G.H.C. Bulletin 7 : Juillet-Août 1989 Page 49

Un marseillais aux Antilles : Jean André de PEYSSONNEL
H. Voillaume

     La diversité des origines des antillais est  considé-
rable. Une île de dimensions modestes comme la  Guadeloupe
a accueilli, a fixé  sur  son  sol,  un  nombre  important
d'immigrants venus de toutes les régions de France.  A  ce
nombre se sont joints des hommes venus d'îles  proches  et
d'îles lointaines, d'autres étaient de nationalités diver- 
ses, venus d'Europe, d'Afrique, d'Amérique et même d'Asie.
     La plupart des arrivants désireux de se fixer épousè- 
rent des créoles. Les enfants  nés  dans  l'île,  de  mère
créole, s'adaptèrent, s'assimilèrent à la vie des îles.
     Les ports français  ont  fourni  un  gros  contingent
d'"habitants" et la ville de Marseille est du nombre.

     Monsieur G. REYNAUD a situé la famille PEYSSONNEL  et
ses domaines à Marseille; il a insisté à juste  titre  sur
les mérites de cette famille, injustement oubliée.
     Les  lecteurs  qui souhaitent mieux c onnaître  cette 
famille, son oeuvre scientifique, ses relations  avec  les 
Sociétés Savantes de son temps, peuvent se procurer  l'ar-  
ticle  de Monsieur Georges REYNAUD,  publié par  la  revue 
"Marseille"  n° 152, de novembre 1988. 
(8 avenue de la Corse 13007 MARSEILLE; 25 francs).
 La branche de Jean André de  PEYSSONNEL qui se fixa à  la 
Guadeloupe a été étudiée dans l'article de M. REYNAUD.
 Nous avons rajoutés quelques compléments.
     Une gravure conservée  à  la  Bibliothèque  Nationale
représente Jean André, vers la fin de sa  vie,  tenant  un
vase contenant du corail, dont il avait  découvert  l'ori-
gine animale. Il réussit, non sans mal, à  convaincre  les
savants de sa génération de la réalité de sa découverte.

                 Jean André de PEYSSONNEL
           son oeuvre, sa vie, ses descendants     
   
     Jean André, médecin botaniste,  écrivit  de  nombreux
ouvrages. Auguste RAMPAL, qui a publié (Bulletin  de  géo-
graphie historique et descriptive n° 2 de 1907;  l'extrait
est dans le dossier PEYSSONNEL Colonies E  335  bis)  "Une
relation inédite du voyage en Barbarie du médecin  natura-
liste marseillais PEYSSONNEL", y donne  quelques  informa-
tions sur sa vie. Il se proposait de publier une  monogra-
phie de la famille PEYSSONNEL qui a fourni à  la  Provence
"quelques citoyens de mérite".  Il  n'a  pas  conduit  son
projet à terme, mais la thèse de Denise BRAHIMI "Voyageurs 
français au XVIII° siècle en Barbarie" (1976) fournit  une
bibliographie exhaustive concernant PEYSSONNEL.  
     Le séjour que Jean André fit en Afrique  du  Nord  en
1724-1725, est présenté et annoté par Lucette VALENSI sous 
le titre "Voyage dans les régences de  Tunis  et  d'Alger"
(éditions La Découverte, Paris 1987). C'est un ensemble de 
14 lettres écrites au cours de ce voyage  et  adressées  à
l'abbé BIGNON.
     
     Jean André représente  la  quatrième   génération  de
médecins figurant dans l'article de M. REYNAUD.
    Il est le  huitième  enfant  de  Charles,  docteur  en
médecine, et d'Anne ISOARD. Né le 10  juin  1694,  il  fut
baptisé le même jour à l'église de  la  paroisse  des  Ac-
coules. Il est l'aîné des fils qui vécurent et se  destina
à la médecine. La maison natale  des  PEYSSONNEL,  50  rue
Caisserie, à Marseille, est toujours habitée (photographie 
présentée dans l'article de M. REYNAUD).

     Grand voyageur, Jean André  visita  les  Antilles  en
1710. Il avait 16 ans. A-t-il  accompagné  ou  rejoint  un
parent? 
     Le Centre Généalogique du Languedoc (21 impasse  Bon-
net 31500 Toulouse) a publié  dans  son  n°  34  un  récit
d'après une lettre du 1° juin  1687  de   P.  JURIEU  dont
voici un passage : "le 12 mars  1687,  un  voilier  quitta
Marseille. Il transportait 35 hommes d'équipage,  23  sol-
dats et 6 passagers volontaires.  Des  déportés  huguenots
qui étaient transportés, 15 moururent pendant  la  traver-
sée. Le 24 mai  1687  le  voilier  heurta  violemment  les
rochers, non loin du Vauclin. Le lieu du naufrage porte le 
nom de Cayes Peyssonnel, du nom du capitaine du navire." 
     Une lettre adressée de la Martinique à  Bordeaux  par
un  négociant,  datée  du  25  juillet  1696,  est  signée
"PEYSSONEL" (lettre trouvée par M. Ffrench dans  la  série
HCA 30 du Public Record Office)     
     Le voyage de Jean André en 1710, son mariage au Mont- 
Carmel de  la  Guadeloupe  en  1727,  pourraient-ils  être
reliés à un ou des parents vivant aux Antilles?

     Après ce voyage aux Antilles, Jean André  alla,  dit-
on, en Egypte, en 1714. Il retourna poursuivre ses  études
de médecine et en 1718 il soutint sa thèse à Aix. Son père 
présidait le jury.   
     En 1720 survint une grave épidémie de peste. Charles, 
le père de Jean André, s'enferma dans l'hôpital et  soigna
les malades. Il décéda le 24 septembre 1720, à l'hôpital.
     Jean André soigna les malades en ville et son dévoue-  
ment fut récompensé par une rente annuelle de 400 livres.
     En 1724-1725, il visita,  comme  nous  l'avons  noté,
Tunis et Alger. 

     En décembre 1726 est proposé un poste de médecin pour 
Cayenne, avec un  traitement  annuel  de  1000  livres.  A
Cayenne, est-il écrit "il y en eut deux (médecins botanis- 
tes) qui ne firent aucun progrès". "Les 3000 livres emplo- 
yées à Cayenne devraient peut-être être mieux utilisées  à
la Guadeloupe (...) Il est décidé d'y adresser (à Cayenne) 
quatre soeurs de la Charité Chrétienne de  Nevers  pour  y
avoir soin de l'hôpital et de l'instruction de la  jeunes-
se. Sur 3000 livres il serait  accordé  2000  livres  pour
leur subsistance et celle des malades  par  an.  Les  1000
livres restantes seraient réservées pour les appointements 
du médecin botaniste. Il ne s'en est présenté  aucun  pour
cette île". Le sieur  PEYSSONNEL  "connu  pour  un  habile
médecin botaniste" demande d'en aller  faire  fonctions  à
l'île de la Guadeloupe où il n'y a point  de  médecin.  Il
obtient ce poste et on lui attribue les 1000 livres primi- 
tivement prévues pour le médecin de Cayenne.
     Monsieur BLONDEL, qui avait été Intendant des Iles du 
Vent et qui venait d'être  nommé  en  1726  intendant  des
galères à Marseille, avait chargé Jean André PEYSSONNEL de 
suivre l'exécution d'une  ordonnance  qu'il  avait  rendue
portant que les chirurgiens seraient examinés,  qu'il  se-
rait fait tous les ans une visite de leurs remèdes et  que
leurs mémoires seraient taxés.  Cette  ordonnance  n'avait
pas d'exécution car les chirurgiens s'y  opposaient.  Jean
André précise que la plupart des chirurgiens qui sont  aux
îles sont "des  garçons  chirurgiens  de  navire  qui  ont
déserté, très ignorants et ayant  chez  eux  de  mauvaises
drogues gastées la plupart du  temps  par  la  chaleur  et
l'intempérie de l'air."  Il  demande  des  ordres  sur  sa
conduite envers les chirurgiens et les frères de la Chari-
té. Il ne sait pas s'il a le droit d'aller  visiter  l'hô-



Page suivante
Retour au sommaire
Retour à la Page d'accueil



Révision 15/05/2003