G.H.C. Bulletin 7 : Juillet-Août 1989 Page 53
Les "lettres de famille CHAUVITEAU"
avec le jeune ménage GUENET à Baltimore, plus méridional.
On fait le compte des possessions, il y a le cas d'AZOR,
nègre ayant appartenu à Louis comme esclave; on se le
repasse...
Avril 1803 : Salabert est marié à La Havane, Chalon
part pour la Nouvelle Orléans essayer de faire fortune. La
famille envoie des cadeaux aux jeunes mariés (des che-
mises). En mai 1803 Sophie écrit à son frère Salabert qui
attend un héritier. Sophie souhaite, en ce qui la concer-
ne, une fille et souhaiterait un mariage entre les cou-
sins, mariage qui se réalisera 23 ans plus tard... prémo-
nition.
La guerre ayant de nouveau éclatée, les projets sont
compromis. Chalon revient de la Nouvelle Orléans, vendue
par la France aux Etats-Unis.
Joseph part cependant début 1804 à La Havane faire la
connaissance de sa belle-fille. Il est de retour en juin.
Mais la santé de Chalon donne des inquiétudes et hélas, en
novembre, la famille apprend son décès (fièvre jaune ?).
C'est un coup dur pour la famille.
Cela n'empêche pas les parents de vouloir partir pour
la France qu'ils ne connaissent pas, lassés des Etats-Unis
(New-York est quand même ce qui leur a le plus plu), et
craignent de retourner à la Guadeloupe.
Ils vont partir en juin 1805, laissant à Baltimore le
jeune ménage GUENET, ou Solange est agent de la maison
HERNANDEZ.
A partir de leur retour effectif en France les let-
tres sont rares. Les parents vont s'intaller en 1807 à
Barada, près de Condom, espérant y voir venir un jour
leurs enfants et leurs, vite nombreux, petits-enfants (les
jeunes ménages ont coup sur coup de nombreuses naissan-
ces). Une description de la maison, qui existe encore,
donne envie de s'y installer.
En 1809 débute la guerre d'Espagne (alors que jusqu'à
présent l'Espagne n'avait jamais été en guerre avec la
France). Répercussion à La Havane, "Mort aux français"...
Salabert est obligé de s'enfuir. Il arrive, après des
péripéties, à gagner les Etats-Unis et s'intalle à Bris-
tol, petit port voisin de Providence, où il va continuer à
mener ses affaires avec la Société HERNANDEZ.
Deux lettres inédites de 1810 de Salabert à son père,
montrent que malgré leurs plaintes leur situation finan-
cière n'est pas trop mauvaise. On s'organise. Deux jeunes
neveux POEY (une soeur de Serafina avait épousé un POEY)
vont venir en France pour faire leurs études.
1812 : c'est la paix...tout au moins en ce qui con-
cerne les français ayant été obligés de quitter Cuba.
Ne faisant pas partie des lettres publiées, subsis-
tent, à partir de 1809, de très nombreuses lettres reçues
par Salabert aux U.S.A. de La Havane, d'amis divers des
Etats Unis, consacrées à la fois à ses affaires et à sa
correspondance familiale, en particulier avec les BIOCHE.
Les lettres vont être conservées jusqu'en 1812, date
à laquelle Salabert va pouvoir revenir à Cuba. A ce mo-
ment-là, il décide de faire aussi revenir sa femme et ses
enfants. Cela mettra presque 6 mois... La malheureuse
Serafina attend en vain un bateau, elle écrit des lettres
désespérées à son mari. Enfin le bateau qu'elle prend fait
naufrage aux îles Bahamas (et non aux Bermudes comme il
est indiqué dans le livre). Finalement en fin 1812, ils se
retrouvent réunis, et à partir de là sont conservées (non
publiées) tous les doubles de lettres envoyées par Sala-
bert (lettres professionnelles ou familiales) et ceci
jusqu'à son départ pour la France en 1821, et au delà de
cette date jusqu'à son décès à Paris en 1823.
Dans cet échange de correspondance, Salabert apparaît
comme un homme d'affaires compétent, travailleur, houspil-
lant son beau-frère GUENET à Baltimore qu'il trouve bien
mou, plein de sollicitude pour ses parents, agacé par le
manque d'aptitude aux affaires, selon lui, de sa femme et
de sa soeur. Il ne se gêne pas pour le leur dire.
Il sera aussi plein d'attention pour ses enfants, ses
3 fils aînés en particulier, qu'il sera obligé d'envoyer
très jeunes, l'un après l'autre en pension à New-York,
seul lieu où, d'après lui, on puisse donner une éducation
convenable et américaine qui est la seule valable à ses
yeux.
Revenant aux lettres publiées, en 1812 à nouveau
quelques lettres de France font écho aux annonces des
naissances et grossesses de Serafina et de sa belle-soeur.
Mais les lettres sont rares ou n'arrivent pas. Parfois des
années de silence.
En avril 1814, la fin de BONAPARTE (jamais ils ne
l'appeleront NAPOLéON dans la famille) apporte la joie à
Bordeaux où se sont intallés depuis 1812 les parents
CHAUVITEAU. On peut envisager des retrouvailles après tant
d'années de séparation. BONAPARTE n'est plus qu'un souve-
nir honni. Vive le Roi!
On commence par s'envoyer des cadeaux; mais les pa-
rents ont vieilli. Ils ont près de 70 ans.
Mars 1815... Les Cent-Jours... BONAPARTE est de re-
tour. Catastrophe! Joseph veut du coup quitter la France
et s'exiler à nouveau aux Etats-Unis, ruiné dit-il. Il
s'associe à une proclamation de français restés fidèles à
la royauté et verse même 1.000 frs à une collecte en
faveur du Roi.
Finalement les affaires s'arrangent. La guerre entre
les Etats-Unis et l'Angleterre s'arrête en août 1815,
c'est le retour de LOUIS XVIII. Mais les parents n'en
profiteront pas longtemps. C'est d'abord, en 1815, le
décès de Mme GUENET (soeur de Mme CHAUVITEAU) restée aux
Etats-Unis avec sa belle-fille.
En juillet 1816 Mme CHAUVITEAU annonce le décès de
son mari à sa fille et à son fils. Mais hélas, Solange
GUENET lui-même va succomber lors d'un voyage de retour de
la Guadeloupe aux Etats-Unis.
Sa femme se trouve seule avec 5 jeunes enfants. Elle
se décide à venir rejoindre sa mère veuve à Bordeaux. Mais
en juin 1817, au moment où Mme GUENET avec ses enfants
arrive à Bordeaux mais est retenue à bord du navire par la
quarantaine Mme CHAUVITEAU décède à son tour.
De son côté le fils aîné de Salabert, Jean, John ou
Juanito comme on l'appelle selon les moments, âgé de 14
ans, en pension à New-York avec ses deux autres frères
Louis et Ferdinand, arrive lui aussi en France où il
aurait dû retrouver sa grand-mère. Il va aller retrouver
sa tante GUENET à Bordeaux.
Là s'arrètent les lettres en partie publiées.
Les lettres suivantes, non publiées, nous montrent
que Salabert se comporte toujours en chef de famille vis à
vis de ses enfants, de sa soeur, dont il se désole qu'elle
ne suive pas mieux ses conseils, de ses cousins BIOCHE et
VALLéE.
Il va avoir encore 3 filles ce qui porte à 11 le
nombre de ses enfants. Ses affaires marchent bien. Il va
recevoir à La Havane son neveu et filleul BIOCHE surnommé
DESHAUTS, pour rendre service à son parrain et oncle Jean-
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Révision 15/05/2003