre 1795, suivant la déclaration faite à Sainte Rose
le 24 avril 1806. Ses parents s'étaient réfugiés dans
cette île anglaise lors des événements révolutionnaires de
la Guadeloupe; ils revinrent s'établir à Sainte Rose après
1802.
Saint Aurèle, âgé de 10 ans, fut envoyé, avec
Alphonse, son frère aîné de 3 ans, au collège de Juilly à
Dammartin en Goële. Ils y entrèrent le 20 août 1806. En
classe de seconde, Jean Pierre fut remarqué pour son
talent, par son professeur le P. Huré, qui le présenta à
M.Fontanes, Grand Maître de l'Université. Il quitta le
collège le 22 août 1814, après y avoir fait sa classe de
philosophie.
Le 29 mai 1819, il embarque au Havre sur le vaisseau
"L'Aimable Eulalie" en partance pour la Guadeloupe. De
retour dans son île natale, il fréquente un cercle d'amis
appelé "L'Athénée" se réunissant à Basse Terre chez
Marcellin Mercier, son parent.
L'année 1826 voit publié à Paris son premier recueil
de poésies "Les Veillées Françaises"; l'année suivante,
paraît chez Dupont "Le Flibustier" poème en trois chants,
qui restera la plus célèbre de ses oeuvres.
En avril 1830, il quitte la Guadeloupe pour la métro-
pole et écrit "Adieux à la Guadeloupe" qui sera publié
dans la Gazette officielle de la Guadeloupe du 15 avril;
ces vers forment l'épilogue du poème "Mussambé" qui termi-
nera le recueil "Cyprés et Palmistes" publié à Paris chez
Gosselin en 1833. De ce recueil sera également tiré le
poème "Les Antilles".
Il publiera dans toute la presse, en 1836, un long
poème adressé à M. LE PELLETIER DUCLARY intitulé "La
Parole de Jéhovah" dans lequel il critique le mouvement
anti-esclavagiste.
Le 14 mars 1837, paraîtra dans le Courrier de la
Guadeloupe un poème adressé "A Madame Julia Duvivier".
Dans son dernier recueil, "Veillées du Tropique",
publié en 1850 à Paris, figure l'une de ses plus célébres
poésies: "L'Hivernage" et son "Adieux à la poésie" qui le
termine.
A côté de ses talents de poète, Poirié Saint Aurèle,
qui était, ne l'oublions pas, habitant sucrier à Sainte
Rose, occupa une place importante dans la vie publique. Au
sein de sa commune, il fut membre du bureau de bienfai-
sance, Conseiller municipal, Adjoint au Maire en 1847, et
également au sein du gouvernement de l'île en remplissant
la charge de Conseiller Colonial.
Il publiera plusieurs mémoires politiques et économi-
ques: "Droit des Colonies françaises à une représentation
réelle", "De la nécessité d'une diminution sur la taxe des
sucres des Colonies françaises" (Paris, Guirandet, 1832),
"Loi transitoire sur les sucres. De quelques considéra-
tions sur le commerce, l'industrie et les Colonies de la
France et sur le bill d'affranchissement des Colonies
anglaises" (Paris, Guirandet, 1833).
Il fut reçu dans l'Ordre de la Légion d'Honneur en
tant que chevalier le 21 octobre 1847; et s'éteignit à
l'âge de 60 ans, sur son habitation, le 22 février 1855.
Eléments de Généalogie
La famille POIRIé est originaire du Saintonge où nous
retrouvons au cours du XVII°siècle:
I Jacques POIRIé ou POIRIER époux de Suzanne PYNAUT, dont
il eut au moins:
II Jacques POIRIé
Il fut navigateur et négociant, pratiquant le commerce
entre la métropole et les îles du vent, tout d'abord
à Saint Pierre le Mouillage où il est dit domicilié
lors de son mariage. Après celui-ci, il s'installera à
Basse Terre dans la paroisse du Mont Carmel, et conti-
nuera ses activités commerciales.
o ca 1685 Royan en Saintonge.
+ Basse Terre, Mont Carmel 19 novembre 1742, (+) dans
l'église du côté de la mer, sous son banc, 57 ans.
x Vieux Fort l'Olive 4 février 1721 Catherine RENOUX
LATOUR, fille de Jacques, Lieutenant de milice, et de
Esther ELEIN.
o Vieux Fort l'Olive, b Mont Carmel 10 mai 1697;
p:Gabriel Elin, m:Catherine Coclet.
+ Basse Terre Mont Carmel 12 janvier 1752, (+) dans
l'église sous son banc du côté de la mer.
De cette alliance naquirent quatre enfants:
1 Jacques, qui suit en III
2 Jean Baptiste
o 25 août b Mont Carmel 2 septembre 1723; p:Jean
Baptiste Amiel, oncle; m:Alette Hélène Elin.
+ Mont Carmel 20 septembre 1724, (+) cimetière
3 Marie Anne
o 28 mai b Mont Carmel 5 juin 1726; p:Antoine
Mercier, son oncle, m:Marie Chevalier
x Sieur DERVAL ou DUVAL, ! Mont Carmel 1758
4 Marie Thérèse
o 15 b Mont Carmel 27 août 1728; p:Sieur Antoine
Pignon Toulon, m:Marie Thérèse Renoux Latour
x Mont Carmel 26 novembre 1754 Jean PINSON, habitant
o paroisse Notre Dame; fils de Jean, Conseiller au
Conseil Supérieur de la Martinique, Juge Royal
civil et criminel, sub-délégué de M. l'Intendant
en l'île de Marie Galante et de Dame Catherine
PERREAULT.
III Jacques POIRIé
Il ne suivra pas les traces de son père dans le
négoce, préférant les études de droit qui lui permet-
tront d'être avocat au Parlement de Bordeaux dès 1755,
puis auprès du Conseil Supérieur de la Guadeloupe.
Son alliance, qui le fit entrer dans le milieu des
grands habitants sucriers et des officiers de la
milice de Bouillante, fut la raison de son implanta-
tion dans ce quartier où il fut Capitaine de la compa-
gnie d'artillerie par commission provisoire de M.de
Nolivos le 1er août 1765, confirmé par la Cour le 10
décembre 1765 ; puis Capitaine Commandant de ce
quartier comme l'avait été son beau-frère ITHIER-
LAVERGNEAU.
o 19 b Mont Carmel 28 mars 1722; p:Pierre Fidelin;
m:Esther Elin
+ Bouillante 2 février 1777, (+) dans l'église, 56 ans
x Bouillante 22 juillet 1755 Marie Elisabeth LARUE
o Ilet à Goyave + 1763/77
fille de feu Pierre, et de Elisabeth LESUEUR,
épouse en seconde noce de Léonard Joseph ITHIER,
Capitaine Commandant de Bouillante.
Il eut 3 fils et 3 filles dont une seule se maria et
resta à Bouillante; l'aîné de ses fils resta à Bouil-
lante, les deux autres s'installèrent à Sainte Rose.
Pendant les troubles révolutionnaires ils émigrèrent
avec leurs familles avant l'an IV.
1 Jacques Pierre, qui suit en IV
2 Marie Elisabeth
o 9 b Mont Carmel 13 juillet 1758; p:Pierre Léonard
Ithier, m:Marie Anne Poirié x sieur Derval
+ Bouillante 25 novembre 1789, (+) 26, agée de 32 ans
Cm 2 4 1777 Me Chuche (sous la tutelle de Gabriel
LE SUEUR, officier de milice)
x Bouillante 2 avril 1777 Guillaume Daniel BERTRAND,
fils de feu Louis Guillaume, aide major de milice,
et de Jeanne Marie Catherine Nicole VANEYBERGUE-
ROULLE.
o Vieux Habitants 7 juillet 1745
Il entra dans la milice comme lieutenant des
dragons suivant la commission provisoire de
M.d'Arbaud du 16 juin 1777, il fut Capitaine des
dragons par commission provisoire de M.de La
Saulais le 16 avril 1784. " Cet officier a été
préféré au sieur Beaugendre, capitaine en second,
vu le zèle avec lequel il a servi la guerre
dernière, et sa générosité à recevoir les géné-
raux dans leurs tournées; de plus le sieur Beau-
gendre a préféré l'intérêt de ses affaires plutôt
que d'entrer au bataillon des volontaires libres
à sa création."
d'où postérité.
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Révision 15/05/2003