G.H.C. Bulletin 2 : Fevrier 1989 Page 9
LA FAMILLE VENDRYES DANS LES ANTILLES
4. Troisième tentative
En France, notre avocat perd sa première femme
et se remarie à Lesparre avec Catherine COURAULE en 1762.
Sur ses onze enfants, deux vont nous intéresser
tout particulièrement: Jean-Pierre Firmin, né en 1764 à
Lesparre, et Barthélemy, baptisé à Bordeaux en 1776.
Jean-Pierre Firmin fit une carrière de receveur
des domaines et épousa en 1798 Marie-Rose LAMARQUE - on
trouve sur leur contrat de mariage les signatures de
BARRAS et de deux autres membres du Directoire (8).
Mais intéressons-nous à Barthélemy, que nous
trouvons vers 1794 seul à Lesparre, son père étant allé
soigner une santé déficiente près de Montpellier. Il part
à pied s'engager dans la marine à Rochefort. Deuxième
lieutenant sur le corsaire l'Incroyable, il est fait pri-
sonnier par les Anglais et passe trois ans sur un ponton à
Portchester. Libéré au début de 1799 (9), il retrouve son
frère à Paris.
Celui-ci part à la Guadeloupe pour y devenir
administrateur des Domaines (10); Barthélemy le suit. Ils
passent sur la Vengeance en décembre 1799 (11). A son bord
se trouvent les agents du Directoire, plus DELGRES et
Magloire PELAGE.
Hélas, à peine arrivé, s n frère meurt (Anse-
Bertrand, 27 mai 1800). Le voilà tout seul. Il est rece-
veur de la douane à Basse-Terre d'août 1800 à mai 1802
(10). Dans un rapport de février 1803, il est cité comme
"n'ayant pris aucune part aux événements du 29 vendémiaire
(12). Ensuite, nous savons seulement que "la fortune a
soufflé dans ses voiles": les documents d'archives se
contredisent, mais il a sans doute été partie prenante
dans l'adjudication de la ferme des douanes en 1804 (13).
On le retrouve riche à Paris en 1808.
Il épouse à la Madeleine, en novembre 1808,
Adélaide Victoire HOLTZ, fille d'un sous-préfet de l'Em-
pire à Délémont, belle-soeur du baron FAUCHET, lui-même
préfet de la Gironde puis de l'Arno. FOUCHE, CAMBACERES,
la première dame d'honneur de l'Impératrice signent leur
contrat de mariage en compagnie de nombreuses personna-
lités de l'administration et des affaires, dont le négo-
ciant de la Guadeloupe Alexandre COUGOUILHE (14).
Heure de gloire vite oubliée: Barthélemy perd
toute sa fortune à la suite de la guerre d'Espagne. Il est
obligé de prendre une place dans l'administration des
droits réunis, d'où il est renvoyé en 1815: ses liens
familiaux avec le maréchal CLAUZEL et le préfet FAUCHET
étaient pour l'heure plutôt mal vus.
Il se remet dans les affaires, monte un commerce
d'armes avec la Colombie (il coule avec sa cargaison au
large de Ténérife) (15), puis un emprunt pour l'empereur
du Mexique Iturbide (il est repoussé par des vents con-
traires et se réfugie chez son frère à la Jamaïque); il
participe ensuite à la fondation de la Société du Brésil,
entreprise destinée comme son nom l'indique à effectuer au
Brésil des opérations de défrichement et de fabrication de
machines et autres objets (dont le directeur sur place
meurt aussitôt après son arrivée en Amérique du Sud, d'où
moulte procès...) (16); il se lance enfin dans le recouv-
rement de l'indemnité de Saint-Domingue. Mandataire de
plus de 2000 colons, il déposera en mai 1838 une pétition
à la Chambre des Pairs et écrira un ouvrage sur le sujet
(17). Ces opérations le ruineront et il finira sa vie à
Neuilly en 1848.
Son fils aîné, Firmin, sera condisciple d'Evariste
GALLOIS à Louis-le-Grand (18). Quelques années après sa
sortie de l'Ecole Normale, on trouve une note le décrivant
comme "très bon professeur, mais en proie à la nostalgie
dès qu'il quitte Paris, sa ville natale": la famille ne
voyagera plus...(19)
5. Quatrième tentative
Le fils d'un autre frère de Barthélem , Pierre-
Charles, passa à la Guadeloupe en 1830 (20). Signalé comme
instituteur à cette date, il mourut à Pointe-à-Pitre en
1852. Rien de très intéressant à signaler sur son cas. Il
fut la dernière en date des tentatives familiales pour
prendre pied dans les Antilles...
NOTES
(1) Archives de l'Aveyron : III E 6124 folio 349.
(2) Archives municipales de Bordeaux : Ms 641.
"Jean Vandrier, greffier des affirmations, difforme, épou-
sa la soeur de Poncet, mourut le mardi 28 juillet 1722".
(3) En dehors de l'état-civil et des documents cités, les
détails de la vie de Barthélemy viennent d'une lettre à
son fils en 1836.
(4) Bouteron et Bertault "Balzac et la Touraine" p. 49.
(5) Bull. Sté historique Calaisis; janvier-fevrier 1926.
(6) Daily Telegraph 21 11 1917 : "Death of a honoured son
of Jamaica".
(7) Bibliothèque Nationale : V 13120.
(8) C.A.R.A.N. Etude IX - 852 : Me Silly.
(9) C.A.R.A.N. Marine FF2 36.
(10) C.A.R.A.N. Colonies C7A 52.
(11) C.A.R.A.N. Colonies F5B 56.
(12) C.A.R.A.N. Colonies C7A 60.
(13) C.A.R.A.N. Colonies C7A 64.
(14) C.A.R.A.N. Etude XCVI - 633 : Me Fleury.
(15) B. N. : Mémoires de Charles Viator page 9.
(16) B. N. : Vp 875.
(17) B. N. : LK12 683.
(18) Archives personnelles : distribution des prix de
Louis-le-Grand 1826-1827.
(19) C.A.R.A.N. F17 21840.
(20) C.A.R.A.N. Colonies F5B 4.
RECHERCHES EN COURS
Cette rubrique est faite pour permettre à tous de commu-
niquer à la personne qui effectue ces recherches les
renseignements qu'ils possèdent sur ces sujets et non de
l'interroger. Pour cela il faut utiliser les Questions.
M. Jacques d'Arjuzon prépare une thèse sur les ministres
de la Marine, dont Bruix et Malouet : voir Questions.
M. Ph. Guéritault poursuit son travail sur les Kourou-
ziens, notamment les Acadiens (1764-1830), les expéditions
d'Estrées (1676-1677) et Ducasse (1689), et surtout les
origines des colons les plus anciens (1664-1715) pour un
dictionnaire biographique et généalogique (17°-19°).
Page suivante
Retour au sommaire
Lire un autre numéro
Révision 29/07/2003