G.H.C. Bulletin 7 : Juillet-Août 1989 Page 46
La famille de CéRIS au Domaine de La Foye
De la Guadeloupe à la tourmente révolutionnaire
et aux guerres de Vendée
D. Geoffroy, M. Chatry, M. Daniaud, C. Florentin,
B. et Ph. Rossignol
Avertissement : cet article est le résultat de la confron-
tation de divers travaux, recherches et article: Dominique
Geoffroy a rédigé l'introduction sur les Céris à Couture
d'Argenson, avec l'aide précieuse de son cousin Marcel
Daniaud qui met la dernière main à une "chronique du temps
passé de Couture d'Argenson et de ses environs". C'est lui
qui a été en relation épistolaire et amicale avec Michel
Chatry qui est l'auteur de l'article de la revue du Souve-
nir Vendéen "Qui était le chevalier de CERIZAY ?", résumé
par Bernadette Rossignol qui a fait par ailleurs les
recherches dans le notariat guadeloupéen. Claude Florentin
a effectué la recherche généalogique dans les registres de
Trois Rivières. Le tout s'étale sur plusieurs années d'une
correspondance croisée où l'histoire d'une famille a
permis de tisser des liens plus qu'amicaux entre tous les
chercheurs.
Laissons d'abord la parole à Dominique Geoffroy.
C'est par une cause tout à fait fortuite - l'achat en
décembre 1988 du domaine de La Foye à Couture d'Argenson
dans le canton de Chef-Boutonne, Deux-Sèvres - que nous
avons pu nous pencher sur les différents propriétaires et
particulièrement sur un certain Jean-Alexandre de CéRIS,
né le 24 septembre 1743 à Fief Richard en Poitou et décédé
avant 1792.
Les Céris furent propriétaires de "La Foye" entre
1782 et 1840. Ils ont vécu dans un cadre boisé et isolé,
dominant le village de Couture d'Argenson (plus de 500
habitants en 1782 et jusqu'à 810 habitants en 1863). Le
carrefour qu'est "La Foye" entre trois départements
(Charente, Charente-Maritime, Deux-Sèvres) d'où étaient
issus les ancêtres de Jean Alexandre de CéRIS, n'a certai-
nement fait qu'influencer le choix puis l'achat du domaine
de 140 hectares en 1782 et 200 lors de sa revente en 1840.
Ce domaine fut une retraite toute choisie et privilégiée
pendant la Révolution.
Très près du château, dans une garenne, il existe un
souterrain mis à jour par hasard en 1868 par une meute de
chiens chassant un renard. Creusé dans le roc, il a plu-
sieurs chambres communiquant par d'étroits boyaux... que
nous sommes en train de nettoyer de leurs éboulis car,
d'après mes enfants qui seuls peuvent y passer, il y
aurait des inscriptions, des noms et des dates. Seuls des
charbons de bois, des restes d'animaux, prouvent que ces
souterrains ont été occupés et ont servi de refuge. Nous
en sauront davantage plus tard.
Le 27 août 1782, Jean Alexandre de CéRIS, capitaine
d'infanterie, qui avait épousé le 1° mai 1770 à la Grande-
Anse pendant une garnison à la Guadeloupe Marie Désirée
LAURIOL et qui eut cinq enfants à la Guadeloupe, achète
"La Foye" et s'y installe. Deux autres enfants naîtront à
"La Foye" ou à Poitiers.
Nous savons que Jean Alexandre de CéRIS était mort en
1792 et que sa veuve dût faire face à de nombreux pro-
blèmes financiers (procès avec les métayers, etc.) et à
l'établissement de ses sept enfants. Nous allons nous
intéresser au destin de trois d'entre eux.
Pierre Alexandre César Désiré (né en Guadeloupe en
1771; décédé à Poitiers en 1850) qui succéda à son père au
domaine de La Foye, fut reçu sous-lieutenant le 4 avril
1787, émigra en janvier 1792 en laissant sa mère et ses
soeurs sur le domaine, ce qui évita la confiscation de ses
biens, fit la campagne de 1792 à l'armée des Princes dans
la coalition des gentilshommes du Poitou, celles de 1793 à
1795 dans la légion de Béon-Hussard et de 1796 à 1801 dans
la cavalerie noble de l'armée de Condé. Il fut capitaine
de cavalerie en 1799 et chevalier de Saint-Louis en 1815.
Il ne participa pas aux Guerres de Vendée.
Il épousa Charlotte Dorothée de LA BROUE de VAREILLES
d'HULST dont il n'eut aucun enfant. Il fut maire de
Couture d'Argenson.
Par testament olographe, il partagea son domaine et
ses biens entre ses deux soeurs nées l'une à "La Foye",
l'autre vraisemblement à Poitiers, fief d'autres parents
CéRIS.
On ne comprend pas l'oubli dans ce partage de ses
deux autres frères qui, eux, avaient des descendants por-
tant le nom de CéRIS.
Joseph Marie (né en Guadeloupe en 1775, décédé en
1854), le troisième frère, capitaine de cavalerie, servit
en Vendée de 1799 à 1800. Il avait épousé en 1798 Marie
Thérèse Eulalie de SAVATTE de GENOUILLé dont il eut trois
enfants dont deux garçons, Marie Joseph Charles et Louis
Benjamin.
Il fut maire de Civaux dans la Vienne.
Le deuxième eut le destin le plus rocambolesque et le
plus aventureux. La forte personnalité de Louis Charles
Thomas commença dès sa naissance. On dût craindre pour sa
vie puisqu'il fut "ondoyé à l'église Saint-François de
Basse-Terre par le R. P. Félicien, capucin". Né le 17
avril 1772 il fut baptisé le 12 avril 1773.
Dès l'âge de 16 ans, le 1° juin 1788, il entre au
service "en qualité de sous-lieutenant à la suite dans le
régiment de Champagne". En 1790 il quitte son corps et
émigre. Le 1° janvier 1791, il est dans la compagnie
poitevine du vicomte de LA CHâTRE, jusqu'au 31 décembre
1792, faisant campagne "avec honneur et distinction".
(Ce qui suit est le condensé de l'article de M.
Chatry, publié en octobre 1985 dans la Revue du "Souvenir
vendéen", d'où sont tirés les renseignements de carrière
ci-dessus)
Revenant d'émigration, CéRIS rentre chez lui, à "La
Foye" mais il est arrêté le jour même, 4 septembre 1793,
comme émigré susceptible de se rendre dans la Vendée. Pour
ne pas être pris vivant, il se tire un coup de pistolet
qui lui brise l'oreille interne; conduit à la prison de
Niort, condamné à mort, il sévade et on le retrouve le 26
octobre "chef des partisans" chez RICHARD.
En 1794 il passe dans la Division de Cerizay où il se
distingue dans plusieurs affaires. Le 12 juin il est nommé
par SAPINAUD général en second de la Division, forte alors
de 7000 hommes.(de cette époque date un billet de
convocation dont on n'a que la copie signée par erreur par
le copiste "chevalier de Cerizay" au lieu de "chevalier de
Céris"). Le 2 juillet 1795 il est breveté commandant en
chef de la Division mais il est déjà de nouveau en prison,
arrêté sous un faux prétexte, emprisonné à Niort. Condamné
à mort il se serait échappé le jour de l'exécution avec
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