G.H.C. Bulletin 3 : Mars 1989 Page 18
NOTES SUR MONSIEUR de PRéFONTAINES
Dr. Yves Hervé
Suite à l'article intitulé : "Guadeloupéens à Kourou au
XVIIIe siècle" de B. et Ph. Rossignol, il nous a paru
intéressant d'apporter quelques précisions sur ce person-
nage, Jean Antoine BRULETOUT de PRéFONTAINES qui fut,
après bien d'autres avatars, impliqué dans cette affaire
de "bavure" sur l'habitation MERCIER.
Né à Paris d'Antoine BRULETOUT, bourgeois de cette
ville, et de Marie RUëL de PRéFONTAINES, il arriva en
Guyane vers 1740 et obtint un poste d'officier dans la
milice coloniale. Il est curieux de noter que le 2 juin
1726 on relève à Cayenne le baptême de Michel Pierre, fils
de Michel Laurent dit "BRULETOUT", chaudronnier, et d'Eli-
sabeth LE FEBURE; parrain Pierre Bouteiller, chirurgien du
Roy; marraine Françoise Courant.
Existe-t-il un lien entre ces deux BRULETOUT ? Cela
n'est pas impossible. Toujours est-il que le lieutenant de
PRéFONTAINES déploya très vite une importante activité,
paraissant assez bien vu des autorités locales.
Il se signale en 1748 dans une expédition contre les
nègres marrons, réussissant à décapiter une des princi-
pales bandes qui opérait du côté de Tonnégrande et de la
montagne Plomb, répandant la terreur sur les habitations
de Macouria.
En 1751, il est envoyé en mission en métropole pour
réclamer des secours dont la colonie a le plus urgent
besoin du fait de l'état de guerre chronique avec l'Angle-
terre et la Hollande et de la pénurie en vivres, renforts
et munitions qui en résulte.
Le 8 juillet 1752 il est proposé comme Aide-Major pour
le poste d'Oyapoc, sous les ordres de M. BRISSON de
BEAULIEU.
Le 14 novembre 1752, veuf de Jeanne BOUDET, il se rema-
rie avec Rose DUFOUR, elle même deux fois veuve : de
François ANDRé, conseiller, et de Jean-Pierre MOREAU.
En 1754 les affaires se gâtent pour lui. Ayant fait
preuve d'insubordination vis à vis de SAINT MICHEL DUNEZAT
lieutenant de Roi, il est mis aux arrêts sur son habi-
tation par ordre du Gouverneur Général des Isles du Vent,
après, semble-t-il, avoir eu des démêlés avec ce dernier
lors d'un passage en Martinique. Il devait rester aux
arrêts pendant plus de trois ans en dépit de ses protes-
tations auprès du ministre (ROUILLé comte de JOUY) et
malgré les témoignages en sa faveur d'habitants tels le
Sieur Jacques DORNO d'Oyapock. Il fut même question de le
dégrader !
Contraint à des loisirs forcés sur son habitation de
Kourou, il se consacre alors à l'agriculture et à la
littérature, rédigeant une "Habitation Rustique", descrip-
tion enthousiaste de la vie en Guyane, qu'il vient faire
publier en France en 1762 et dans laquelle il préconise la
mise en valeur de la région de Kourou par l'installation,
avec un plan de colonisation progressive, de cinquante
familles blanches. Pour son malheur, il rencontre, lors
d'une réunion chez JUSSIEU, Messieurs TURGOT (frère du
ministre) et CHANVALLON. On sait que ceux-ci, avec de
BEHAGUE et MORISS, seront à l'origine de la désastreuse
expédition de Kourou qui vit, sur 16.000 personnes dépla-
cées, les deux tiers périr de misère et de maladie du fait
de la folle ambition de Turgot et de l'incurie de ses
délégués en Guyane : de BEHAGUE et MORISS.
Avec CHANVALLON, PRéFONTAINES qui n'était coupable que
d'avoir présenté le pays sous un jour un peu trop idylli-
que mais s'était dépensé sans compter pour préparer l'ac-
cueil du petit contingent qu'on lui avait annoncé, sera
accusé d'incompétence et portera comme on dit "le cha-
peau", y perdant sa fortune.
Il paraît donc normal qu'en 1775 à l'occasion de
l'affaire MERCIER, après semble-t-il avoir rétabli sa
situation, il ait cherché cette fois à dégager sa respon-
sabilité. Il avait déjà donné !
Sources :
A.N. Colonies C14 20 fo 317; C14 21 fo 189; C14 22 fo 5;
C14 23 fo 8, 21, 25, 210, 211, 214; C14 24 fo 44, 53.
BMS Cayenne : 1726, 1752
Dr. A. Henry : "La Guyane, son histoire, 1604-1946"
(Guyane presse diffusion)
Organisé tous les deux ans par une association régio-
nale, sous l'égide de la Fédération Française de Généa-
logie, d'Héraldique et de Sigillographie qui regroupe la
plus grande partie des associations de généalogistes ama-
teurs, le Congrès est une occasion de se retrouver, de
prendre de multiples contacts dans toute la France et à
l'étranger et d'apprendre ce qui se fait ailleurs.
Nous savons déjà que le congrès suivant aura lieu en
1991 à Bordeaux.
Inscriptions et renseignements :
Par minitel 36 15 - code GENEA62
Par courrier : CNG-10, maison des Sociétés,
16 rue Aristide Briand, 62000 Arras
Prix : 300 frs jusqu'au 31 mars; 350 frs après.
Hors hébergement et repas
Programme des communications (sous réserve)
Vendredi 5 et Samedi 6 de 9h. à 18 h.
Histoire sociale; Démographie historique; Génétique;Héral-
dique; Base nationale de données; Recherches à l'étranger
(Belgique, Pologne, Italie, Angleterre); Recherches nota-
riales et Paléographie; Traditions locales; Psychologie et
Généalogie; Archives Nationales; Archives du Nord-Pas de
Calais; Archives minières; Généalogie juive; Les protes-
tants; Sauvegarde photographique; Influence de la Révolu-
tion aux Antilles; Microfilmage; Patrimoine; Onomastique;
Langue picarde...
ADRESSE UTILE
Bibliothèque généalogique, 3 rue de Turbigo, 75001 Paris
téléphone : 42 33 58 21
Page suivante
Lire un autre numéro
Révision 29/07/2003